Un article de Henry Bonner
La crise du logement, comme le réchauffement climatique, donne un prétexte à l’intervention de politiciens dans le fonctionnement de l’économie française.
Ainsi, la maire de la capitale veut un accroissement du nombre de logements sous administration publique… avec contrôle des loyers, et subventions pour une partie de la population. Elle vise 40 % des logements de la ville !
Le gouvernement et des bailleurs, en association avec les autorités, dépensent pour 1 milliard d’euros environ dans l’acquisition de logements à la capitale, depuis début 2023.
Les politiciens créent aussi des complications pour les magasins et entreprises dans l’immobilier – en particulier les grandes surfaces : en effet, un décret paru le 15 novembre dernier crée l’obligation de l’installation de panneaux – pour la production d’électricité -, ou d’arbres à l’intérieur des espaces de parking.
Ce décret crée inévitablement des complications et des surcoûts pour les entreprises de la grande distribution ou des entreprises de bureaux.
RFI explique ainsi :
“En France, les grands parkings extérieurs doivent être équipés d’ombrières à énergie solaire d’ici juillet 2026, a confirmé le gouvernement dans un décret publié vendredi 15 novembre. Les premiers concernés par cette décision sont les entreprises de grande distribution. Elles avaient demandé un report de cette échéance d’au moins deux ans, mais n’ont pas été entendues.”
Le président de Système U, Dominique Schelcher, fait des critiques du décret sur X :
“Dur dur de ne pas être écoutés à ce point par les pouvoirs publics ! Nos fédérations @FCDfrance et @assoperifem font depuis des mois des propositions concrètes de bon sens concernant les conditions d’installation de panneaux photovoltaïques sur les parkings des magasins. Dans le décret paru ce jour, elles n’ont pas malheureusement pas été entendues. Pire : malgré la publication très tardive de ce décret, aucun délai supplémentaire n’est accordé à la profession pour tenir cette obligation. On marche sur la tête ! Vivement des mesures de simplification massives en France, comme les pratiquent de nombreux autres pays dans le monde actuellement. Il en va de notre compétitivité et de la force de l’économie française.”
Ce décret engendre des coûts de 11 milliards d’euros, estiment les distributeurs.
De plus, elle crée des entraves pour les entreprises à l’avenir. En effet, les consommateurs changent d’habitudes, et les hypermarchés ont moins de fréquentation et de besoin d’espaces de parking. Ils préparent donc la reconversion de ces espaces en bureaux ou logements par exemple. L’installation de panneaux ou d’arbres crée des complications pour leurs projets.
Prise de contrôle par les autorités : gâchis et pertes de temps
L’installation de panneaux sur des espaces de parking ou l’acquisition de logements par la mairie de Paris reviennent à une prise de contrôle public sur des entreprises ou des particuliers. Cependant, les politiciens manquent cruellement d’incitation au succès et courent peu de risques de sanctions en cas d’échec. De même, pour les espaces de parking, les politiciens ont peu mis de leur peau en jeu.
Le décret crée des coûts et des complications pour les entreprises sans avantage pour le consommateur. En effet, les panneaux amènent des coûts sans bénéfices palpables pour les entreprises.
Comme avec l’acquisition de logements par la ville de Paris, les politiciens prennent des décisions par idéologie. Ils n’ont pas besoin de bénéfices, ni de retours. Ils n’ont pas d’incitation à l’optimisation de l’usage des ressources. À l’inverse, les entreprises ont besoin de rentabilité en contrepartie de leurs dépenses. Elles tirent profit de l’efficacité des opérations et de la maîtrise des coûts. Elles gagnent de l’argent sur la marge entre les coûts de production et de distribution, et les prix de vente. La marge donne l’incitation des entreprises.
Pas de défense du laissez-faire dans les médias
Une partie des gens aux commandes veut une simplification de normes. Le rapport de Mario Draghi, l’ex-directeur de la Banque centrale européenne, propose l’élimination de paperasse et des coûts de la régulation. Cependant, la plupart des critiques de la régulation dans les médias ont tout de même confiance dans le rôle des gouvernements dans l’économie, et dans la gestion d’entreprises ou de logements.
