C’est évidemment une grosse chaleur. Exceptionnelle en juin mais pas unique. Les vieux se rappellent peut-être de l’année météo 1947. S’ils ne s’en rappellent pas les archives rafraîchiront les mémoires. Quoique rafraîchir n’est pas le mot exact…
Les médias trompettent aujourd’hui, de manière tonitruante, que cela n’est jamais arrivé à cette période. Cette information est inexacte. Le printemps 1947 avait déjà commencé fort: 32° dans le sud-ouest français le 24 avril.
L’image 1 du 2 juin 47 (archives infoclimat.fr) montre l’étendue et les valeurs maximales de la vague de chaleur: 30,3° à Genève, 32,8° en région parisienne, 32,7° dans le nord de l’Allemagne, entre autres.
L’image 2 date elle du 26 juin 47. Elle affiche des températures entre 35° et 38° sur la France - avec flux d’air chaud par l’autoroute espagnole. Le lendemain 27 juin, 37° sont mesurés à Lyon. La canicule de fin juillet fut assommante. Peut-être battrons-nous ces chiffres d’un, deux ou trois degrés demain.
Libération publie à nouveau un entretien avec le célèbre historien du climat Emmanuel Le Roy Ladurie. Il y parle des canicules passées, dont celles des étés 1718-1719 et de leurs 700’000 morts.
1540
« …la mortalité grimpe lors des étés trop chauds à cause de la dysenterie. Le niveau des fleuves et des cours d’eau baisse, l’eau puisée pour vivre et boire est plus vaseuse, infectée, polluée, et la mortalité est spectaculaire. 500 000 morts lors de l’été 1636 ou de l’été 1705, 700 000 lors des étés caniculaires de 1718-1719, avec même l’apparition de nuées de sauterelles et une forme de climat saharien sur l’Ile-de-France.
Ces morts, ce sont surtout les bébés et les petits de l’année. Il y a, régulièrement, des générations décimées en France par la chaleur. Actuellement, les principales victimes, dans une proportion moindre, ce sont les vieux. »
Pour rappel la canicule de 1540 fut également terrible. On a aussi constaté des canicules répétées plusieurs années de suite, comme des séries. Mais l’historien précise: « C’est le froid plus que le chaud qui allait se révéler redoutable. »
Ici, la liste des épisodes caniculaires depuis 1901.
La canicule qui débute est annoncée depuis une semaine environ. Voici l’évolution illustrée par des copies d’écran prises le 20 sur le site windy.com.
900
L’image 3 montre la situation de ce jeudi 20 juin à 12h00 au sol. On voit l’ouest de l’Europe sous de l’air relativement frais avec 16° à Paris alors que l’est est au chaud, jusqu’à 30°.
L’image 4 est ce même jeudi 20 juin à 12h00, mais à l’altitude de 900 mètres. On constate toujours cette différence est-ouest.
L’image qui suit, la 5, est la situation de ce mercredi 26 à 12h00 mais prise également le 20. C’est donc une modélisation. On peut ainsi comparer la projection modélisée d’il y a 6 jours avec la réalité d’aujourd’hui (image 6).
Il y a quelques différences mais la montée d’air chaud du sud est bien confirmée. On la sent sur le corps comme on la voit sur carte.
L’autoroute espagnole pousse un souffle brûlant jusqu’en Autriche. Pendant ce temps la Russie, la Biélorussie et une partie de l’Ukraine restent dans une relative fraîcheur par rapport à nous.
Après un mois de mais plutôt frais et un juin mitigé, le ciel voudrait-il se rattraper?
La bonne nouvelle sont les pluies reçues ces derniers temps: la végétation a quelques réserves d’eau en sous-sol.
Une autre bonne nouvelle du réchauffement est l’allongement si agréable des étés. En 1960 il y avait environ six semaines passables entre juillet et août à Genève. Maintenant on va vers 10 semaines. Formidable, non?