Dans une interview accordée à Autocar, le PDG de la branche scientifique de Toyota s’est exprimé au sujet des voitures 100% électriques. Selon lui, elles ne sont pas la seule solution.
« La voiture électrique n’est pas la réponse pour le monde entier actuellement ». Voici ce que répond Gill Pratt, PDG de la branche scientifique de Toyota Research Institute, quand on l’interroge sur l’avenir de l’automobile.
Alors que la marque japonaise mise avant tout sur la technologie hybride, elle commence à se lancer dans l’aventure du 100% électrique. Si ces premiers pas sont timides, c’est parce que l’entreprise ne voit pas cette solution comme miracle.
Connu pour son parcours scientifique (ministère de la Défense américain, enseignant-chercheur à l’Université, ingénieur), Gill Pratt dit se baser « sur des faits, et autant que possible sur la science » pour « parler de toutes les facettes du problème ». Et contrairement au PDG de Toyota qui est contre l’électrique, Gill Pratt estime qu’il n’existe pas de camp mais que toutes les solutions doivent être étudiées.
Pour lui, « le battage médiatique ferme les esprits » ce qui « mène à trop d’investissements sur une approche plutôt qu’une autre ». « C’est mauvais pour tout le monde » assure-t-il.
Les voitures électriques oui, mais pas partout
« J’accepte que pour des gens, l’électrique soit la bonne réponse » répond-il à Autocar lorsqu’on lui demande si l’électrique est une erreur. Ce qui le dérange, c’est l’obligation de passer à l’électrique dès 2035 partout en Europe. Cela ne laisse pas de marge de manoeuvres aux constructeurs et étouffe dans l’oeuf les recherches sur des technologies alternatives.
Toyota oblige (leader de l’hybride), Gill Pratt reconnaît que l’hybride rechargeable n’est « pas parfait » mais cela reste une solution intéressante. Il explique :
Nous pouvons utiliser les batteries à leur plein potentiel, et il n’y a aucune anxiété sur l’autonomie. C’est une solution qui peut attirer les gens vers des transports plus propres, plutôt que les forcer à changer bien qu’ils aient des craintes ».
Pour l’ingénieur, l’objectif de tous les constructeurs est de se rapprocher le plus possible du « zéro émission ». Mais, contrairement à certains de ses pairs, il admet qu’il ne s’agit ici que d’une notion, car le « zéro émission » n’existe pas. Il explique :
Les voitures « zéro émission » ne signifient pas zéro émission. Qu’en est-il de l’infrastructure ? Qu’en est-il de la génération d’énergie ? Qu’en est-il de la disponibilité des matériaux ?
Il est donc primordial selon lui d’adapter les solutions aux régions du monde. Par exemple, « en Norvège, la quantité d’énergie verte est si importante que les voitures électriques peuvent rouler très proprement, précise-t-il. Ils ont aussi investi massivement dans l’infrastructure de charge, donc il n’y a pas de problème là-bas » pour du 100% électrique.
« Mais si vous allez vers l’Europe de l’Est, l’équation n’est pas si bonne,tempère-t-il. Ces pays ont besoin d’y arriver, bien sûr, mais la création d’énergie aujourd’hui y est très dépendante du charbon. Et les infrastructures de recharge sont très en retard ».
Ainsi, selon Gill Pratt, le modèle Norvégien n’est pas applicable partout, notamment parce que tous les pays « n’ont pas les mêmes ressources naturelles ». Et de conclure :
« Cela signifie qu’il doit y avoir de meilleures manières de réduire la réduction des émissions que simplement fixer une date à laquelle nous passerons à l’électrique ».