C’est parti d’une note de synthèse de MétéoFrance: « Il n’est pas démontré d’augmentation sensible du nombre de cyclones sur l’ensemble du globe dû au réchauffement de la Terre durant ces dernières 50 années.
Les experts de l’OMM et du GIEC s’accordent à avancer que cette tendance à la « stabilité » devrait se poursuivre … ».
Pas d'apocalypse
« On peut enfin évoquer la recrudescence observée et constatée de l’activité cyclonique sur la zone de l’Atlantique depuis 1995. On l’attribue généralement à une variation naturelle multi-décennale - cycle d’une durée de 20 à 30 ans - qui fait alterner les périodes à faible activité cyclonique (1900/1930 - 1970/1994) et celles à plus forte activité (1930/1970 - 1995/en cours jusque vers 2020/2025 peut-être donc). Selon les spécialistes, c’est une modification cyclique du courant océanique de l’Atlantique (plus chaud et plus salé depuis 1995) qui serait la cause principale de cette évolution ».
Je cherche alors le dernier rapport AR5 du Giec. Il dit ceci en page 216 (extrait):
« Les données actuelles n’indiquent aucune tendance significative pour la fréquence des cyclones tropicaux au niveau global pour le siècle passé et la robustesse des prévisions à long terme pour les cyclones reste incertaine, après avoir pris en compte les variations des méthodes d’observation (Knutson et al. 2010). »
Le site Contrepoints.org publie en français de plus larges extraits de ce rapport du Giec. Le texte anglais est disponible ici.
Ainsi les médias annoncent au nom du Giec une réalité que le Giec lui-même ne reconnaît pas: l’augmentation catastrophique des ouragans depuis 20 ans et pour le futur. Pourtant on nous accable de nouvelles toujours plus alarmistes sur les méga-ouragans à venir.
Chaque épisode est devenu le prétexte à une grand messe à la fois expiatoire et incantatoire pour nous montrer nos fautes et nous purger de nos péchés. Horreur: nous adorons le veau d’or carbon-consumériste plutôt que de respirer la frêle anémone au bon teint frais.
À chaque cyclone tropical majeur on nous repasse le film « La fin du monde en direct ». Et l’on nous assène le coup de grâce en déclarant que ces phénomènes pourraient être décuplés durant ce siècle.
… et Gréta aussi
Et pourtant MétéoFrance, à contre-courant, annonce que rien n’a changé et que cette stabilité des cyclones devrait se poursuivre à l’avenir. Greta Thunberg devra revoir sa copie, soit les textes du Giec qu’elle cite habituellement.
Quand elle écrit sur Twitter à propos de l’ouragan Dorian: « How many more nations in ruins do we need to see? » (combien de nations en ruines avons-nous encore besoin de voir?) elle accuse implicitement le réchauffement anthropique. Mais elle n’a probablement lu que le résumé des décideurs qui ne contient que les pires annonces – 30 pages en résument 1’500. Ou bien ça ne l’intéresse pas de creuser.
Elle est dans l’erreur.
Et de toutes façons, même sans réchauffement, même sans carbone, même sans elle, les ouragans ont existé, existeront, et continueront à fracasser des terres habitées. Et les hommes pleureront, puis ils reconstruiront. Comme toujours. Et comme toujours les ouragans chasseront un excès d’air chaud vers la stratosphère et en feront descendre de l’air frais, comme d’indispensables climatiseurs géants.
Greta Thunberg devrait se brancher sur le réel. Le réel est plein d’espoir. Elle pas. Son désespoir et sa culpabilité n’appartiennent qu’à elle.
Greta Thunberg n’est pas dans le même monde que la plupart d’entre nous. Elle le dit elle-même, son cerveau fonctionne différemment. Elle marche en tête de foules sentimentales qui recherchent une catastrophe désespérément. Mais elle ne commande pas aux ouragans. Et nous verrons encore des nations en ruines.
D’ailleurs un ouragan ne peut enfler indéfiniment. Il a des limites naturelles. Sa puissance dépend du différentiel entre le haut très froid et le bas très chaud.
