WEB - La participation n'a atteint que 0,07%, loin des 30% exigés pour sauver le droit de vote...
Voter pour supprimer le droit de vote. C'était l’exercice quasi-absurde auquel étaient conviés un milliard d'utilisateurs de Facebook au cours des sept derniers jours. A 88%, ils ont dit non aux changements proposés par Mark Zuckerberg. Mais parce que la participation n'a pas décollé (moins de 700.000 voix, soit 0,07%), Facebook va pouvoir ignorer le verdict du peuple et adopter ses nouveaux termes d'utilisation.
Il aurait fallu, selon la règle fixée par le réseau en 2009, que 30% des membres participent pour que le vote ait un impact. Dans la pratique, mobiliser 300 millions de personnes était mission impossible, et Facebook le savait parfaitement.
L'entreprise aurait voulu générer le moins de buzz possible qu'elle ne s'y serait pas pris autrement. Elle a annoncé les nouveaux termes le mercredi de Thanksgiving, soit, avec Noël, la période d'actualité la plus morte des Etats-Unis. Le «dialogue direct», qui remplacera les consultations populaires, a tourné à la farce la semaine dernière. Facebook a expédié la conférence en trente minutes, répondant à une demi-douzaine de questions, en prenant soin d'éviter les plus polémiques (inquiétude de l'UE sur la vie privée, contrôle des données par les apps de partenaires, etc.)
Combien d'internautes étaient au courant du vote? Dur de savoir. Facebook a envoyé un mail mais de nombreux utilisateurs utilisent un compte secondaire qu'ils ne consultent que rarement. Et si un milliard de personnes sont des utilisateurs «actifs» mensuels, seuls 60% se connectent quotidiennement. Combien ont vu le message concernant la consultation et ont pris le temps de le lire pour comprendre l'enjeu? Sans doute bien moins que les 30% nécessaires à la validation du vote.
Facebook est aujourd'hui une société cotée. Elle annule son expérience démocratique. Elle retire les photos Instagram du flux Twitter. Le pouvoir, plus que jamais, se trouve entre les mains des actionnaires. Et surtout de Mark Zuckerberg, qui contrôle encore plus de la moitié des droits de vote au conseil d'administration.