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Le Blog de jlduret

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Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! Depuis Socrate, le devoir du penseur n’est pas de répéter la doxa du moment mais de la questionner. Sans cette liberté d’exprimer opinions et pensées, point de démocratie.


Fessenheim a expiré, et voilà l’addition

Publié par jlduret sur 4 Septembre 2023, 12:31pm

Catégories : #Energie nucléaire, #Centrale à gaz, #Centrale à charbon, #Fessenheim, #Electricité

Fessenheim a expiré, et voilà l’addition
Fessenheim a expiré, et voilà l’addition

LU ICI

Administrateur

Merci à la grande clairvoyance nos hommes politiques 

La destruction méthodique de notre production électrique

31 août 2023, dernier jour d’existence du CNPE Fessenheim : Centre nucléaire de production d’électricité. Dernier jour après plus de quarante ans d’exploitation. Et pour ce dernier CSE nous allons vous présenter la note.  Aujourd’hui, quarante années s’achèvent par la destruction de cet outil de production, dans une indifférence à peu près générale. Seuls les antinucléaires s’en frottent les mains… 

2020, arrêt des deux réacteurs de Fessenheim, la France perd 1 800 MW d’énergie non carbonée. L’issue d’une décision prise par un gouvernement qui avait besoin des antinucléaires pour arriver au pouvoir, et confirmée par un autre gouvernement qui n’en avait pas besoin…

Ont-ils progressé, vingt ans après la décision de détruire Superphénix, point d’orgue d’une saga politicienne lamentable qui dura plusieurs années ? Avec Superphénix, disparaissaient 1 200 MW.

Fessenheim et Superphénix totalisent donc aujourd’hui 3 000 MW manquants sur le réseau.

Mais ce n’est pas tout, les centrales thermiques aussi ont été arrêtées

En vingt ans vingt six centrales thermiques ont été détruites :

2003 : Le Havre, 125 MW

2004 : Montereau, 750 MW et Loire-sur-Rhône, 250 MW

2005 : Champagne-sur-Oise, 250 MW et Vaires-sur-Marne, 500 MW

2006 : Pélissier, 250 MW

2009 : Martigues, 250 MW

2011 : Martigues, 250 MW

2012 : Le Havre, 250 MW et Martigues, 250 MW

2013 : Gardanne, 250 MW

2014 : Le Havre, 125 MW et Blénod, 500 MW.

2015, sept centrales détruites : Saint-Avold, 468 MW et Hornaing, 250 MW et Lucy, 270 MW et Bouchain, 250 MW, et Le Havre, 330 MW, et La Maxe, 500 MW et Vitry, 500 MW

2016 : Aramon, 1 400 MW

2017 : Cordemais, 700 MW et Porcheville, 2 400 MW

2018 : Cordemais, 700 MW

En revanche cette même année voit la mise en service d’une unité de production sur Gardanne 4 : 150 MW de biomasse pour remplacer les 250 détruits cinq ans plus tôt. 

2020 : N’oublions pas la mise en service de Datteln 4, 1100 MW chez nos amis allemands, les champions internationaux de la transition énergétique du pire charbon qu'est le lignite et qui vient remplacer partiellement les 1 800  MW détruits à Fessenheim.

2021 : Gardanne 5, 595 MW

2021 : Le Havre, 600 MW – Centrale détruite après y avoir investi 160 millions d’euros.

2022 : Saint-Avold, 1 478 MW. Et la bonne blague, c’est de l’avoir redémarrée six mois plus tard à cause de la crise de l’énergie… Certaines blagues, cependant, ne sont pas vraiment drôles. Il est certain qu’on aurait pu se douter qu’à force de détruire des moyens de production, nous allions manquer d’énergie…

Les centrales au charbon et fuel mises à l’arrêt ont été remplacées par des centrales moins polluantes : cycles combinés gaz (et comme il s’agit de “gaz naturel”, ça sonne écolo !), turbines à combustion (on ne dit plus “turbine à gaz”, le mot faisait sale…), et biomasse (dès qu’on met “bio” dans un mot, cela devient la panacée, comme si la biomasse ne produisait pas de gaz à effet de serre…).

Au total 14 698 MW détruits et 5 812 MW moins polluants créés, le compte n’y est pas.

Donc, aujourd’hui, 3 000 MW non carbonés (ex nucléaire) sont absents du réseau pour des raisons politiciennes, et 9 000 MW de thermique à flamme sont absents du réseau. 9 000 MW, détruits au nom de quoi ? De l’écologie, parce que comme chacun sait, le charbon, ça pollue…

Tout le monde sait que le charbon, “ça pollue”…

Mais peu de gens savent de combien ça pollue. En 2003, la production électrique des centrales à charbon représentait 4 % de la production annuelle d’EDF… Ça ne polluait donc pas beaucoup, mais l'énergie était présente lorsqu'on en avait besoin. Si l’ensemble des producteurs fournit 99 % de la demande, le petit 1 % manquant fait s’écrouler l’ensemble du système.

Il n’y a plus de marge, d’où une crise de l’énergie, actuelle .. et pour longtemps.

La bonne question, ce n’est pas de savoir si le charbon pollue… La bonne question, c’est de savoir s’il pollue plus ou s’il pollue moins que ce que l’on va mettre à la place. Or, l’année 2022 est celle du début de la crise de l’énergie (crise qui a commencé avant la guerre Ukraine / Russie). Dès l’annonce de possibles coupures, les grandes surfaces de bricolage ont été dévalisées de leurs groupes électrogènes… 12 000 MW de nucléaire et de charbon détruits, pour brûler quoi à la place ? De l’essence ?

