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Le Blog de jlduret

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Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! Depuis Socrate, le devoir du penseur n’est pas de répéter la doxa du moment mais de la questionner. Sans cette liberté d’exprimer opinions et pensées, point de démocratie.


Covid : revenir aux fondamentaux de la santé publique

Publié par jlduret sur 7 Novembre 2020, 22:07pm

Catégories : #Covid

Covid : revenir aux fondamentaux de la santé publique

Lu ici

C'est un motif ignoré du grand public que la gestion en cours de la crise sanitaire transgresse de manière injustifiée les principes éprouvés et meilleures recommandations ("best practices") en santé publique. 

 

La plupart des mesures "lourdes" qui nous sont imposées ne reposent ainsi sur aucune science solide, n'ont jamais été pensées ou proposées auparavant, et constituent à l'inverse des expérimentations hasardeuses et à haut risque. Ceci alors que leurs dommages "collatéraux" (maintes fois évoqués sur les pages de ce blog) sont aussi massifs qu'effrayants.

Et que sur les objectifs visés ("lissage" des courbes épidémiques, soulagement des flux hospitaliers), l'hypothèse forte aujourd'hui est que ces mesures sont non seulement inopérantes mais même contre-productives.

Bien des gens aujourd'hui, convaincus par exemple de bonne foi -mais à tort- que le port généralisé du masque et le confinement sont des mesures utiles, s'y rallient et les réclament sans du tout se douter de leur violente irrationalité !

C'est dire s'il est important que des spécialistes et experts s'expriment haut et fort pour rappeler les fondamentaux en santé publique et appeler au retour du bon sens.

C'est le sens de l'appel lancé par Elisabeth Paul (chargée de cours à l'École de santé publique de l'Université Libre de Bruxelles) et Jean-Louis Lamboray (co-fondateur de l'organisation Constellation ASBL) et co-signé par un prestigieux panel de scientifiques belges.

Un tel appel se doit de résonner aujourd'hui dans tous nos pays martyrisés par une gestion invraisemblablement brutale et hasardeuse de la situation épidémique.

Merci donc à ses auteurs et signataires et à nous tous désormais d’œuvrer pour ramener nos autorités (en pleine dérive autoritaire et pseudo-scientifique) à la raison !

Comment « vivre avec » la pandémie de Covid-19 sur le long terme ? Quelle stratégie adopter pour éviter de « jouer à l’accordéon » indéfiniment, avec un nouveau confinement à chaque nouvelle vague qui menacerait de dépasser les capacités des services de santé ?

Nous proposons qu’à l’instar de ce qui se fait pour d’autres pandémies, les autorités adoptent une approche plus ciblée et posent le cadre d’un pacte social approprié et mené à bien par les citoyens. Plutôt que de nourrir l’illusion du combat contre un virus, il s’agit de donner la priorité au maintien de la santé et à la protection rigoureuse des populations vulnérables, et d’éviter ainsi d’imposer au reste de la population des mesures aux effets directs modestes mais aux conséquences sociales, sanitaires et économiques considérables.

Cette proposition est rationnelle, équitable et durable :

– les mesures de confinement ne font que retarder la circulation du virus. Malgré tous les efforts consentis, celle-ci reprend dès la levée des mesures et que les conditions environnementales s’y prêtent. Il convient donc d’organiser la prévention des formes graves et potentiellement mortelles de Covid-19 en concentrant les ressources – par définition limitées – à la prévention rigoureuse de la transmission aux personnes vulnérables ainsi qu’au renforcement global de leur « terrain » sanitaire.

– cette proposition tient compte des effets nets. Toute intervention de santé engendre non seulement des effets directs, mais aussi des effets indirects, souvent négatifs, qui viennent s’ajouter à ses coûts financiers. Ainsi, les mesures visant à ralentir la transmission du virus dans les populations non vulnérables telles que les communautés scolaires ont des effets positifs directs limités sur la morbidité grave liée au coronavirus, mais ont des coûts très importants en termes d’apprentissage scolaire et de socialisation des élèves.

