Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Blog de jlduret

Le Blog de jlduret

Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! Depuis Socrate, le devoir du penseur n’est pas de répéter la doxa du moment mais de la questionner.


Extension du domaine du fichage : où finira la toile d'araignée ?

Publié par jlduret sur 5 Janvier 2021, 20:17pm

Catégories : #Fichage, #PASP, #EASP

Extension du domaine du fichage : où finira la toile d'araignée ?

Jack Dion

 

Le Conseil d'Etat a validé l'extension du fichage aux opinions politiques, syndicales, et religieuses comme si de telles pratiques ne présentaient aucun risque pour la démocratie. 
 

Du haut de la stature morale que leur confère leur statut, les membres du Conseil d’État ont tranché : non, les décrets pris par le gouvernement le 4 décembre dernier afin d’élargir le fichage des opinions politiques, des appartenances syndicales et des données de santé, au nom de la sécurité publique ou de la sûreté de l’État, ne sont pas attentatoires aux libertés.

Des organisations syndicales et des associations de défense des droits de l’homme avaient dénoncé la « dangerosité » de ces pratiques. Le Conseil d’État leur répond : circulez, y’a rien à voir. S’il n'y a rien à voir, cependant, il y a beaucoup à ficher.

Jusqu’ici, avant de recruter des fonctionnaires sur des postes sensibles, on pouvait recenser leurs « activités ». Rien à dire. La France a payé pour savoir qu’on ne rigole pas avec les risques terroristes. Désormais, on ne prendra plus seulement en compte les faits et gestes de tel ou tel individu, mais ses opinions, ce qui risque forcément de déboucher sur le délit du même nom.

Le délit de mauvaise pensée

En effet, les forces de l’ordre seront habilitées à ficher les « opinions politiques », les « convictions philosophiques et religieuses » et « l‘appartenance syndicale », comme si ces divers éléments constituaient des signes extérieurs d’une éventuelle radicalisation criminelle ou d’un basculement potentiel dans l’univers du terrorisme. On passe du délit de sale gueule au délit de mauvaise pensée.

Puisque l’appétit vient en mangeant, le gouvernement a même prévu que les identifiants, photos et commentaires sur les réseaux sociaux seront également inscrits sur les fameux fichiers, de même que les troubles psychiatriques, à croire que la névrose relève de l’insécurité de l’État. Cerise sur le gâteau : les personnes morales – donc les associations et les syndicats – seront également visées. À ce compte-là, un syndicaliste devient un suspect ; un pétitionnaire, une cible ; un esprit iconoclaste, un djihadiste en puissance.

Si l’on sait où commence cette toile d’araignée, nul ne sait où elle finit. Il y a donc de quoi s’en inquiéter sans pour autant être suspecté de basculer dans l’univers conspirationniste de ceux qui devinent l’ombre de « Big Brother » à chaque coin de rue.

Une peinture autoritariste

Certes, la lutte contre le danger terroriste n’est pas des plus simples à mener. Elle impose des mesures parfois difficiles à concilier avec les principes démocratiques. Mais ce n’est pas en empilant les décrets liberticides et les lois d’exception qu’on réglera le problème. La France est depuis longtemps dotée d’un arsenal législatif conséquent en la matière, qu’il suffit d’appliquer avec toute la rigueur et les moyens nécessaires.

Malheureusement, au fil du temps, les gouvernements successifs ont ajouté sur les murs publics de nouvelles couches d’une peinture autoritariste guère reluisante, devenue la marque de fabrique du macronisme. La sanglante répression des Gilets Jaunes en a témoigné avec un éclat tout particulier.

L’État d’urgence est devenu permanent, jusqu’à cette loi dite de «sécurité globale» qui ne sécurise rien mais relève d’une obsession coupable pour la surveillance généralisée, à croire que les ennemis de l’intérieur se reproduisent comme des lapins.

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a jugé bon de préciser qu’il n’était pas question de « créer un délit d’opinion ». Vu son passé et son passif, il n’est pas sûr qu’il soit le mieux placé pour rassurer qui que ce soit.

En savoir plus ici

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents