Cette note cherche à évaluer les résultats de la politique économique des présidents Sarkozy, Hollande et Macron.
L’exercice est difficile, pour au moins trois raisons.
La première concerne les indicateurs ou critères à retenir. Ils sont potentiellement nombreux, et ne racontent pas tous la même histoire. On en a retenu trois : l’évolution du PIB par habitant, celle du taux de chômage, et celle du ratio d’endettement public (dette/PIB). Pour ces trois indicateurs, on dispose, grâce à Eurostat, de données trimestrielles indépendantes et comparables.
La deuxième se rapporte aux dates à retenir. On pourrait soutenir que les deux (ou quatre) premiers trimestres d’un mandat ne signifient pas grand chose, parce que beaucoup des politiques engagées ne portent leurs fruits qu’au bout d’un temps plus long. D’un autre côté, des décisions prises et annoncées en début de mandat peuvent modifier immédiatement des comportements d’achat ou d’embauche. Et une période de latence trop longue ne permettrait aucune évaluation du mandat de M. Macron. On a retenu les périodes qui commencent avec les données du troisième trimestre de la première année du mandat, et qui se terminent avec les données du deuxième trimestre de la dernière année, ou, dans le cas du mandat de M. Macron, les dernières données disponibles. Cela fait des périodes de 19 trimestres pour MM. Sarkozy et Hollande, et 5 trimestres pour M. Macron.
La troisième raison est la nécessité de corriger les données brutes publiées. L’évolution au cours d’une période donnée ne s’explique pas seulement par la politique économique du gouvernement au pouvoir durant cette période – contrairement à ce que disent les partis au pouvoir lorsque l’évolution brute est positive, et les partis d’opposition lorsque cette évolution brute est négative. Elle s’explique aussi, et sans doute même davantage, par l’évolution de facteurs tels que le prix du pétrole, le taux de change du dollar, les taux bancaires, la demande de la Chine, etc., en un mot par la conjoncture internationale. Ce qui est significatif, c’est l’évolution nette, qui est égale à l’évolution brute diminuée de l’évolution de la conjoncture :
Evolution nette = évolution brute – effet conjoncture
Comment estimer cet effet conjoncture ? Les pays de la zone euro sont exposés aux mêmes vents que la France. On prendra donc l’évolution enregistrée dans l’ensemble de ces pays. Le tableau 1 résume les résultats obtenus.
Sarkozy Hollande Macron
(19 trimestres) (19 trimestres) (5 trimestres)
PIB par habitant +2,4% -3,2% +1,1%
Taux de chômage -29,0% +20,2% +5,0%
Dette publique/PIB +5,4% +11,7% -0,3%
Source : Eurostat, statistiques trimestrielles. Notes : Le premier chiffre (+2,4%) signifie que le PIB par habitant en France a augmenté plus vite (de 2,4 points) que le PIB par habitant de la zone euro durant la période considérée.
Plusieurs points en ressortent
Le quinquennat Hollande a été particulièrement inefficace du point de vue de nos trois indicateurs économiques : en France, le PIB par habitant a augmenté moins vite qu’en Europe, le chômage nettement plus vite, ainsi que la dette publique. Durant le quinquennat Sarkozy, la France a fait mieux que l’Europe pour le PIB par habitant et pour le chômage, mais moins bien pour l’endettement public.
Sur les trois critères économiques, Sarkozy a fait beaucoup mieux que Hollande. Il est évidemment un peu tôt pour évaluer les performances économiques de Macron. Sur les cinq trimestres considérés, la France a fait mieux que l’Europe pour le PIB par habitant et pour l’endettement, mais nettement moins bien pour le chômage, qui a certes baissé en termes bruts, mais moins vite qu’ailleurs, ce qui se traduit par une hausse en termes nets. Dans tous les cas, on est assez loin des jugements politiciens et même journalistiques.
La portée de cette analyse doit bien entendu être relativisée. L’évolution de la conjoncture n’est pas la seule façon d’éliminer l’influence des facteurs autres que la politique économique sur les résultats enregistrés. De plus, les résultats ici examinés concernent seulement le court terme, alors que les résultats à long terme sont au moins aussi importants.
Enfin, pour évaluer un quinquennat, il va sans dire que la dimension économique n’est pas la seule qui compte.