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De nouveaux escrocs harponnent leurs proies sur la toile, les poussant à des jeux érotiques devant la webcam avant de les faire chanter.
L'arnaque à la webcam explose et laisse des victimes "dévastées" par la honte, selon la police et des associations.
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C'était il y a 8 mois sur un site de chat et Franck, 26 ans "Elle m'a demandé d'allumer ma webcam, de me déshabiller et de montrer certaines parties de mon corps".
Mais la conversation coquine avec "la jolie fille aux dessous sexy" a tourné court.
Et au lieu de caresses virtuelles, il a reçu un lien vers une vidéo de 20 secondes le filmant dans une posture intime suivie de "messages violents" : "ils disaient qu'ils allaient ruiner ma vie, qu'ils allaient tout raconter à mes proches".
Pour étouffer la menace, ce Francilien, salarié dans le social, a versé 25 euros, "une somme dérisoire pour le traumatisme subi".
Car la vidéo a quand même été publiée sur Youtube, qui l'a par la suite effacée. Certains déboursent 200, 400 euros pour tarir le flot de menaces. Des milliers d'euros si le "brouteur" flaire qu'il a ferré un gros "pigeon".
Des victimes tous les jours
Franck est tombé dans le piège d'un "brouteur", surnom que se sont donné ces nouveaux maîtres-chanteurs qui harponnent le "mugu" (pigeon) européen depuis l'Afrique de l'Ouest, notamment en Côte d'Ivoire.
La cyber-police dénombrait 600 signalements de ce type d'arnaques en 2011, elle en a comptabilisées 2.000 en 2012.
Ces escrocs au mode opératoire "pernicieux et cruel" laissent des victimes en état de "peur panique", selon M. Lebeau.
Leur mode opératoire
D'abord, ils infiltrent les chats et les sites de rencontre et appâtent leur proie au moyen d'une vidéo pré-enregistrée mettant en scène une pin-up.
Une fois l'identité de la victime récupérée, le maître-chanteur n'a plus qu'à servir la vidéo des ébats aux "amis" de la proie présents sur les réseaux sociaux, Facebook et autres Viadeo.
"T'es mor", "ton patron va tou savoir", "j'ai tou sur toi" : "les brouteurs terrorisent leurs victimes pour les faire craquer.
Surtout ne jamais payer, sinon c'est l'engrenage", prévient Annie Roser, vice-présidente de Aven.
Quand les menaces, truffées de fautes d'orthographe, ne suffisent pas, les escrocs se font passer pour Interpol ou un procureur, brandissant des poursuites imaginaires pour "pédo-pornographie".
Qui sont les brouteurs ?
"Des réseaux très bien organisés, avec des chefs qui recrutent et des cafés quasiment dédiés à cette activité", affirme M. Lebeau.
Chaque jour, ils prennent d'assaut de nombreux cybercafés d'Abidjan et ratissent la toile au grand jour.
Grâce à un réseau internet très développé, "la Côte d'Ivoire est en pointe dans la cybercriminalité", reconnaît Stéphane Konan, responsable de la lutte contre la cybercriminalité au ministère ivoirien de l'Intérieur.
L'an dernier, ces escroqueries ont rapporté 5 millions d'euros aux brouteurs qui, sur leurs pages Facebook, "vantent leurs exploits et s'exhibent avec leurs belles montres et voitures", selon Mme Roser.