Verrons-nous disparaître les glaciers ?

par Benoît Rittaud

« Le glacier du Rhône se meurt d’anémie. (…) D’année en année, le géant se retire dans sa montagne, comme un escargot gigantesque dans sa coquille. » Et cela fait 50 ans que cela dure ! Décidément, tout change…

« Nos Alpes vont-elles perdre leur étincelante parure ? » C’est fort possible, et cela ne concerne pas que les Alpes, d’ailleurs : en réalité, la presque totalité des glaciers reculent, partout dans le monde : « Ce n’est pas seulement le glacier du Rhône, mais tous les glaciers, sur toute l’étendue explorée par les savants, qui périssent en ce moment d’anémie.« 

Peut-être le style ancien de ces phrases vous a-t-il mis la puce à l’oreille. Celles-ci ne sont pas tirés des pages « Planète » du Monde : elles ont été écrites il y a plus d’un siècle. On les trouve dans un almanach publié en 1904, avec de jolies gravures pour les accompagner.

Pour mémoire : en 1904, on émettait quinze fois moins de gaz à effet de serre qu’aujourd’hui. (L’ensemble des émissions cumulées jusqu’alors depuis le milieu du XVIIIe siècle équivaut à moins de huit ans de nos émissions actuelles.) Autrement dit, les glaciers ont pu reculer tous seuls comme des grands, sans l’aide des soixante mille voitures qui, en tout et pour tout, étaient alors en circulation dans le monde. Le recul actuel des glaciers n’est que la poursuite d’une tendance déjà bien documentée en 1904, sans que l’on prétende à l’époque accuser l’humanité de péchés carboniques.

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Merci au Lecteur Modeste (pour le distinguer du Lecteur Discret) qui m’a signalé cette perle. (Source)