Il y a quelques semaines, je notais, consterné, que la transition écologique devenait doucement mais sûrement l’excuse facile et pratique pour tabasser juridiquement et fiscalement les automobilistes : moyennant une stigmatisation des voitures âgées ne répondant pas à des normes de plus en plus drastiques et déconnectées de la réalité, on allait enfin pouvoir interdire aux pauvres de se déplacer de façon autonome et ne laisser ce privilège qu’aux classes supérieures (celle qui votent comme il faut).
L’aventure ne pouvait bien évidemment pas s’arrêter là : la transition écologique entend s’appliquer à tous, partout, tout le temps, et donc bien évidemment jusque dans vos foyers.
Mise en place lors de la farce consternante de la Convention citoyenne pour le climat, en octobre 2019, la loi Climat et Résilience a été définitivement promulguée et publiée au Journal officiel, le 24 août dernier, et entend pousser l’écologisme un peu partout dans tout le secteur de l’immobilier en France : au vu du succès retentissant des bonnes idées écologiques en matière alimentaire, de déplacements ou d’énergie, il aurait été dommage que les secteurs de la propriété foncière ou de la construction ne soient pas eux aussi copieusement sabotés par les lubies européennes et françaises en matière d’écologie.
Au-delà des habituels hochets propagandistes (par exemple l’éducation à l’environnement dans les établissements scolaires, comme si ça manquait !) que cette loi introduit bien évidemment aux forceps, son objectif prétend être de lutter contre les passoires thermiques, ces affreuses constructions âgées qui ont, outre le mauvais goût de ne pas être des cubes de béton new-âge avec de mauvais bardages en bois virant au gris à la moindre intempérie, le désavantage d’avoir été isolées avec les savoirs d’un autre-temps dans lequel on partait du principe qu’on disposerait, progressivement, de sources d’énergies de plus en plus abondantes et sûres.
Pari ancien et forcément idiot alors que l’Humanité sortait de l’économie de pénurie pour entrer dans celle d’abondance avec un nucléaire peu coûteux et terriblement efficace : tout le monde sait que rien ne bat les moulins à vent à l’arrêt et les panneaux photovoltaïques poussiéreux et qu’il vaut toujours mieux adapter sa consommation d’énergie au moins disant plutôt qu’adapter la production, comme le montrent tous les pays du tiers-monde vers lesquels la France se tourne et se dirige en petites foulées bondissantes.
En oui : dans trois ans, 600.000 logements vont devenir impropres à la location.
Mais le génie de nos législateurs et de nos politicards ne s’arrête pas là : pour qu’une partie de ces logements retrouve sa qualité de louable, il faudra faire des travaux. Les propriétaires, ces gros rentiers en haut-de-forme aux cigares dodus et au ventre bedonnant n’auront bien évidemment aucun mal à trouver l’argent pour les lancer, surtout que l’actuelle pénurie de main-d’œuvre dans les métiers du bâtiment n’existe pas, tout comme celle des matériaux de construction.
En somme, cette loi finement ouvragée arrive au meilleur moment : en créant de façon totalement artificielle des pénuries et de lourdes contraintes supplémentaires au moment où l’on manque de matériaux, de bras et de logements, on peut garantir que les difficultés des Français à se loger décemment vont largement s’accroître.
Actuellement, les familles modestes doivent déjà ruser pour s’en sortir entre les malus prohibitifs sur leur véhicule, le coût stratosphérique de son carburant, les incessantes pluies d’impôts et de taxes et le renchérissement de la vie courante lié à une gestion catastrophique de la monnaie et de la dette. Les Gilets Jaunes n’en furent d’ailleurs qu’une expression concrète.
Grâce aux efforts constants d’une poignée d’idéologues cossus et citadins, déconnectés des réalités de la France d’en bas, ces familles modestes vont maintenant aussi devoir lutter comme jamais auparavant pour simplement se loger.
Forcément, ça va bien se passer.