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Le Blog de jlduret

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Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! Depuis Socrate, le devoir du penseur n’est pas de répéter la doxa du moment mais de la questionner.


Notre système électrique a failli craquer le 25 janvier

Publié par jlduret sur 3 Février 2022, 10:21am

Catégories : #EDF, #Panne électrique

par Lyon69, ancien cadre supérieur d’EDF.

Je suis en rogne, mais ça va passer. RTE était quasiment sur le point de délester le matin du 25 janvier, comme on peut le voir sur le relevé Eco2mix.

La puissance appelée n’était pourtant que de 85 110 MW à 8h45, c’est-à-dire très loin de ce qui arriverait par grand froid, et que nous importions 6 116MW, capacité maximum que pouvaient nous fournir les pays voisins qui ont été moins imprudents que RTE.

Il ne nous restait que 400 GW de turbines de pointes et malgré la faiblesse de notre stock d’énergie hydraulique, nous prélevions une pointe de 16 695 MW. Il n’était pas possible, de mon point de vue, d’aller au-delà en hydraulique. Et vous constaterez que nous avons continué à déstocker toute la journée sachant que le fil de l’eau n’est que de 2 500 MW.

Nous n’avions pratiquement plus de réserves primaires de réglage de fréquence et aucune réserve secondaire. Le moindre incident et RTE devait délester.

La France est en train de se libaniser, et si ENSTOE la place au dernier rang avec Malte ce n’est pas sans raison. Elle paie en ce moment et va payer longtemps, l’incompétence des présidents de RTE depuis 2015.

Il faut 50 ans pour bâtir un système électrique robuste. Il ne faut guère plus de 5 ans pour en détruire la robustesse et il faudra très longtemps (plus de 20 ans) pour retrouver la qualité du système électrique dont la France disposait en 2010.

La France a-t-elle failli en termes d’investissement ? Pas du tout. Elle a engagé près de 150 milliards d’€ en 20 ans. Mais elle s’est trompée sur les choix en mettant ces sommes gigantesques sur des électricités intermittentes qui sont toujours aux abonnés absents en hiver et en présence d’anticyclone. Elle a fait des choix purement idéologiques et non des choix rationnels qui l’auraient conduit à conserver Fessenheim et à ne pas arrêter près de 10 000 MW de thermique classique. Et elle s’est laissée abuser par des organismes dont la compétence est nulle, tels que Négawatt et l’ADEME.

Il serait temps pour les responsables politiques de faire le choix de la compétence et d’écarter les parasites grassement subventionnés.

Pour les électriciens qui connaissent le fonctionnement des alternateurs synchrones, la solution préconisée par la ministre Pompili de baisse de la tension est, dans ces situations très tendues, extrêmement dangereuse. En effet, quand elles sont au maximum de leur puissance active, les machines synchrones ont un déphasage entre le flux inducteur et le flux de contre-réaction de l’induit (appelé angle interne) presqu’au maximum. Baisser la tension consiste à réduire le flux inducteur et donc à accroître encore plus l’angle interne. Cela peut conduire au décrochage des alternateurs et à leur séparation en cascade du réseau. Et donc au black-out. On pouvait très bien le visualiser à l’époque sur le petit alternateur que l’école des métiers EDF de Gurcy mettait à la disposition des exploitants pour leur perfectionnement.

Et pendant ce temps, voici ce qu’était la production allemande à 16h. L’éolien y était à 5 000 MW pour 70 000 MW installés soit 7,1 %. À méditer par le président de la CRE et la ministre Pompili.

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