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Le Blog de jlduret

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Pensez juste ou pensez faux mais pensez par vous-même ! Depuis Socrate, le devoir du penseur n’est pas de répéter la doxa du moment mais de la questionner.


Sauver la planète ? Il vaudrait mieux la connaître pour agir efficacement !

Publié par jlduret sur 5 Novembre 2019, 12:33pm

Catégories : #Manifestation climat

Sauver la planète ?  Il vaudrait mieux la connaître pour agir efficacement  !

Vu ici

"C’est justement parce que les problèmes inédits et complexes auxquels l’humanité est confrontée sont d’une évidente gravité qu’on peut s’inquiéter de voir ceux qui devront les résoudre les aborder avec ce déficit de connaissance rationnelle et de maîtrise sensible", argumente Jean-Yves Chevalier.

On a récemment proposé à des étudiants de classe préparatoire aux Grandes Écoles de répondre à un questionnaire portant, entre autres, sur des savoirs de base, de ceux qui faisaient jadis le fonds de commerce de l’école primaire : « combien y a-t-il de litres dans un mètre cube d’eau ? », « quel est le rayon de la Terre ? ».

Les réponses ont surpris. A peine plus de la moitié des étudiants ont validé les 1000 litres du mètre cube : on a trouvé 1l, 3l, 10 l, 0,001l… Un rayon de la Terre raisonnable (entre 6000 et 7000 km) n’a été proposé que par un quart d’entre eux.

Les réponses absurdes allant de 100 km à 100 millions de km ont été nombreuses et, malheureusement, pas à mettre sur le compte de plaisanteries de potaches.

 

 

Bien sûr, cette expérience souligne d’abord le grand délabrement de l’Éducation nationale (inutile de préciser que tous ces étudiants ont obtenu un bac scientifique mention très bien), mais ce n’est pas ici le sujet. Elle témoigne de la difficulté d’aborder le monde réel avec le minimum de rationalité nécessaire, de manier des ordres de grandeur ou de faire le lien entre ce qui est demandé dans un cadre scolaire et un simple sens pratique (quand on prend une douche ou l’avion). On invite à faire l’expérience autour de soi.

L'ignorance crasse

Quand on demande à ces jeunes quelle espèce d’arbre de nos régions perd ses feuilles en dernier ou les renouvelle après les autres, ils ouvrent de grands yeux, surpris de la question.

D’ailleurs la quasi-totalité d’entre eux seraient incapables de reconnaître un chêne dans une forêt. On ne peut leur reprocher de ne pas avoir lu Proust, mais les fleurs d’aubépine leur sont étrangères, comme l’odeur des lilas au mois de mai.

Quant à savoir si ce sont les cerisiers, les pommiers ou les pruniers qui fleurissent en premier au printemps, connaître le nom des fleurs, c’est trop demander. Ce n’est pas seulement l’approche rationnelle et objective du monde qui les entoure qui leur fait défaut, c’est aussi l’approche sensible.

Surtout des urbains

Urbains, ils n’ont eu que rarement l’occasion de graver en eux le rythme des saisons, le souffle des tempêtes ou l’odeur du foin coupé (et s’ils ont dû passer des vacances à la campagne, c’est souvent pour s’y livrer à des activités peu en rapport avec la contemplation, tout en gardant en permanence un écran disponible). Ce rapport à la nature n’a pas non plus en général été médiatisé par la lecture, l’anémone et l’ancolie n’ont pas poussé dans leur jardin.

Pourtant quand on les interroge sur leur avenir professionnel, le sens qu’ils souhaitent donner à leur vie, beaucoup répondent qu’ils sont « motivés » pour s’investir dans un projet de développement durable.

Leurs sources de préoccupation – qui est vive et sincère - sont la préservation du climat et de la planète. Leur méconnaissance des données réelles et sensibles du monde qui les entoure ne les empêche pas de s’inquiéter pour une nature assez abstraite et éloignée, une déesse invisible et menacée.

On veut sauver quoi ?

Le vocabulaire l’indique : on veut sauver « le » climat, et non « les charmants climats » baudelairiens, « la planète » et non la Terre. Ils ne font pas face à des problèmes concrets, mesurables, mais à une menace d’autant plus terrifiante qu’elle est diffuse et qu’on a du mal à la nommer, la cerner. Le problème des ressources en eau, mais le mètre cube ? La déforestation, mais quels arbres ? Tant d’hectares de forêt disparus, mais qu’est-ce qu’un hectare ?