Les auteurs de tribunes mettent en cause un excès de règles, mais croient tout de même aux dangers du laissez-faire. Aisni, Nicolas Gomart, le Directeur général de Matmut (un groupe d’assurances) demande par exemple l’élimination de régulations, dans une tribune pour Les Echos. Mais le chef d’entreprise montre tout de même de la méfiance envers le laissez-faire (i.e. le respect des décisions de particuliers et d’entreprises).
Il écrit par exemple :
“[Il] faudra secouer certains tabous, remettre en cause les trajectoires habituelles, ce mélange peu cohérent de libéralisme commercial naïf et de surréglementation en matière de protection des consommateurs.”
Il croit à la mission des politiciens : l’amélioration du bien-être de tous. Mais dans la réalité, la hausse de la richesse et des niveaux de vie vient des choix de particuliers et d’entreprises, là où les décisions politiques créent surtout des gâchis.
L’auteur, en revanche, veut plus de contrôle par les gouvernements. Pour lui, les dirigeants prennent trop peu d’initiative !
C’est ainsi qu’il écrit :
“Les dépositaires légitimes du sujet du bien commun, les États, ont vu ce rôle se diluer et certains acteurs privés ont saisi la balle au bond. De façon parfois discutable, eu égard à ce que la Commission européenne qualifie d’algocratie privée, ces acteurs ont commencé à construire un système impactant le vivre-ensemble, fondé sur le pouvoir d’exploitation des données, grâce aux algorithmes.
Au fur et à mesure de l’affaiblissement des démocraties occidentales, les pouvoirs publics ont souvent délégué à des autorités indépendantes le soin de faire appliquer par les entreprises des missions relevant de la recherche du bien commun.”
Pour lui, les entreprises cherchent des bénéfices, même aux dépens des autres. Le gouvernement, au contraire, cherche le bien-être de tous, sans quête de bénéfice. En réalité, cette recherche du bénéfice, comme l’explique l’économiste Adam Smith, crée la hausse du bien-être de tout le monde.
Les entraves à l’activité des entreprises, ou des choix des consommateurs – via les régulations, par exemple – font, elles, obstacle au progrès. L’auteur, M. Gomart, met cependant en valeur la Corporate Sustainability Reporting Directive. Cette directive crée pourtant beaucoup de paperasse, et de déclarations pour les entreprises, au nom du climat… Elle a un coût d’environ 4 milliards d’euros sur les entreprises sur 2 ans, selon une association. Elle amène des risques d’amendes ou de poursuites en cas d’erreurs.
En dépit de la perte de temps et d’argent à cause de cette directive, M. Gomart croit malgré tout à la nécessité des déclarations au nom du climat.
Sans se débalonner, il écrit :
“[La] première force [de la directive] est de créer un langage commun aux entreprises européennes en matière de durabilité. Les données publiées sur le volet social – comme la promotion de la diversité – sur l’environnemental – telle que la préservation de la biodiversité – et en matière de gouvernance seront harmonisées, normalisées. La CSRD rend lisibles des informations principalement qualitatives jusqu’alors présentées de façon éparse.”
Selon lui, l’amélioration du bien-être requiert la surveillance des dirigeants sur les entreprises et particuliers !
Jovial, il conclut au sujet de la directive :
“En proposant un nouveau modèle inclusif de performance, elle a vocation à être le nouveau référentiel d’une économie de marché plus vertueuse, plus responsable, qui légitimera indiscutablement les entreprises comme entités oeuvrant en faveur du bien commun …”
Bah bien sûr.
Dans la réalité, la quête de bénéfices génère la valeur, et la hausse du bien-être. Les bénéfices donnent une rémunération aux financiers et aux actionnaires, en cas de réussite. Les gérants et investisseurs mettent leur peau en jeu et tirent le fruit du succès, ou paient pour leurs échecs. Ils gagnent de l’argent grâce à l’amélioration de la vie des consommateurs.
À l’inverse, les dirigeants ont peu d’incitations à l’usage des ressources avec efficacité.
Le gâchis en raison des directives touchent tout le monde, des consommateurs au supermarché, aux locataires de logements. Les directives et normes – au nom du climat ou de l’accès au logement – entraînent une baisse des niveaux de vie.
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