Par Vincent Courtillot et Benoît Rittaud
Le 2 décembre 2019 le journal Les Echos publiait un article intitulé « COP 25 : cinq preuves que le dérèglement climatique est déjà là ». Vincent Courtillot, géophysicien membre de l’Académie des sciences et Benoît Rittaud mathématicien, président de l’association des climato réalistes réfutent ici ces cinq allégations.
NDLR : Faut il être inculte de l'histoire de la Terre pour imaginer qu'un jour le Climat a été "Réglé" ?
Contrairement à ce qui est trop souvent affirmé sans vérification, il existe en France et dans le reste du monde des individus de toutes tendances politiques, issus de tous les milieux, de formations diverses diplômantes ou non, dont la bonne foi ne peut être contestée et qui ne partagent pas nombre des certitudes répétées à l’infini par presque tous les media concernant les fluctuations du climat de notre planète, les causes de ces fluctuations et donc les solutions à mettre en œuvre.
On dit trop souvent que les climato réalistes nient le réchauffement climatique, ce qui est faux. Nous contestons l’importance supposée du rôle du CO2 dans cette augmentation. On nous nomme trop souvent par dérision « Climato sceptiques » .
Nous préférons l’appellation « Climato réalistes » !
Nous aurions en fait pu choisir l’appellation « les vrais écologistes » . Nous sommes parfaitement conscients que de grands défis attendent l’humanité dans tous les domaines du devenir environnemental de la planète dont les limitations de certaines ressources et les pollutions non encore maîtrisées.
Mais nous sommes opposés au recours à des arguments scientifiques encore trop incertains et pourtant utilisés pour prédire des catastrophes. La majorité de la population fait actuellement confiance à des décisions très lourdes sans avoir la possibilité d’en vérifier le bien-fondé.
Comme exemple d’erreurs manifestes véhiculées pourtant avec une grande certitude, nous renvoyons à un article du 2 décembre du journal Les Echos qui relayait cinq « preuves » du dérèglement qui serait déjà en cours. Il nous semble facile de démontrer, dans un langage pas trop technique et en faisant parfois appel au bon sens, qu’aucune de ces preuves n’est valable.
1 – Records de chaleur
Les Echos: Les quatre dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète.
C’est vrai si l’on se contente de regarder les derniers 150 ans. Mais si l’on regarde les derniers 2000 ans, la période de l’optimum climatique du Moyen-Age (autour du 12ème siècle) était semblable.
Plus près de nous, l’enregistrement des températures montre un réchauffement de même amplitude et de même vitesse entre 1910 et 1940 (peu de CO2 relâché dans l’atmosphère) et entre 1970 et 2000 (beaucoup plus de CO2 ).
Et depuis 20 ans, alors qu’il n’y a jamais eu autant de CO2 relâché dans l’atmosphère par l’humanité, la température moyenne est restée stable, contrairement aux prédictions de la plupart des modèles. Enfin les températures autour de 2016 sont affectées par un événement chaud dit El Nino qui est météorologique et non climatique.
Rien qui prouve qu'un "dérèglement" climatique soit déjà là.
2 – Catastrophes multipliées
Les Echos: Canicules exceptionnelles en Europe, incendies monstres en Sibérie ou en Australie, cyclone Idai au Mozambique, Venise sous l’eau … Même s’il est difficile d’attribuer une catastrophe spécifique au dérèglement climatique, la multiplication déjà en cours des phénomènes extrêmes reflète les prévisions des scientifiques. Et l’avenir sera encore plus sombre.
Aucune étude scientifique (statistique) publiée et vérifiable n’indique que les événements extrêmes récents soient uniques dans l’histoire, soient sans précédent à l’échelle des siècles et des millénaires, ni ne soient en augmentation.
Tout repose sur des modèles informatiques hypothétiques; ce sont donc des hypothèses. Au cours des années récentes nombre de ces prédictions se sont révélées fausses. Même les rapports du GIEC reconnaissent que les nombreuses annonces de phénomènes « sans précédent » sont sans valeur statistique sérieuse.
