par Philippe Catier.
Combattre la doxa climatique
J’ai souvent essayé de convaincre mes contemporains que ce que racontaient les médias sur le climat était sans fondement. Quand on s’emploie à cet exercice il faut s’attendre à ce que les meilleurs arguments se heurtent à une certaine incompréhension liée à l’incongruité du propos en regard de ce qu’il est convenu d’appeler la pensée dominante.
En un mot on se heurte au scepticisme ! Il est habituel d’affubler du terme infamant de sceptique tous ceux qui prétendent ne pas se laisser pas abuser par la doxa en cours, bien qu’il s’agisse d’une attitude normale, et même honorable, pour un scientifique digne de ce nom.
Or nous découvrons là un scepticisme « à l’envers » vis-à-vis de ceux qui formulent quelques critiques à l’encontre de ce que la crédulité les a convaincus.
Il est difficile de convaincre
On peut leur trouver quelques excuses compte tenu du matraquage médiatique sur la question mais il est bon d’analyser les raisons de leur méfiance : en effet celle-ci repose sur une ambiance délétère ayant pour base les fake news en corrélation avec les réseaux sociaux et la multiplication des « décodeurs » et autres rectificateurs de pensées dissidentes.
Le public entretenu dans cette idée que toute information un peu curieuse, sensationnelle, hors cadre, serait fausse, développe à l’égard des arguments dissidents un réflexe de protection qui verrouille toute écoute sérieuse et le rend immédiatement sceptique. Ce scepticisme du scepticisme tient de la crédulité à l’endroit de tout ce qui est officiel et de la méfiance de ce que la maladie du « fake » peut engendrer en termes d’anesthésie de la critique.
Cette maladie, considérée comme « virale » puisqu’elle se répand dans toutes les sources d’information, invite tout auditeur à refuser ce qu’il entend, tout lecteur ce qu’il lit, pour peu que ce qu’il croit soit contrarié.
Le crédule aveuglé
On se retrouve donc à front renversé tel l’arroseur arrosé, le crédule aveuglé par son scepticisme par peur d’être abusé par ce qu’il appelle un sceptique ! L’information devient un terrain miné où il ne semble plus possible de se faire une opinion. Le premier réflexe reste donc de se mettre en sécurité dans le giron de la pensée dominante.
D’autant que la première objection est celle du consensus, refuge commode de la pensée , ou la non-qualification climatologique de l’interlocuteur (qui connait le climat dans tous ses aspects ?).
Le climato-réaliste serait donc un distributeur de fake news ?
Comment se sortir de ce dilemme sinon en insistant sur le développement de l’esprit critique et d’ouverture intellectuelle ?
Mais là c’est un autre domaine qu’il faut aborder : celui de l’instruction publique, qui se différencie précisément de l’Education dont on a pu nommer l’institution qui élève nos enfants et qui est minée par la pensée unique dès la prime jeunesse, ou des médias « porteurs de vérité » en réalité soumis au pouvoir qui les nourrit.
Que d’entrisme de la part d’ONG bien conformes, que d’interdiction de conférences mal vues, que d’anathèmes ou d’excommunication au lieu d’ouverture d’esprit, que de diffusions subliminales de ce qu’il est convenable de penser à l’aide de ce qu’il faut appeler le nudging. Comment s’étonner alors que la dissidence climatique soit considérée comme fake news à ranger dans la "boîte indésirable" ?
Dans un tel contexte, on ne peut être qu’indulgents à l’égard de ces sceptiques d’un nouveau genre qui n’entendent pas être victimes de fausses nouvelles de la part des climato-sceptiques.
L'instruction publique ne forme plus à la pensée par soi-même ni à l'esprit critique.
Tout le monde n’a pas lu l’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale de Claude Bernard ou La formation de l’esprit scientifique de Bachelard.