par Benoît Rittaud
NDLR : Définition : L'Anthropocène est une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l'avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques
L’Anthropocène est l’une des marottes favorites des promoteurs du mythe de la fin du monde environnementale invariablement prévue pour demain.
Las ! La commission internationale de stratigraphie (ICS), saisie de la question depuis quelques années, vient de décider que l’Anthropocène n’existait pas. « L’affaire est close », a même annoncé le secrétaire générale de la commission, Philip Gibbard, pour qui « la décision est définitive ».
Avec sa sonorité scientifique nimbée de mystère, l’Anthropocène était censé désigner la nouvelle époque géologique (d’où la majuscule) dans laquelle, entre dérèglement climatique et sixième extinction des espèces, les œuvres destructrices de l’humanité auraient fait entrer la Terre.
Selon les promoteurs du concept, il était évident que la reconnaissance de celui-ci par la géologie allait dans le sens de l’Histoire et n’allait plus tarder. Leur certitude était telle que, ayant vendu la peau de l’ours plusieurs années avant de l’avoir tué, ils dissertaient savamment depuis longtemps pour connaître l’année exacte du début de la chute. Pour les plus ardents théologiens de la déesse Gaïa, se mettre d’accord sur une telle question revêtait une importance comparable à celle de connaître, pour les exégètes bibliques de jadis, la date précise où l’Homme avait été chassé du jardin d’Éden.
"L'Anthropocène" n'est pas un "objet scientifique"
La claque aussi magistrale que bienvenue envoyée par l’ICS constitue un revers d’ampleur stratégique pour le fanatisme écologiste dans sa lutte pour imposer son agenda sous couvert de science. La décision ferme prise par la commission indique de manière irréfutable que l’Anthropocène, un peu trop hâtivement décliné depuis des années dans quantité de colloques et de livres des plus sérieux, ne doit pas être considéré comme un objet scientifique.
Bien sûr, les hauts cris ne vont pas manquer. Déjà, les premières réflexions s’ébauchent pour adapter le concept. Certains songent dès à présent à une nouvelle version qui le rendrait plus « inclusif » (sic).
Le fait est que l’Anthropocène est tout simplement une trop belle synthèse de la peur écologiste postmoderne pour que ses promoteurs puissent se permettre de l’abandonner en rase campagne. Ce n’est tout de même pas tous les jours que l’on met sur pieds un concept qui marie si bien la culpabilité judéo-chrétienne avec l’hubris d’une humanité dont la puissance s’élèverait à l’échelle géologique.
Selon les règles de l’ICS, il faudra quand même attendre au moins dix ans avant qu’une nouvelle proposition ne puisse être faite. Or au vu des autres claques considérables reçues ces derniers mois par l’idéologie écologiste, notamment sur les terrains financiers, économiques, technologiques et politiques, on peut toutefois se laisser aller à espérer qu’il ne se trouvera plus tant de monde en 2034 pour demander à la science de valider l’idée que le paradis originel aurait pris fin en 1950.
Source : https://www.science.org/content/article/anthropocene-dead-long-live-anthropocene