Les feux de forêt de grande ampleur qui se sont déclenchés en Californie ces derniers jours évoquent d’autres feux récents et tout aussi graves, en Australie fin 2019 et en… Californie encore, en 2018.
S’agissant d’environnement, vers les questions compliquées l’on vole souvent avec des idées simples. Le coupable, bien sûr, ne peut être que ce diable de « dérèglement climatique ». L’argument est d’une clarté aveuglante : il fait plus chaud, donc les forêts s’enflamment plus facilement.
Un zeste de culpabilité plus tard, nous voilà donc enjoints une nouvelle fois à la flagellation carbonique. Autre preuve : Donald Trump a explicitement nié le lien entre les feux californiens et la question climatique, or comme chacun sait, le président américain se trompe toujours sur tout.
Ces raisonnements imparables n’ont qu’un tout petit défaut : ils ne résistent pas à l’épreuve des faits.
Chacun conviendra qu’avant d’accuser un réchauffement d’être la cause de quelque chose, il faut qu’il y ait effectivement un réchauffement ! Certes, dira-t-on, la température globale de la planète s’est un peu élevée depuis un siècle… mais en moyenne seulement.
Mais peu importe aux arbres et aux herbes de Mendocino, de Santa Rosa ou du Yosemite que la planète dans son ensemble soit un peu plus chaude qu’il y a cent ans. Pour savoir si la végétation californienne est davantage susceptible de brûler à cause de la chaleur, ce qui importe est l’évolution de la température chez eux. À Mendocino. À Santa Rosa. Au Yosemite.
Surprise : les températures dans ces endroits de Californie qui ont connu des feux importants ces dernières années n’ont rien de bien remarquable à l’échelle du dernier siècle écoulé.
Quoi que l’on pense de la réalité, de l’ampleur, de l’origine ou des conséquences du réchauffement global, celui-ci ne peut donc pas servir d’explication ici.
En réalité, ces feux ont des causes locales
Et n’ont rigoureusement rien à voir avec l’éventualité que vous preniez votre voiture le matin pour vous rendre au travail. Évidemment, les autorités tout aussi locales de Californie n’ont guère intérêt à le reconnaître : tant que les électeurs sont convaincus que « c’est la faute au climat », ils ne posent pas trop de questions sur la gestion du patrimoine forestier.
Aujourd’hui, un grand nombre de feux sont provoqués dans une intention criminelle, ou bien le résultat d’une négligence.
Cette dernière n’est pas toujours l’œuvre de campeurs inconscients : le terrible Camp Fire de 2018 en Californie avait pour origine une défaillance dans un fil électrique mal entretenu par la compagnie locale.
Une autre cause importante est une politique incohérente qui consiste à laisser la forêt trop prospérer (parce que « brûler ou couper des arbres, c’est mal »), stockant ainsi de plus en plus de combustible qui, à la moindre étincelle, se révèle une bombe à retardement.
C’est ce qui s’est passé cette fois-ci. La même politique désastreuse avait été à l’origine des feux en Australie de l’an passé.
Les vrais professionnels ne sont donc pas surpris. Les professionnels de la récupération, eux, peuvent se contenter de leur nouvel os à ronger.