– le pacte inscrit la stratégie Covid-19 dans le contexte général de l’état de santé de la population. Si le Covid-19 possède un caractère d’urgence hors du commun, il s’inscrit dans un panorama beaucoup plus vaste de problèmes de santé. En outre, la pollution atmosphérique, le diabète, l’excès pondéral et le déficit en vitamine D augmentent considérablement le risque de développer une forme grave de Covid-19 – mais aussi toute une série d’autres maladies. Agir sur ces facteurs permettrait de remplir tant l’objectif général de santé que l’objectif spécifique lié au Covid-19.

Pour améliorer la qualité du pacte social et assurer l’adhésion à sa mise en œuvre, l’élargissement du débat est indispensable afin de s’ouvrir à la multiplicité des points de vue. Ce débat permettra de répondre à la question fondamentale de ce qui constitue notre essence et notamment la nature de nos activités essentielles. Sommes-nous de simples variables au service de la croissance économique ? Ou serions-nous essentiellement des êtres-en-relation, à soi, aux autres, à la nature ? Les autorités considèrent-elles les citoyens comme de simples consommateurs de produits et de services ou au contraire, comme des êtres capables d’arbitrages en vue du bien-être collectif ?

A condition qu’il porte sur les aspirations communes à la santé, le débat devrait mobiliser les motivations universelles de toute société selon trois principes :

– l’autonomie : Les personnes vulnérables sont capables de discernement afin de se prémunir contre les contaminations tout en maintenant leurs relations familiales et sociales.

– l’altruisme : Les personnes qui ne sont pas vulnérables se soucient de la qualité de la vie des personnes qui le sont.

– l’intelligence collective : Le dialogue local permet de donner une réponse pragmatique aux enjeux posés par le COVID-19 dans chaque contexte.

La balle est dans le camp du gouvernement. Afin de mobiliser toute la Belgique autour d’une stratégie durable, efficace et équitable, il pourrait :

– énoncer clairement sa décision d’opérer la transition de la « guerre au virus » vers la promotion de la santé et la protection des plus vulnérables basée sur les principes énoncés ci-dessus.

– lancer un débat national sur les modalités de cette transition. Ce débat pourrait impliquer non seulement les élus (parlements, conseils communaux) mais aussi des représentants engagés des citoyens (associations de personnes âgées, de lutte contre les maladies chroniques, la pollution atmosphérique…).

– confier à une ou plusieurs personnes indépendantes l’organisation d‘un véritable débat d’experts sur les modalités de protection des personnes vulnérables par les services de santé. Afin d’assurer leur crédibilité, les institutions publiques et les experts devraient au minimum divulguer et autant que possible mettre fin à leurs conflits d’intérêts avec les entreprises privées impliquées dans la réponse au COVID-19 (laboratoires privés, multinationales pharmaceutiques, fondations liées à ces intérêts).

– limiter la distanciation physique et le port du masque aux espaces confinés partagés avec des personnes vulnérables, tout en maintenant les mesures d’hygiène générales en toute circonstance et en renforçant les mesures de protection des personnes vulnérables (test régulier des soignants).

– développer des stratégies appropriées pour que l’ensemble du système de santé soit mieux en mesure de prévenir et de faire face aux accroissements d’urgences médicales.

– transformer la communication actuelle basée sur la peur pour faire appel aux motivations profondes et à la prise de conscience individuelle et collective de notre capacité à vivre avec le coronavirus.

*Cosignataires  : Aline Labat (chercheur en santé publique), Amandine Oleffe (chercheur en santé publique), Anne Brouha (médecin), Bernard Rentier (professeur et recteur honoraire, ULiège), Bert De Munck (historien), Céline Mahieu (chargée de cours ULB), Christine Frison (chargée de recherches FNRS UCLouvain), Jacques Laruelle (médecin de santé publique), Jean-Pierre Lahaye (médecin de santé publique), Jean-Pierre Noterman (médecin de santé publique), Mélanie Dechamps (Chef de clinique adjoint soins intensifs UCLouvain), Olivier Manigart (médecin), Pierre Huygens (expert senior en santé communautaire), Pierre-François Laterre (Chef de service soins intensifs UCLouvain), Pol Jansegers (médecin de santé publique), Remo Meloni (Médecin de santé publique)

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