L’énergie nucléaire civile a toujours fait l’objet de nombreuses controverses à tous les niveaux et parmi tous les acteurs de notre société, y compris dans la population elle-même. Ces débats parfois très vifs, pour ne pas dire convulsifs, s’intensifient aujourd’hui en France à l’occasion de la campagne présidentielle.
Mais de tout temps, les antinucléaires intégristes n’ont pas hésité à proférer des arguments trompeurs pour prêcher leur évangile et mystifier le peuple qui peut se laisser berner facilement faute de connaissances sur le sujet.
Face à cette vaste entreprise d’intoxication menée aujourd’hui par de véritables lobbies bien organisés, il est encore temps de rétablir la vérité sur les principaux sujets qui alimentent ces débats, en se basant sur des faits et des chiffres qui sont absolument incontestables.
« Il n’y pas de solution pour les déchets radioactifs »
C’est faux. Ce qu’il faut savoir c’est que les déchets radioactifs sont constitués essentiellement de deux grandes catégories. D’abord les déchets de très faible ou moyenne activité à vie courte ou moyenne qui sont soit recyclés soit conditionnés et stockés de façon sûre et pérenne dans des centres de stockage de surface dédiés.
Ensuite, les déchets de haute activité à vie longue qui renferment l’essentiel de la radioactivité des déchets nucléaires mais dont le volume est très faible : 0,2 % du total des déchets nucléaires stockés aujourd’hui en France, soit 4000 m3 (volume d’un hangar de 20 m de côté et de 10 m de haut).
Ils sont aujourd’hui noyés dans des matrices vitreuses pratiquement inaltérables et totalement inertes actuellement entreposées sans aucun risque à l’usine de retraitement de La Hague, dans l’attente de leur stockage définitif en formation géologique profonde. Il importe de noter sur ce point que, contrairement à ce qui est parfois affirmé, de tels stockages existent déjà dans le monde, comme le WIPP aux États-Unis qui est entré en service en 1991.
Cette solution est d’ailleurs reconnue par toutes les instances internationales comme celle qui est techniquement la plus sûre et éthiquement la plus responsable.
En effet, la très grande stabilité de ces formations à l’échelle géologique permet de garantir le confinement absolu de la radioactivité jusqu’à sa réduction à un niveau comparable à celui de la radioactivité naturelle. Néanmoins, les antinucléaires les plus radicaux s’y opposent farouchement non pas à cause du prétendu risque de ce type stockage mais du fait que sa mise en œuvre leur retirerait l’arme principale qu’ils utilisent pour abattre le nucléaire.
« Les centrales nucléaires sont dangereuses »
C’est faux. Les réacteurs nucléaires sont sans aucun doute le mode de production le plus sûr au monde, (y compris en tenant compte des deux accidents passés, Tchernobyl et Fukushima), rapporté à la quantité d’énergie produite et si on englobe toutes les phases de construction et les facteurs de production.
C’est une réalité démontrée par l’ensemble des études sur ce sujet au niveau national ou international. Et d’ailleurs, si on comptabilise le nombre de morts causés directement par le nucléaire depuis l’origine dans la population française on aboutit à un résultat simple et incontestable : ZÉRO.
« Le nucléaire constitue une grave atteinte à notre environnement »
C’est faux. Là encore il suffit d’examiner les conclusions de toutes les études publiées sur le sujet. Pour l’ensemble des critères tels que l’occupation des sols, l’utilisation des ressources naturelles, l’extraction et transformation des matières premières, dégagement de polluants chimiques, le nucléaire apparait comme l’énergie ayant l’impact le plus faible, et souvent de très loin.
Sans parler évidemment de l’émission de gaz à effet de serre pour laquelle le nucléaire est le meilleur élève même en comparaison du solaire ou de l’éolien et bien entendu du gaz qui émet cent fois plus de CO2 que le nucléaire.
À cet égard, il est surprenant de constater que presque la moitié des Français estiment que les centrales nucléaires contribuent beaucoup à l’effet de serre. Qui leur a inculqué cette monumentale bévue ?
« Le coût du nucléaire est bien plus élevé que celui des énergies renouvelables »
C’est archi-faux et honteusement mensonger. En effet, toutes les études non partisanes sur ce sujet démontrent que le nucléaire est compétitif par rapport aux autres formes d’énergies.
Citons par exemple l’étude très fouillée publiée en 2021 par RTE (Réseau de transport d’électricité), organisme d’État pourtant très circonspect vis-à-vis du nucléaire puisqu’il est sous la tutelle de la ministre actuelle de l’Environnement dont on connait l’attitude pour le moins hostile au nucléaire.
Cette étude énonce sans ambiguïté que parmi les six scénarios de neutralité carbone à l’horizon 2050 qui sont examinés, celui qui est le plus économique est celui dans lequel la part du nucléaire est la plus grande.
« On ne sait pas démanteler les réacteurs nucléaires »
C’est faux. Qu’on en juge. Près de 140 réacteurs nucléaires sont en cours de démantèlement dans le monde, dont 10 en France, et une vingtaine de réacteurs ont été entièrement démantelés. Le démantèlement complet des réacteurs nucléaires est donc non seulement réalisable techniquement, mais il bénéficie d’un retour d’expérience notable.
Par ailleurs, les coûts associés à ces démantèlements sont bien appréciés et ne représentent qu’environ 10 % du coût de construction des réacteurs. Ajoutons à cela que des provisions financières permettant de couvrir ces dépenses futures sont mises en place en France conformément à la réglementation.
« La France dépend totalement de l’étranger pour son énergie nucléaire du fait de ses importations d’uranium »
C’est Faux. En effet, le deuxième producteur mondial d’uranium, ORANO, est français. Il possède en propre un portefeuille de réserves en uranium réparti dans différents pays qui, au demeurant , sont géographiquement très diversifiés et politiquent stables pour la plupart.
De plus, EDF dispose d’un stock d’uranium sur le sol national correspondant à 5 années de production d’électricité, sans compter les 320 000 tonnes d’uranium appauvri stockées en France qui peuvent au besoin être réenrichies pour parer à toute crise majeure d’approvisionnements en uranium naturel.
Précisons par ailleurs que le coût de l’uranium représente à peine 2 % du coût total de l’électricité nucléaire.
Enfin, cerise sur le gâteau, les réacteurs de quatrième génération (que l’on sait déjà concevoir et construire) permettront tout simplement de se passer d’importation d’uranium.
« Le nucléaire civil favorise la prolifération du nucléaire militaire »
C’est faux. Certes, le nucléaire civil est né historiquement du nucléaire militaire dans les grands pays nucléaires. Mais l’inverse ne s’est jamais produit. Et d’ailleurs le plutonium généré par tous les réacteurs actuels est pratiquement inutilisable pour fabriquer des bombes atomiques.
Sur ce point, on peut prendre l’exemple de l’actualité, qui est celui de l’Iran. Ce pays a-t-il besoin de réacteurs nucléaires pour fabriquer éventuellement des bombes atomiques ? La réponse est non.
La meilleure conclusion à tout cela peut être trouvée au travers de cette phrase de Nietzsche :
« Le pire ennemi de la vérité n’est pas le mensonge, ce sont les croyances ».