A l'abri du tumulte
Pendant que l’attention des peuples européens est captée par des évènements qui, loin d’être négligeables, ne sont pour autant pas tous d’une portée cosmique, la machine fédérale qui s’est emparée à bas bruit des différentes instances européennes est en train de monter en régime. Elle marche « à couvert » à l’abri de ce tumulte dont elle profite et avance ses pions.
Comment ne pas voir dans cette accélération des choses une volonté délibérée de s’opposer aux mouvements qualifiés de « populistes » dont l’inexorable montée, strict reflet d’une volonté populaire largement partagée se poursuit dans de plus en plus de pays de l’Union Européenne ?
Un vent de panique souffle sur Bruxelles
Au début du mois d’octobre, un groupe d’anciens responsables politique européens, à l’affût d’un moment opportun, ont fait une déclaration commune :
« Le temps est venu de reconnaître que le nationalisme est contraire à l’intérêt national, que la souveraineté des États membres est inefficace si elle n’est pas redéfinie en termes de souveraineté européenne, et que la fourniture de biens publics européens est cruciale pour satisfaire les demandes nationales en matière de sécurité économique, sociale et politique »
Personne ne sera surpris d’y retrouver ces personnalités de bon aloi, dont la pensée « fédéraliste » est peut-être pour beaucoup dans leur carrière. Dignes héritiers d’une Europe façonnée par Jean Monnet, dont de Gaulle lui-même disait de lui qu’il était un « malade » dans le propos suivant :
“ L’Europe intégrée, ça ne pouvait convenir à la France, ni aux Français… Sauf à quelques malades comme Jean Monnet, qui sont avant tout soucieux de servir les États-Unis. Ou alors à tous ces personnages lamentables de la IVe République. Ils trouvaient ainsi un moyen de se décharger de leurs responsabilités ! Ils n’étaient pas capables de les saisir ; alors, il fallait les repasser à d’autres. Tenir leur rang dans le monde ? Pas question ! Mettons-nous sous le parapluie. Avoir une armée et la faire obéir ? Pas question ! La donner à d’autres ! Remettre le pays debout et servir d’exemple au monde ? Pas pour eux !‘
Et c’est là qu’est la grande supercherie. On emploie partout le terme « européen »pour dissimuler un autre projet qui va bien au-delà de l’Europe et qui est destinée à faire d’elle, au-travers du fédéralisme européen, l’appartement témoin du monde monopolaire sous la tutelle américaine.
Lire aujourd’hui que la « souveraineté des États membres est inefficace » alors que ces gens-là font tout depuis des décennies pour la faire disparaître tient de la tartufferie.
Il y a quelques jours, le Parlement Européen a adopté un texte (à une faible majorité) visant à réformer les traités adressé à la présidence espagnole du Conseil de l’UE. Cela paraît très anodin, mais dans la réalité, c’est un « feu vert » à la réforme des traités régissant l’Union Européenne. La procédure impose de passer par la présidence « tournante » du Conseil de l’Europe pour engager ces réformes des traités.
Ce sont donc les Chefs d’État qui votent et eux seuls.
Certes, on n’ose pas explicitement parler de « fédéralisme » mais celui-ci est omniprésent dans les propositions.
Le ton est donné en mettent l’accent sur la lenteur, voire la paralysie qu’implique le droit de véto que possède chacun des Etats membres afin de pouvoir s’opposer à une décision qu’il estimerait contraire à ses intérêts. En conséquence, il convient de généraliser la procédure d’adoption des mesures à la « majorité qualifiée » Cela n’a rien de nouveau puisque cela fait maintenant plus de soixante ans que les inconditionnels du fédéralisme européen essayent de l’imposer. On peut se demander pourquoi une telle urgence, et dans quelle mesure la perspective de voir Victor Orban s’installer à la présidence du Conseil n’est pas à l’origine de cette accélération qui provoque une certaine panique chez les fédéralistes.
De Gaulle et la « chaise vide »
En 1965, de Gaulle décide de ne plus siéger à Bruxelles, toutes les propositions françaises émises par Couve de Murville ayant été systématiquement refusées. Alain Peyrefitte, dans le tome 2 du « C’était de Gaulle », y consacre les chapîtres 14 et 15. On y note l’opposition farouche de de Gaulle à tout ce qui touche au « supra national » :(p 291)
« Le problème, c’est toute cette maffia de supranationalistes, qu’ils soient commissaires, parlementaires ou fonctionnaires. Ce sont tous des ennemis. Ils ont été mis là par nos ennemis »
Alain Peyrefitte, dans le tome 2 du « C’était de Gaulle »none
Il voulait également faire disparaître la Commission Européenne et (p 292) est bien décidé a mettre un terme à la règle de la « majorité relative » :
« Il n’est pas imaginable que, le 1er janvier 1966, notre économie soit soumise à une règle de la majorité qui nous imposera la volonté de nos partenaires, dont on a vu qu’ils pouvaient se coaliser contre nous »
Ensuite, viennent tous les aspects « techniques » qui, d’après leurs promoteurs, doivent redonner l’efficacité, à condition de donner à l’Europe une véritable souveraineté.
Depuis quand parle-t-on de la souveraineté d’un Etat sans qu’elle soit incarnée par son peuple ?
Force est de constater aujourd’hui qu’il n’existe pas de peuple « européen » et cette souveraineté « partagée » n’est qu’une chimère destinée à égarer les esprits.
Une révision très précipitée
Pourquoi une telle hâte à vouloir modifier les traités européens? Après tout, ceux existants ne sont plus respectés depuis longtemps et on peut se demander pourquoi leurs successeurs auraient un sort différent?
La réponse est évidente. Il faut imposer le fédéralisme européen car ce sera maintenant ou jamais.
D’aucuns disent que ces traités, avant d’être mis en application, devront être ratifiés par voie de référendum. A la lumière de ce qui s’est passé avec le référendum de 2005 portant sur le projet de traité constitutionnel, rien n’est moins sûr. Le traité de Lisbonne a bien été ratifié sans référendum, par une modification très opportune de notre constitution…Pourquoi en serait-il autrement?
Un calendrier accommodant
Les élections européennes étant prévues le 09 juin 2024 et compte-tenu de cet empressement à agir, le projet pourrait être ficelé avant cette date et ce scrutin pourrait servir de ratification. L’enjeu est d’une importance considérable, puisque il s’agit ni plus ni moins que de faire disparaître les nations européennes en les agglomérant (dixit de Gaulle) comme « des marrons dans la purée »
Le président de la Commission Européenne deviendrait le président d’une Europe dont l’exécutif serait ladite Commission Européenne. Où est passée cette démocratie dont on nous parle tant?
Je ne sais plus qui a dit: »la guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser aux militaires » mais cela risque de se décliner en « la politique est une chose trop sérieuse pour la laisser aux élus »
C’est l’avenir de notre pays qui est en jeu et personne ne devrait l’ignorer.