Vous avez signé une pétition en tant qu’académique scientifique. Tous les signataires le sont-ils ? Avez-vous remarqué des signataires qui n’ont pas existé ou qui sont décédés ? Trofik Lysenkom, inconnu sur Google, par contre Trofim Lysenko a bien existé (1898-1976) et reste de triste mémoire dans le monde scientifique. Outre cet aspect cocasse, il y a plus grave : en tant que signataires vous cautionnez que la science est dite (‘the science is settled’) et si tel est bien le cas alors vous ignorez de très nombreuses publications scientifiques, émanant de scientifiques de ‘haut vol’ qui montrent que le doute est permis, qu’il doit rester la règle en science, et que la climatologie ne se résume pas aux énoncés simplistes de la pétition (qui ne mentionne aucune références pour argumenter).
Bien entendu vous avez peut-être lu des articles et vous vous êtes fait une opinion. Dans ce cas, vous avez exercé votre esprit critique et vous avez tout compris de la climatologie. Il n’y a donc plus de doute pour vous, et du fait de votre signature la science est effectivement dite. L’essentiel des politiques et médias, bien qu’ils n’aient pas une grande connaissance scientifique, pensent comme vous.
Dans cet article, qui se veut une ouverture au débat, nous allons donner notre point de vue aux questions qui ont suscité votre adhésion. Nous ne ferons pas de politique, notre site Science, Climat et Energie (SCE) ayant une vocation scientifique.
Nous souhaitons cependant que ceux qui n’ont pas fait l’effort de lire la manière dont les publications sont validées par le GIEC aillent consulter le site du GIEC.
Vous l’aurez compris, la climatologie est une science jeune, fort complexe, et contrairement aux affirmations et ‘matraquages’ quotidiens, elle est loin d’être comprise.
Passons maintenant aux éléments factuels.
1. Le texte dit : “La terre se réchauffe. La température moyenne de la surface de la Terre a été augmentée d’environ 1°C (par rapport à la température moyenne entre 1850 et 1900).”
Un léger réchauffement est en effet observé, mais :
– Globalement, la température de l’atmosphère n’a augmenté que de 0,8°C en 138 ans. Cela fait 0,58°C en 100 ans. Ceci est parfaitement imperceptible. N’oubliez pas que la température peut varier de 15-20°C en une seule journée, au cours des saisons etc., et que toutes les espèces animales y compris l’homme sont bien adaptées à ces variations. En tant que scientifiques vérifiez par vous-même ici ;
– La température de la Terre à toujours varié. Au cours de l’Optimum Climatique Médiéval, vers l’an 1000, lorsqu’il n’y avait pas de voitures ni d’industries, la température moyenne de l’atmosphère était aussi chaude qu’actuellement, voire un peu plus. Ceci est montré par exemple par l’étude de Ge et al. (2017) [1] qui utilisent 28 proxies différents pour la température. Cette étude nous montre que la température n’augmente pas plus vite aujourd’hui que par le passé (voir ici).
Rappelons que la courbe des températures de Mann et al. (1999) ou ‘courbe en crosse de hockey’ qui a servi de base aux travaux du GIEC dans le rapport 2001 s’est avérée fausse, car mathématiquement biaisée (ici). Cette courbe fut très médiatisée, notamment par Al Gore et fut à l’origine de la thématique du réchauffement climatique ;
2. Le texte dit: “Près de 100% du réchauffement observé est dû aux activités humaines.”
– Ceci est faux et nie les centaines d’articles scientifiques qui disent le contraire (une liste régulièrement mise à jour est disponible sur le site scientifique NoTricksZone, la plupart revus par des pairs : sélectionnez quelques articles au hasard et informez-vous). Les auteurs de cette phrase ne citent d’ailleurs aucune référence.
Une équipe du CERN nous montre par exemple dans une publication récente dans Nature [2] que le réchauffement global peut être expliqué par l’interaction de rayons cosmiques avec l’atmosphère, ce qui fait varier la couverture nuageuse. Dans ce mécanisme le CO2 n’a aucun rôle. Voir ici.
Notons que l’équipe de Svensmark (2017) propose d’autres mécanismes basés sur les rayons cosmiques, et tout comme dans le mécanisme proposé par Kirkby, le CO2 ne joue aucun rôle. Les dernières recherches de Svensmark sont publiées dans la revue Nature Communications ;
– Lorsqu’il y avait peu d’humains sur la planète, par exemple au cours d’un autre optimum, l’Optimum Climatique de l’Holocène (OCH), la température était plus élevée qu’actuellement. L’OCH est une période chaude allant environ de –9000 à –5000 ans (BP, Before Present).
Au cours de l’OCH la température atteignait 4°C au niveau du Pôle Nord (avec probablement très peu de glace en été). Actuellement, en hiver (janvier), la température au Pôle Nord peut varier de −43 à −26 °C, pour une moyenne de −34 °C; la température moyenne d’été (juillet) du Pôle Nord se situe actuellement autour du point de congélation (0 °C). Durant l’OCH on atteignait jusque 9°C en Sibérie centrale [3]. Ceci est démontré par la découverte d’arbres fossiles dans la région ;
– Notons aussi que l’extension de la glace arctique semble suivre des cycles avec avancées dans les années ’40, encadrées de périodes de recul avant (années 1910) et après (années 1970). Ici aussi la cyclicité n’est pas encore bien comprise (ici).