L'énergie de l'avenir ?

Cela fait vingt ans qu’on nous fait croire que le nucléaire est une énergie du passé, qu’il faut faire une “transition” vers les énergies du futur, dites “renouvelables”. Quand on sait qu’une éolienne produit 20 % de son temps… Si mon boulanger était alimenté par une éolienne, il ferait du pain le lundi, mais pas le mardi, pas le mercredi, pas le jeudi ni le vendredi. C’est cela, 20 % du temps. 

Quant au photovoltaïque, n’importe qui peut expliquer que la nuit il n’y a pas de soleil, mais  la nuit qu’on allume les lumières… Il faut savoir que le 10 janvier 2023, l’Assemblée nationale adoptait en première lecture un projet de loi pour monter la puissance installée en éolien à 40 000 MW – pour comparaison, la production nucléaire, c’est 63 000 MW – et en photovoltaïque à 80 000 MW. 

Nos dirigeants est assez immatures pour tuer l'industrie à petit feu 

Comment ne pas avoir honte des gouvernements successifs qui ont tué l’industrie française, vendu notre patrimoine et nos richesses à des intérêts étrangers – rappelons par exemple l' affaire Alstom, vendue à nos “amis” américains.

En 2013 – il y a seulement dix ans –, la France était la 5e puissance économique mondiale, en 2018, elle était la 6e, en 2021, la 7e… et cela ne va pas s’arrêter. En tout cas, ce n’est pas en tuant la filière nucléaire que l’on retrouvera de la richesse…

Et ne soyons pas naïfs sur la prétendue “relance du nucléaire en France”

La politique énergétique d’un pays comme le nôtre se conçoit à 50 ans minimum, 100 ans dans l’idéal ; pas à 5 ans, durée d’une mandature présidentielle, et encore moins 5 mois, durée d’une campagne électorale. Alors une “relance du nucléaire” qui a pour coup d’envoi l’arrêt d’une centrale nucléaire est d’une ironie douteuse…

Comment la direction d’EDF n’a pas su empêcher ce désastre ? Elle s’est battue pourtant, mais s’est-elle battue avec assez de conviction ? Ou bien s’est-elle accommodée de changements soi-disant “inéluctables” ? 

En 1970 en France on n’avait pas de pétrole mais on avait des idées”.

C’est sur cette idée qu’on a construit le plus grand parc nucléaire au monde. Dans les années 1990, on commençait à détruire des moyens de production.

En 2007, la grande idée a été de vendre notre production à prix coûtant à nos concurrents, pour qu’ils puissent nous prendre nos clients… d’où l’apparition d’une multitude de vendeurs d’électricité qui n’ont fait que s’enrichir sans rien produire, sur le dos d’EDF, c’est-à-dire sur le dos des Français. En biologie, on appelle cela des parasites.

Rappelons qu’en 2013, il y a seulement dix ans, les particuliers payaient le kWh d’EDF 12 centimes, aujourd’hui 22. N’est-il pas temps de demander des comptes à tous les puissants qui ont conduit à cette situation ?

Face aux antinucléaires, EDF s’est-elle battue avec assez d’énergie ? Sa direction de la communication a-t-elle été à la hauteur des enjeux ? Quand on sait qu’aujourd’hui, et pour encore plusieurs décennies, seule l’énergie nucléaire aurait une chance de sauver le monde de la surchauffe… et la direction de la communication n’a pas été capable de faire comprendre cela ? Elle s’est bornée à remplacer les gobelets en plastique par des mugs, et à nous faire réaliser la Fresque du climat.

Comment se satisfaire de la politique énergétique actuelle ?

Comment a-t-on pu présenter le plan de sobriété du groupe : “Bien éteindre sa lumière, travailler à deux dans le même bureau pour gagner 10 watts d’éclairage, bien débrancher ses appareils en veille”… On a détruit 1 800 MW, mais on va les compenser en débranchant nos cafetières ? Comment peut-on compter les pulls en laine et installer des thermomètres dans les bureaux sans avoir honte ? NDLR : Monsieur LEMAIRE a été filmé, juste après la promotion du pull à col roulé, disant en entrant dans son bureau (sans pull) "il fait un froid de gueux ici". Vous avez dit hypocrite ?

Bien sûr, tout le monde peut se dire que nous n’avons pas à avoir honte des conséquences d’une fermeture que nous n’avons pas voulue, que nous avons même combattue. C’est vrai, et d’ailleurs il serait faux d’accuser la direction du site de complaisance, parce que cela n’a pas été le cas. Au passage, on peut noter qu’elle a fait des efforts importants en ce qui concerne le plan social – quand c’est bien, il faut le dire. Alors que lui reproche-t-on ?

La direction n’a pas été complaisante quant à la fermeture du site, c’est vrai, mais elle s’en est accommodée. En passant rapidement de l’indignation aux “grands enjeux industriels”, en affichant fièrement à l’entrée du site “Réussir la transition vers le démantèlement en toute sûreté et sécurité” – transition, quel mot bien choisi !

Le 1er septembre 2023, le Centre nucléaire de production d’électricité de Fessenheim perdra définitivement son existence légale, le site passera alors sous le contrôle du service de démantèlement. Fessenheim expire, et voilà l’addition. Qui va la payer ?

NDLR : L'auteur aurait pu ajouter que l'on a diminué la production électrique en France et en même temps (sic) on fait la promotion des voitures électriques et des pompes à chaleur avec force incitations financières. 

​​​​​​​Remerciements renouvelés à nos Politiques qui marchent sur la tête à force d'incompétence et de manque de hauteur de vue.

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