Rafale sur 2 à 3 seconds
Ensuite les mesures de vitesse des vents varient selon les régions et depuis un siècle. Retournons à MétéoFrance:
« L’OMM préconise de moyenner les vents sur 10 mn pour obtenir le vent moyen, ce qui est appliqué dans la plupart des bassins cycloniques. Toutefois, sur les bassins Atlantique et Pacifique Nord-est, dont la responsabilité du suivi des systèmes tropicaux incombe aux Etats-Unis, la moyenne utilisée comme standard est de 1 mn.
Les vents moyennés sur 1 mn sont appelés vents soutenus. Le fait d’utiliser des standards différents pour mesurer les vents d’un bassin à l’autre complique passablement la comparaison des systèmes tropicaux à travers le monde (…).
Les rafales sont les pointes de vent mesurées sur quelques secondes (2-3s). »
2 à 3 secondes: on voit qu’une rafale, à cause sa brièveté, à cause de la complexité même d’un système cyclonique, ne peut indiquer la puissance réelle d’un ouragan. Le cyclone Olivia (Australie 1996) a généré une rafale de 408 km/h:
« L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a homologué début 2010 ce vent comme le record du vent le plus violent jamais observé scientifiquement sur Terre, hors ceux des tornades1. Cependant, le vent soutenu maximal sur 1 minute a été de 230 km/h. ». (Wiki)
Pour mémoire et tous bassins confondus, le plus puissant ouragan ayant touché terre depuis 50 ans (pression la plus basse jamais enregistrée, vitesse des vents, diamètre) est le typhon Tip en 1969, dans le Pacifique ouest:
« Ses vents atteignirent 305 km/h et sa pression centrale s'abaissa à 870 hPa le 12 octobre. À son apogée, le typhon Tip avait un diamètre de 2’220 km, soit le plus grand diamètre jamais rapporté. » (idem)
Le plus long cyclone répertorié est l’ouragan de San Ciriaco en 1899: il a duré quatre semaines, avec des variations successives d’intensité jusqu’à la catégorie 4 et un parcours atypique.
Pour comprendre pourquoi des informations contredisent les médias et leurs annonces alarmistes, je livre ce passage du rapport AR5 selon la même source que précédemment. Il révèle une des clés de la controverse climatique:
« En résumé, le présent rapport ne modifie pas les conclusions du rapport SREX : l’activité des cyclones tropicaux n’a pas augmenté sur le long terme, après avoir tenu compte des variations dans les méthodes d’observation.
Les publications les plus récentes indiquent qu’il est peu probable que le nombre annuel de tempêtes tropicales, d’ouragans et d’ouragans majeurs ait augmenté au cours des derniers 100 ans dans le bassin Atlantique Nord. Cependant, il est virtuellement certain qu’il y ait une augmentation de la fréquence et de l’intensité des cyclones tropicaux les plus forts depuis les années 1970 pour cette région. »
On a d’un côté les observations réelles, de l’autre une certitude virtuelle (... basée sur les modèles informatiques...). Certains voudraient faire passer les modèles pour la réalité. Et les médias relaient principalement ceux-là. Relaient, à la place de filtrer, d’analyser.
Enfin je livre à votre curiosité cette phrase de MétéoFrance si délicieuse de vraie prudence dans les mots et dans les affirmations. Je mets en italique les formulations les plus délicates et mesurées à mon avis:
« S’il est fort possible que le réchauffement de la planète se traduise aussi par celui des surfaces océaniques, ce qui est un élément favorable aux développements de cyclones, nul ne sait réellement comment les autres acteurs de la formation de cyclones évolueront. »
En plus court: on n’en sait rien.
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Docus graphiques (clic pour agrandir):
Image 1: source National Hurricane Center (NHC); vitesse maximum du vent pendant les ouragans ayant atterri sur le sol américain depuis 1850.
Image 2: source Colorado State University; indice d’énergie cumulative (ACE) des ouragans atlantiques depuis 1918. L’ACE est la mesure de la puissance du météore. Des variations, des séries, mais pas de tendance significative. Le plus puissant date de… 1935 (ouragan du Labour Day).
Image 3: source earth.nullscholl; imagerie informatique des vents moyens dans un ouragan (ici Irma).
Image 4: trajet de l’ouragan de San Ciriaco en 1899, le plus long de l’histoire des chroniques et relevés.