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Enfin à la façon américaine, elle se met sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les
entreprises aux Etats-Unis, ce qui va lui permettre de faire geler ses dettes et de continuer son activité en espérant redresser ses comptes d'ici 2013.
Kodak, qui était incontournable avec la photographie argentique, n'a pas su négocier de manière efficace la
transition vers le numérique, qui lui a coûté son leadership. La société espère se sortir de cette profonde ornière d'ici 2013, ce qui passera par la mise en vente du plus gros de son
portefeuille de brevets. La société a d'ailleurs commencé à tenter de le valoriser en attaquant certaines sociétés qui violerait un ou des brevets de ce portefeuille, Apple en tête.
Eastman
Kodak Company annonce avoir obtenu une ligne de crédit de 950 millions de dollars sur 18 mois de Citigroup.
Dominic DiNapoli, vice président de FTI Consulting, devient le responsable de la restructuration à venir. Une page se tourne.
Rappel de l'histoire: c'est une page de l'histoire de la
photographie qui se tourne, celle del'épopée de l'argentique,
grignoté à partir des années 2000 par le numérique.
Kodak, fondé en 1881 par George Eastman, fusionne en 1907 avec la Compagnie Générale des Cinématographes, Phonographes et Pellicules de Charles Pathé. En 1960, le
groupe est à son apogée et emploie près de 80 000 personne dans le monde. Le groupe règne sur les pellicules, grand public et médicales, le cinéma et une bonne partie de la chimie du film.
En France, le groupe possède une grosse unité de production installée à Chalon-sur-Saône, qui, après la fermeture de ses sites de Vincennes, reste la seule unité de production du géant américain
en Europe. Elle fermera progressivement à partir de 2006.
En 2005, lors d'une interview réalisée par votre serviteur pour Le Point, Jean-Pierre Martel, directeur du site français, expliquait les raisons de la crise qui
commençait à sérieusement poindre pour Kodak : « nous faisons face à un marché qui change complètement de nature. Il n'y a pas
beaucoup d'autres d'exemples de transformation industrielle aussi brutale. Et si le groupe a compris l'urgence de la situation, et a entreprit une politique agressive pour
s'adapter, notamment de développant des capteurs numériques, on peut penser que cette prise de conscience aura été trop tardive. Nous y verrons plus clair d'ici 5
ans », expliquait-il alors. Une analyse, hélas, prophétique.
7 ans plus tard, c'est donc la mise en faillite. Kodak a certes réussi à placer ses capteurs chez de prestigieux industriels - Leica sur son M8 et
Hasselblad ont utilisé ceux-ci - mais n'a pas réussi à retrouver une image ni une pertinence dans le numérique. Sa gamme d'appareils photo, par exemple, était
largement externalisée et positionnée sur le bas de gamme. Les tentatives pour valoriser le portefeuille de brevets (en faisant divers procès, notamment à Apple), considérable, de l'ancien géant,
n'auront pas été suffisantes pour assurer un cash flow important.
Aujourd'hui, la plupart des amateurs des formidables produits Kodak - petite pensée pour les T-max... - se sentent forcément un brin orphelin.