3 – Trop de CO2
Les Echos: Selon un rapport de l’ONU publié cette semaine, les émissions de CO2 ont progressé en moyenne de 1,5 % par an ces 10 dernières et elles ne donnent aucun signe de ralentissement, alors qu’il faudrait qu’elles baissent de 7,6 % par an, chaque année entre 2020 et 2030 pour espérer respecter la limite de +1,5 °C.
Ceci repose sur des modèles et donc des hypothèses. Presque tous les modèles informatiques ont prédit pour les années récentes des augmentations de température plus élevées que celles finalement observées. Ce n’est en rien une preuve d’un dérèglement du climat.
4 – La glace fond, l’eau monte
Les Echos: Selon le Giec, le niveau des mers a augmenté de 15 cm au XXe siècle. Le rythme de cette élévation s’accélère et le niveau des océans continuera à monter pendant des siècles, menaçant des zones côtières peu élevées où vivront d’ici 2050 plus d’un milliard de personnes.
Le niveau a en effet monté de 15 à 20 centimètres au 20ème siècle. Cette hausse est continue et naturelle. Depuis le dernier maximum glaciaire il y a 18000 ans, le niveau a augmenté de 125 mètres! Toutes nos civilisations se sont développées pendant cette période de net réchauffement. Même si la montée continue au 21ème siècle et même si elle accélère un peu pour atteindre 30cm, comment penser qu’avec de la volonté, du travail, des moyens et des compétences scientifiques et techniques, on ne saura pas y faire face sans panique?
5 – Un million d’espèces menacées
Les Echos: L’Homme (…) conduit en parallèle à un déclin de la nature plus rapide que jamais. (…) 75 % de l’environnement terrestre et 66 % de l’environnement marin sont dégradés. Résultat, un million d’espèces animales et végétales sont en danger de disparition.
On dit parfois que nous sommes dans la 6ème extinction majeure (depuis 500 millions d’années)! C’est ridicule.
La dernière grande extinction il y a 65 millions d’années (la fin des dinosaures) a vu disparaître plus de 60% des espèces, donc des millions d’espèces et une grande part de la population des espèces survivantes, dont nos ancêtres. Des études récentes ont montré qu’il y a sans doute sur terre plus de 10 millions d’espèces d’êtres vivants.
Les actions combinées de l’environnement et de l’humanité ont sans doute entraîné depuis 10000 ans la disparition de quelques espèces, mais leur nombre (mal connu) est minuscule par rapport à ce qui se passe lors d’une extinction en masse. Et on découvre chaque année des centaines d’espèces auparavant inconnues.
De toutes manières ceci est sans rapport avec le CO2 .
Ces 5 « preuves » sont donc pour l’essentiel fausses.
Les variations récentes et actuelles sont compatibles avec une origine naturelle et il n’y a pas de preuve que le système soit déréglé.
L’attention devrait plutôt se focaliser sur les pollutions (réellement anthropiques) de l’environnement, sur la couverture des sols, sur la surpêche ou les plastiques, qui elles sont bien certaines.
Il est clair que de nombreux problèmes environnementaux existent mais aussi qu’il est inutile de brandir des affirmations trop incertaines, voire fausses, pour que les populations acceptent de réagir de façon pertinente et intelligente. Ne nous trompons pas de priorités dans le choix des actions indispensables à mener.
Nous courons le risque que, dans quelques dizaines d’années, les prévisions catastrophistes des tenants de l’opinion aujourd’hui majoritaire ne se réalisant pas, les politiques aient, sur les conseils des scientifiques et encouragés par les media, consacré des moyens considérables à tort, délaissant des urgences bien plus certaines (à celles citées plus haut on peut ajouter la recherche d’eau potable, le traitement des déchets, l’éducation des jeunes femmes en Afrique notamment,…).
La confiance dans les compétences des experts, des politiques et des media en sera durablement atteinte et avec elle la rationalité dans la conduite des affaires. Préservons au moins la possibilité du débat, essentiel en sciences et sans lequel le totalitarisme menace.