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Le Blog de jlduret

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Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! Depuis Socrate, le devoir du penseur n’est pas de répéter la doxa du moment mais de la questionner.


La voiture électrique est elle un produit de riche ?

Publié par jlduret sur 30 Août 2024, 18:57pm

© Shutterstock

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Romain Vitt

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

Sur les sept premiers mois de l’année, le marché européen du véhicule électrique n’a progressé que de 0,7%. Cette stagnation masque une tendance plus inquiétante. Les modèles grand public reculent de 6,9%, tandis que les véhicules électriques premium bondissent de 23,3%. Le constat est sans appel : l’électrification du parc automobile creuse les inégalités plutôt que de les réduire.

Cette polarisation du marché s’observe également chez les hybrides rechargeables. Les modèles premium enregistrent une hausse de 14,3% de leurs ventes, quand leurs homologues moins onéreux chutent de 17,7%. Ces chiffres sonnent comme un avertissement pour les constructeurs généralistes, qui doivent rapidement trouver des solutions pour éviter les lourdes amendes liées aux émissions de CO2 prévues dès 2025.

Le succès des marques premium témoigne de cette tendance. Volvo, avec son EX30, BMW grâce à l’iX1, et Mercedes porté par l’EQB, affichent des croissances impressionnantes. Le constructeur bavarois semble particulièrement bien positionné, son SUV compact électrique rencontrant un franc succès.

Le leasing électrique, lancé en France en début d’année, n’a pas suffi à inverser la tendance. Cette formule, censée démocratiser l’accès aux véhicules zéro émission, cache en réalité une hausse généralisée des prix derrière des loyers mensuels apparemment attractifs. La préférence croissante pour le leasing au détriment de l’achat comptant ou du crédit classique accentue ce phénomène de gentrification.

Le prix, toujours le principal frein à l’achat

L’offre de véhicules électriques réellement abordables et polyvalents reste désespérément limitée. La future Renault 5, dont le prix moyen devrait dépasser les 30 000 euros, ne résoudra pas le problème. Seule la MG4 semble avoir réussi à proposer une alternative crédible à prix compétitif. Les espoirs se tournent désormais vers des modèles comme la Citroën e-C3, qui pourrait séduire une nouvelle clientèle encore réticente face aux tarifs prohibitifs du secteur.

.. et le bonus "écologique"

Il faut toutefois garder à l’esprit que le bonus écologique fausse toujours la donne. Sans cette aide gouvernementale, le marché de l’électrique serait probablement encore plus élitiste. Mauvaise nouvelle : ce bonus pourrait être de nouveau réduit en 2025. L’enjeu pour les constructeurs est donc de proposer rapidement des véhicules électriques réellement accessibles sans subvention, capables de répondre aux besoins d’une famille moyenne.

La situation est encore plus critique dans l’Est de l’Europe. Les salaires plus bas et le manque criant d’infrastructures de recharge y rendent le passage à l’électrique pratiquement inconcevable pour la majorité de la population. Cette fracture Est-Ouest risque de s’accentuer si des mesures ne sont pas prises rapidement à l’échelle continentale.

Seuls les constructeurs premium s'en sortent à peu près

Face à ces défis, l’industrie automobile européenne se trouve à la croisée des chemins. D’un côté, les constructeurs premium profitent de la manne des clients fortunés pour financer leur transition énergétique. De l’autre, les marques généralistes peinent à trouver le bon équilibre entre coûts de production élevés et tarifs accessibles au plus grand nombre.

Cette situation soulève de nombreuses questions sur l’avenir de la mobilité en Europe.

Comment garantir une transition écologique équitable si seule une minorité peut s’offrir des véhicules propres ?

Les pouvoirs publics doivent-ils renforcer leur soutien à l’achat de véhicules électriques, au risque de creuser les déficits ? Ou faut-il plutôt encourager le développement de solutions de mobilité alternatives, comme l’autopartage ou les transports en commun électrifiés ? Ou tout cela en même temps ?

Une chose est sûre : sans un changement de cap rapide, le projet d’une Europe roulant majoritairement à l’électrique, prévu pour 2035, risque de rester lettre morte. Les constructeurs devront redoubler d’efforts pour proposer des véhicules abordables sans sacrifier leur rentabilité. Les gouvernements, quant à eux, devront repenser leurs politiques d’incitation pour les rendre plus efficaces et équitables.

En attendant, le marché de l’occasion récente pourrait bien devenir le refuge des automobilistes désireux de passer à l’électrique sans se ruiner. Une solution de compromis qui ne résout cependant pas le problème de fond : rendre la mobilité propre accessible à tous.

  • Le marché du véhicule électrique en Europe stagne en 2024, avec une forte croissance des modèles premium (+23,3%) et un recul des modèles grand public (-6,9%)
  • L’électrification du parc automobile creuse les inégalités, le véhicule électrique restant principalement accessible aux classes aisées
  • L’industrie automobile et les gouvernements doivent agir rapidement pour proposer des véhicules électriques abordables

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