Le catastrophisme écologique repose sur une idée erronée : le monde est fini. Donc les ressources sont limitées, donc il faut les économiser, car nous allons à notre perte. L’idée d’un monde fini se retrouve dans d’autres champs du savoir : en économie, où certains expliquent que le travail est un gâteau à se partager (35h), car il est impossible d’en créer, ou bien que la richesse est finie, donc si l’Europe a pu se développer et devenir « riche », ce ne peut être qu’en prenant cette richesse à d’autres (via la colonisation).
Idées fausses
Toutes ces idées fausses ont beau avoir été démontées par la science économique et l’histoire économique, elles continuent non seulement d’être diffusées, mais aussi de trouver des personnes qui y adhèrent. Preuve que la science a ses limites.
Les mêmes erreurs se développent sur la question des ressources. On pourrait accumuler les prévisions apocalyptiques et erronées qui ont été faites au cours des cent dernières années, annonçant qui la fin du pétrole, qui la fin du charbon, ou bien la surpopulation et la bombe démographique, les famines généralisées, le trou dans la couche d’ozone, la mort des forêts, la montée inexorables des océans avec l’engloutissement de New York, les pluies acides etc. Toutes les théories expliquant que le monde est fini et que les ressources vont s’épuiser et disparaitre ont été erronées et démontées, et pourtant elles trouvent non seulement des personnes pour les prononcer, mais encore des croyants pour y adhérer. Cela ne répond nullement à une logique rationnelle et scientifique mais, dans certains cas, à une religion politique et, dans d’autres cas, à un projet politique, les deux n’étant pas incompatibles.
Projet politique
Le catastrophisme climatique actuel est le recyclage du communisme qui a trouvé là matière à ne pas disparaitre. De Marx à Gorbatchev, le communisme a promis l’abondance et la prospérité.
Il était, selon les dires de ses auteurs, supérieur au capitalisme, car, alors que ce dernier générait la pauvreté (ce qui est faux), le communisme allait permettre des jours heureux et des lendemains qui chantent (qui a largement été faux partout).
Or il a échoué. Dans un remarquable salto arrière intellectuel, les communistes ont renversé leur démonstration : oui, le capitalisme apporte la croissance et le communisme, la décroissance (ce qui est vrai), mais la croissance est mauvaise, car elle nuit à la planète. Pour sauver la planète, comme autrefois le prolétariat, il faut non pas la dictature du prolétariat, mais la décroissance, donc le communisme. Et cela tombe bien, car nous sommes dans un monde fini, où la croissance perpétuelle est impossible. Voilà comment nous sommes passés du rouge au vert. Les communistes contrôlant déjà les universités, les centres de recherche et une grande partie des médias, ils leur étaient faciles de modifier rapidement le logiciel pour imposer leur nouveau discours.
Le monde n’est pas fini
Or l’idée que le monde est fini est fausse, tout comme le travail et la richesse se créent et ne sont pas limités. Raison pour laquelle il n’existe pas de ressources « naturelles ». Toutes les ressources sont « culturelles », c’est-à-dire créées et inventées par l’homme.
Le pétrole a toujours existé, mais il ne servait à rien tant que des ingénieurs et des industriels n’en firent pas quelque chose, capable ensuite de générer une nouvelle économie. Idem pour le gaz, l’uranium, le thorium ou le lithium. C’est l’homme, par son inventivité et sa capacité créatrice, qui transforment ces réalités géologiques en ressources.
La graisse de baleine a longtemps été une ressource, tout comme la tourbe en Irlande, elles ne le sont plus aujourd’hui, ou si peu.
L’âge de pierre ne s’est pas achevé par manque de pierres, mais parce que l’homme est passé à autre chose. La ressource mammouth a disparu, pas l’homme. Les silex existent toujours, mais ne servent plus à rien. Il devait bien y avoir, à l’époque de Cro-Magnon, des prophètes de plateau pour expliquer que l’épuisement des silex allait causer la fin de l’humanité.
C’est par le progrès scientifique et technique que ces problèmes se résolvent, ce qui est le propre de l’homme, toujours dans l’innovation et dans l’invention. Que des ingénieurs aient abandonné la science et la raison pour sombrer dans des délires superstitieux, pour croire aux prophètes de malheur, est une chose curieuse et inquiétante.
Business et goulags
Le marché de la peur est lucratif. Pour obtenir un contrat doctoral, quelle que soit la discipline, mieux vaut avoir le terme « écologie » dans son intitulé. Pour obtenir des marchés publics, pour être édité, pour passer à la télé, il faut crier avec la meute ; ce qui donne l’impression d’une unanimité apocalyptique. La peur est un business juteux et nombreux sont ceux qui en vivent, aux dépens des autres puisque bien souvent ils sont arrosés d’argent public. ONG et associations vivent de ces subventions et de ce capitalisme de connivence qui mêle corruption et conflit d’intérêts.
Ce qui permet à certains de faire l’apologie tranquille du goulag. Un exemple parmi mille, un post LinkedIn récent de la figure médiatique Jean-Marc Jancovici :
« ̏ Il faut que les États exercent une pression sur le capitalisme pour que ce dernier ait des activités qui soient compatibles avec la préservation de l’environnement. Il ne faut pas compter sur les chefs d’entreprise, dont ce n’est pas la logique, pour le faire spontanément, parce que la nature n’a pas de prix.̋ […] Ces propos sont tenus par un économiste de chez Candriam, une société de gestion d’actifs, qui appartient donc, au sens large, à la finance mondialisée libérale."
Il se trouve que, pas plus tard que le week-end dernier, j’ai défendu à peu près la même thèse au micro de RTL dans le cadre de ma chronique hebdomadaire, qui porte sur la finance verte.
[…] La voie à explorer est donc d’encadrer [le capitalisme] pour le forcer à rentrer dans le monde fini. Vaste, mais nécessaire programme. »
Jancovici cite un économiste, dont il fait siens les propos.
L'Etat n'existe pas, ce sont des Hommes et l'Homme n'est pas "bon par nature"
Quelques phrases qui contiennent à peu près toutes les erreurs énoncées plus haut. « Exercer une pression sur le capitalisme » par les « États » ou « encadrer » pour « le forcer à rentrer dans le monde fini », rappellent, au sens propre, des heures bien sombres de notre histoire. On pourra toujours rappeler aux auteurs que « l’État » n’existe pas, ce qu’ils semblent ignorer en dépit de leurs nombreux diplômes. Il existe des hommes, qui occupent des postes dans des administrations, et qui font appliquer des lois, au-delà de la morale. Ce qui peut rapidement tomber dans « la banalité du mal ». Croire que l’État non seulement existe, mais en plus est bon par nature et orienté vers le bien relève de la croyance mythologique archaïque.
Tout comme l’existence d’un « monde fini », qui n’est rien d’autre que la négation de l’homme.
On sait bien comment on « encadre », comment on « force », comment on « contrôle ». Par la propagande d’une part, notamment à l’école. Par la répression d’autre part, un jour avec le pass carbone, un autre avec le goulag.
Tout à leur projet de « préserver l’environnement » et de « sauver la planète », ces tristes sires sont bien décidés, ils ne s’en cachent pas, à éradiquer l’humanité si celle-ci refuse d’adhérer à leurs superstitions.
Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique.
Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique.
Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).