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Le Blog de jlduret

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Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! Depuis Socrate, le devoir du penseur n’est pas de répéter la doxa du moment mais de la questionner.


Faut-il abandonner les énergies renouvelables au profit du nucléaire ?

Publié par jlduret sur 29 Juin 2025, 14:32pm

Catégories : #Energie nucléaire, #Energie electrique, #Energie renouvelable, #Energie verte

Faut-il abandonner les énergies renouvelables au profit du nucléaire ?

LU ICI

Par Jean Claude Werrebrouck

NDLR : Article pour les techniciens ! 

Mais pas pour les éconlos !

EDF va mieux

EDF peut claironner son rétablissement et publier des chiffres encourageants. Il est exact que la production d’électricité nucléaire a augmenté en 2024 pour atteindre 361TWH, soit une hausse de 13%.

Cette hausse signifie aussi une forte amélioration de l’engagement de chaque centrale dans la production de KWH, ce que les spécialistes appellent le « facteur de charge ».

Ce qui distinguait jusqu’ici les centrales françaises des centrales étrangères et en particulier américaine était la faiblesse de l’engagement de l’outil de production, les centrales françaises avaient vu leur facteur de charge descendre jusqu’à moins de 60% alors que les quelque 90 centrales américaines ont pu monter jusqu’à 93%.

L’an dernier avec une puissance disponible de 61GW, il a pu être mis à la disposition du marché 361 TWH, soit donc un taux d’utilisation de 67,5 %.

Net progrès par conséquent que l'on doit probablement à la remise en activité des réacteurs arrêtés pour causes d’usures techniques dont la corrosion anormale sur certaines pièces.. 

Pour autant avec un parc réparé et bien utilisé – malgré quelques inquiétudes sur la centrale de Civaux– il faut se poser la question d’un facteur de charge certes amélioré mais encore très loin de ce qui est techniquement possible, c’est – à – dire environ 90%

Il nous faut ici apporter quelques précisions.

Tout d’abord il faut distinguer entre disponibilité et utilisation.

Une centrale peut -être disponible pour une production immédiate et non utilisée en raison d’une demande insuffisante. Il y a donc lieu de distinguer ces deux aspects dans ce qu’on appelle le facteur de charge. De façon plus détaillée encore il y lieu de voir dans quelle mesure une non utilisation correspond à une demande insuffisante ou au contraire à un choix économique d’EDF.

En effet si en raison d’un prix trop faible ( beaucoup de vent , de soleil, d’eau disponible) il y a abondance de l’offre et baisse des prix, les couts variables des centrales ne sont plus couverts par les prix de vente, il convient de baisser la production.

RTE qui gère l’ajustement entre production appelée et production demandée ne peut donner d’informations journalières précises et donc finalement il est difficile de détailler les composantes du facteur de charge.

Le facteur de charge du nucléaire français s’est révélé historiquement  beaucoup plus faible que partout ailleurs dans le monde ( en moyenne 75% contre 90%).

 

La raison résulte du choix d’une électricité largement nucléaire.

Si en effet l’essentiel de l’électricité est produit avec du nucléaire -jusqu’à 80%- alors l’ajustement de la production à la demande est très largement porté par le nucléaire ; les centrales ne peuvent fonctionner en permanence à pleine puissance et doivent s’ajuster aux périodes de basse consommation.

A l’inverse aux USA malgré le grand nombre de centrales (90), le nucléaire ne représente qu’une faible part dans le total de l’électricité ( moins de 20%).

Les centrales américaines peuvent donc fonctionner à pleine puissance tout au long de l’année, ce qui ne peut être le cas des centrales françaises.

Concrètement c’est le matelas de l’électricité fossile qui permet l’ajustement facile entre énergie produite et énergie appelée. Si le matelas est peu épais en raison de la forte présence du nucléaire, alors ce dernier doit payer le prix de la modulation. Le mauvais classement des centrales françaises ne correspond donc nullement à des insuffisances techniques.

Par contre ce que l’on sait est qu’une infrastructure énergétique composée d’une forte proportion d’unités intermittente – donc non pilotables – doit être plus lourde qu’une infrastructure entièrement pilotable.

Exemple

Soit une infrastructure électrique comportant une puissance de 80 de nucléaire et 20 de renouvelable.

Si le pic de la demande est de 100, on aurait tort de croire que pour autant l’infrastructure est suffisante,  voire excessive lors des périodes de basse consommation.

En effet le renouvelable étant aussi intermittent, il ne donne  que 20% de sa puissance disponible (périodes d’absence de vent ou de soleil).

Selon les chiffres proposés,  l’électricité disponible se monte à 80 (le nucléaire pilotable) + 2 ( renouvelable) = 82. La panne est assurée.

Pour garantir la sécurité du réseau il faut donc, soit augmenter le dispositif pilotable, soit augmenter le dispositif du non renouvelable.

Si nous sommes dans un monde qui se bat contre le nucléaire et n’accepte plus le pilotable classique (énergies fossiles) il faut par conséquent multiplier par 5 la puissance émise par le vent et le soleil.

En effet en disposant non plus de 20 mais de 100 de renouvelable, on dispose effectivement de 100 x 0,2 = 20.

Conclusion

 

Plus on se dirige vers les énergies renouvelable et plus l’infrastructure électrique du pays doit être de grande dimension. Et les seules limites dans la course à la dimension sont les investissements de stockage et les politiques favorisant l’effacement lors des pics d’appels.

Si maintenant dans une infrastructure mixte ( nucléaire+ Fossile+ barrages+ renouvelable) existe clairement une politique favorisant le renouvelable, cette dernière doit être de grande dimension en raison de son rendement très faible. Favoriser le renouvelable c’est orienter très massivement les investissements vers ce type d’infrastructure.

Dans le même temps si on rejette les autres infrastructures pilotables ( fossiles ) le poids de la modulation se trouve reporté sur le nucléaire. Plus la masse d’énergie intermittente est grande et plus sa priorité sur le réseau doit se faire intense. En effet pour arriver à une moyenne de 20% de la puissance active il faut qu’en période de grand vent ou de grand soleil on réduise massivement la production du nucléaire.

Dans notre exemple numérique si l’on veut bénéficier en totalité des faibles rendements du renouvelable il faut des moments où le production du renouvelable soit de 200…et réduire à zéro la production nucléaire…décarbonée…

Cette réalité est un peu celle vécue par EDF. Et l’entreprise complétement immergée dans les questions de l’éolien et du solaire, ne peut évidemment guère évoquer un quelconque choix stratégique permettant l’effacement des ENT pour augmenter son taux de charge. D’où les choix du nouveau président en termes de diminution des frais généraus et au mieux des investissements sur l’hydraulique à priori plus facile pour améliorer les stockage (stratégie des STEPS).  

D’où l’intérêt du moratoire sur l’éolien et le solaire voté par l’assemblée Nationale….

 

 

 

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