Par Laurent Pahpy.
Un article de l’Iref-Europe
L’IREF faisait récemment un état des lieux du consensus scientifique et des recommandations des agences sanitaires concernant l’herbicide le plus utilisé au monde.
Nous soulignions que le traitement politique et médiatique de la question du renouvellement de la licence du glyphosate dans l’Union européenne n’obéissait malheureusement pas à une démarche intellectuelle honnête et rigoureuse.
La molécule incriminée serait plutôt un prétexte pour justifier une prétendue urgence d’obliger l’ensemble de l’agriculture à se tourner vers des cultures dites biologiques.
La différents membres de la Commission européenne ne parviennent toujours pas à se mettre d’accord et c’est lors d’un ultime « comité d’appel », le 27 novembre dernier, qu’un vote a eu lieu en faveur d’une prolongation pour cinq ans de l’autorisation du glyphosate : dix huit pays ont voté pour la proposition, neuf contre (dont la France) et un seul s’est abstenu. Entre temps, une étude de grande ampleur a été publiée par le Journal of the National Cancer Institute.
Cette étude réalisée à partir de 1993 sur plus de 54 000 agriculteurs tire la conclusion qu’aucune association statistique solide n’a pu être détectée entre l’apparition de tumeurs et le glyphosate.
Cancérigène probable
Certaines données montrent qu’il pourrait y avoir un risque accru d’apparition de la leucémie myéloïde aiguë pour le quartile le plus exposé, mais sans pouvoir le prouver.
Cette étude ne contredit pas forcément les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui classe le glyphosate comme « cancérigène probable pour l’homme » dans la mesure où ce dernier évalue le danger et non le risque. Le risque correspond à la probabilité d’être exposé multipliée par le danger de l’agent en question.
Une surexposition par rapport à la dose maximale est donc par définition un risque significatif. C’est ainsi que l’ensemble des agences sanitaires du monde jugent que le glyphosate ne présente pas de risque aux doses conformes aux prescriptions. Le Conseil fédéral suisse vient d’ailleurs de décider de ne pas interdire l’herbicide.
Aucun trouble dans le consensus scientifique
Les Échos, Libération et Le Point titraient le 22 novembre que cette étude « sème le trouble ». Non, il n’y a aucun trouble dans le consensus scientifique. Cette étude ne contredit pas les centaines d’études réalisées depuis la mise sur le marché du glyphosate dans les années 1970.
L’article des Échos sous-titre « Les utilisateurs surexposés en danger », ce qui est la définition même de la surexposition. Quant au quotidien Le Monde, le journaliste s’empresse de remettre en cause les résultats de cette étude. Le traitement médiatique des plus grands journaux français sur la question n’est pas digne de l’honnêteté intellectuelle requise pour traiter de tels sujets.
Il serait bon que la presse ne joue pas le jeu des politiques et des lobbies promouvant l’hégémonie de l’agriculture dite biologique.
Le rôle des médias
Le cas du glyphosate pose des questions légitimes sur les conflits d’intérêts dans les agences gouvernementales, sur les processus de mise sur le marché des produits phytosanitaires et sur l’arbitrage entre coûts et risques sanitaires.
Toutefois, le rôle des médias n’est pas de décrédibiliser la science et d’alimenter les peurs là où elles n’ont pas lieu d’être.