Par Rémy Prud’homme, professeur des universités (émérite)
L’évolution du climat s’apprécie sur des années ou des décennies, pas sur des jours ou des semaines. Mais les Verts ont fait un usage si fréquent des canicules qu’ils ne nous en voudront pas de suivre leur exemple !
On peut donc dire que les écologistes sont en passe de gagner la guerre qu’ils mènent avec vigueur et constance contre le réchauffement de la planète.
Les COP, les interdictions, les taxes sur les produits carbonés, les subventions massives aux renouvelables intermittents, etc. ont enfin porté leurs fruits : il n’a jamais fait aussi froid.
Les pays chauds ne sont pas épargnés. Il a neigé au Sahara. Athènes est couvert de neige ; l’ambassadeur de Norvège en Grèce, qui avait heureusement emporté une paire de skis dans ses bagages, les a chaussés pour accéder au Parthénon. Le Texas, l’Etat le plus tropical des Etats-Unis, a été paralysé par des températures glaciales (-17 °C à Dallas); ne parlons pas du Wisconsin, où le nouveau président des Etats-Unis, qui s’était imprudemment rendu pour vendre sa politique climatique, a échappé de peu à une pneumonie.
Rares sont les politiques publiques qui atteignent, et a fortiori dépassent, leurs objectifs. C’est pourtant ce qui se produit en matière climatique. Il faut saluer ce succès. Les sceptiques qui doutaient de l’opportunité ou de l’efficacité des mesures engagées en seront pour leur frais. Le Tribunal administratif de Paris qui a condamné le gouvernement français pour action insuffisante va sans doute reconnaître son erreur, et rendre au Trésor les quatre euros de l’amende qu’il a décidée, voire huit euros, deux fois la différence.
Les écologistes ne vont pas pour autant cesser leur combat. Ils vont modifier les objectifs de leur « lutte », qui va dorénavant viser le « refroidissement » et non plus le « réchauffement ». Ils le feront sans se renier : n’ont-ils pas toujours prêché le djihad contre le « changement » climatique ? La neige d’Athènes en souligne l’urgence au moins autant que les canicules. Davantage, sans doute, car le froid tue plus que le chaud : 60 morts au Texas au cours des derniers jours.
Enfin, la vague de froid des semaines passées nous a appris quelque chose que beaucoup d’entre nous ignoraient : les renouvelables intermittents s’accommodent fort mal du frimas.
La neige recouvre les panneaux photovoltaïques, qui cessent de produire de l’électricité (même lorsqu’il y a du soleil). Le froid gèle les turbines (ou les pales) des éoliennes, et les empêche de fonctionner : au Texas, le froid (pas le vent) a brutalement réduit la part de la production d’électricité éolienne de 42% à 8%.
Au moment précis où la demande d’électricité augmente fortement, l’offre d’électricité renouvelable diminue encore plus fortement. L’exemple des Etats-Unis, mais aussi de l’Allemagne et du Royaume-Uni, le montre abondamment : là ou la part des renouvelables dans le bouquet électrique (ainsi parlent les électriciens-poètes) est élevée, la sécurité d’approvisionnement est menacée par les vagues de froid. Les responsables des réseaux pratiquent alors des coupures, ou/et ont recours à des centrales au charbon ou au fuel.
Le roi Ubu – dont la « pompe à phynance » est du coûte-que-coûte avant la lettre – dira qu’un peu plus de rejets de CO2 limitera le refroidissement climatique.