C’est justement parce que les problèmes inédits et complexes auxquels l’humanité est confrontée sont d’une évidente gravité qu’on peut s’inquiéter de voir ceux qui devront les résoudre les aborder avec ce déficit de connaissance rationnelle et de maîtrise sensible.

Dérive sectaire en vue

Il les condamne, d’une part, à l’impuissance et les rend, d’autre part, disponibles pour une dérive idéologique, religieuse voire mystique ou sectaire. Car si les problèmes sont inédits, les discours qu’on entend ne le sont pas tant que cela.

Le médiologue sait bien que le progrès technologique, les nouveaux moyens de communication (les réseaux sociaux) peuvent très bien s’accommoder d’un retour de l’archaïque (qui « n’est pas le révolu mais le sous-jacent »). La mise en accusation des politiciens, des anciennes générations accusés d’inaction (quand parfois la seule action effective consiste à condamner l’inaction) résonne un peu comme un appel à la confession de leurs fautes.

Les clowns

Quand on voit Lewis Hamilton, champion du monde de Formule 1, faire une conférence de presse pour affirmer qu’il a vendu son jet, n’utilise plus de plastique et vient d’acheter une Smart électrique, on a l’impression d’assister au Bûcher des Vanités, quand Botticelli apportait lui-même ses toiles à Savonarole pour les brûler.

Tout discours sur « la fin du monde » réactive des prédications sectaires qu’on croyait enfouies et qui peuvent apparaître comme neuves à des jeunes privés d’une véritable culture scientifique, historique, littéraire et sensible

La nourriture

On peut être soucieux de l’impact de l’élevage sur l’environnement sans obéir aux injonctions placardées dans Paris : « Ton frigo pue la mort, deviens végan ».

Cet appel à la conversion nous plonge au moins autant en plein cœur du XIIIème siècle qu’au XXIème. On songe aux cathares pour qui le fait de tuer un animal était la commission d’un meurtre. Des cathares ont été dénoncés à l’Inquisition car ils refusaient de tuer des poules (L214 fait la même chose, mais en sens inverse).

Il paraît que manger de la viande équivalait, en pays cathare, à être catholique. Vu l’état du catholicisme, on peut comprendre que ses vieux ennemis relèvent la tête. Ce végétarisme intransigeant n’est pas le seul signe d’un retour à un discours entendu, il y a bien longtemps, du côté de Montségur.

Ne plus faire d'enfants

On est ainsi frappé d’entendre tant de jeunes souhaiter ne pas avoir d’enfants, afin de ne pas plonger ceux-ci au cœur d’une planète devenue invivable. Ils ignorent qu’ils ne sont nullement les premiers à rejeter l’enfantement dans un monde envahi par le « mal » (le CO2), et qu’ils sont les héritiers des Parfaits cathares, eux-aussi soucieux d’épargner aux éventuels nouveaux nés la confrontation à un monde souillé par le péché.

Ces deux exemples suffisent à montrer ce qui menace une approche rationnelle et efficace des problèmes qui sont posés.

Tout discours sur « la fin du monde » réactive des prédications sectaires qu’on croyait enfouies et qui peuvent apparaître comme neuves à des jeunes privés d’une véritable culture scientifique, historique, littéraire et sensible. Ils n’ont pas tant besoin de slogans, de prônes, d’exhortations que de connaissances, de lucidité. Les explications des scientifiques nécessitent la maîtrise d’un minimum de savoirs élémentaires dont l’expérience relatée au début montre qu’elle fait défaut. Il faut commencer par cela, la définition d’un méridien (sa longueur…), le nom des espèces menacées, le vent et la forêt qui pleurent.

Il n’est pas question de restreindre le droit constitutionnel de manifestation en imposant aux jeunes répondant à l’appel de l’« icône » Greta Thunberg (on devrait plus souvent s’interroger sur les termes employés) de remplir préalablement un questionnaire dans lequel on leur demanderait de répondre à des questions portant sur le rayon de la Terre, le mètre cube d’eau ou la floraison des arbres fruitiers. Pourtant, dans leur intérêt et celui de la planète, on se demande si on ne devrait pas.

 

 
 
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