A nouveau les extrapolations sont délicates, pour preuve, c’est par exemple Al Gore (et le GIEC) qui en 2007, lorsqu’il reçut le Prix Nobel de la Paix a annoncé que dans 10 ans toute la glace arctique aurait disparu, et sans doute même, avant en 2013 (ici). Il prédit également d’autres événements qui ne n’ont pas été réalisés (ici) ;
3. Le texte dit : “Le seul réchauffement actuel de 1°C entraîne déjà une augmentation de l’occurrence et de l’intensité des extrêmes climatiques tels que les canicules, les sécheresses ou encore les inondations. Plus la terre se réchauffe, plus de tels phénomènes auront lieu. Un réchauffement au-delà des 2°C signifierait que la Nature elle-même se mette à libérer des gaz à effets de serre renforçant de fait le réchauffement climatique. Un effet boule de neige en somme, duquel découlent des températures encore plus élevées”.
– Ceci est faux et démontré par plusieurs études scientifiques. Par exemple celle de Kelly (2016) qui nous montre que le climat était plus extrême dans la première moitié du 20e Siècle. Les rapports annuels des compagnies d’assurances qui doivent dédommager les sinistrés vous le démontrent également. Par exemple, la compagnie AON, dans son “Annual Global Climate and Catastrophe Report” nous montre qu’il n’y a pas plus de cyclones tropicaux, toutes catégories confondues. Voir ici. Finalement, vous pouvez également consulter la “International Disaster Database” qui nous montre que le nombre de morts causés par le climat (inondations, sécheresses, tempêtes, feux, températures extrêmes) ne fait que chuter depuis 1920 (voir ici). Il faut être plus critiques et sur ce thème ne pas écouter les médias avides de catastrophisme ;
– Pour l’effet boule de neige, ceci est une vision simpliste qui découle de notre mauvaise connaissance des écosystèmes. L’étude de Koltz et al. (2018) [4] publiée dans les PNAS suggère même l’inverse. Ce que montrent Koltz et ses collaborateurs est que lorsque la toundra d’Alaska se réchauffe légèrement (de 1 à 2°C), ce n’est pas plus mais moins de matière organique qui est dégradée dans le sol… Et donc finalement moins de CO2 qui est produit ;
4. Le texte dit : “Il est essentiel de limiter le changement climatique et les mécanismes de rétroaction qui le renforcent. Pour limiter le réchauffement du climat à 2°C, les émissions de CO2 doivent avoir diminué d’environ 25% en 2030, et de 85% en 2050. Pour rester en-dessous d’un réchauffement de 1,5°C, les émissions nettes devraient être nulles en 2050.
Afin d’y parvenir, il est impératif que des mesures politiques drastiques soient prises MAINTENANT. Plus on attend pour réduire les émissions, plus lourds seront les efforts à fournir pour maintenir le réchauffement (largement) en-dessous des 2°C”.
– La Terre n’est pas une chaudière que l’on peut régler avec un seul thermostat, en l’occurrence le CO2. La biosphère est bien plus complexe que cela! Toutes les prévisions mentionnées ci-dessus sont basées sur des modèles informatiques du GIEC comportant des centaines de paramètres différents.
La nature n’est pas un modèle informatique et jusqu’à présent toutes les prédictions des modèles se sont avérées fausses (voir par exemple l’étude de Scafetta et al. 2017) ;
– Disons-le clairement : la théorie de l’effet de serre radiatif est très discutable et devrait être abandonnée. Effectivement, lorsque l’on confronte des données de terrain à la théorie on voit très souvent qu’elle ne fonctionne pas. Par exemple, au centre de vastes zones de millions de km2 situées en plein centre de tous les continents, aussi bien en Europe, en Asie, en Australie et en Amérique (voir ici).
Un autre exemple : la théorie ne fonctionne pas lorsque l’on utilise les données fournies par les capteurs infra-rouges de la NOAA (stations SURFRAD). Voir ici ;
– En plus du fait que la théorie ne colle pas aux observations, il faut savoir que la théorie de l’effet de serre est également basée sur des concepts théoriques discutables : transferts de chaleur uniquement radiatifs, phénomène de ‘backradiation’, gaz considérés comme des corps noirs, etc. Les problèmes théoriques concernent notamment la loi de Stefan-Boltzmann (voir ici) et la réémission d’infra-rouges par le CO2 (voir ici);
– En 2018 plusieurs physiciens et chimistes ont clairement remis en cause la théorie de l’effet de serre dans des publications relues par les pairs. Quelques-unes de ces publications sont listées ci-dessous [5]
– Notons également que le taux de CO2 atmosphérique fut de plusieurs milliers de ppm au cours des temps géologiques depuis le Cambrien il y a 541 millions d’années (ici) et de plusieurs dizaines de milliers de ppm avant au cours du Précambrien, les valeurs étaient donc bien plus importantes que les ±410 ppm actuels ;
5. Le texte dit : “Les mesures politiques actuelles sont largement insuffisantes pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. En effet, les émissions de CO2 ne cessent d’augmenter d’année en année à l’échelle mondiale alors qu’elles devraient déjà décroître. En outre, les mesures proposées ne soutiennent en rien une diminution drastique des émissions, que ce soit au niveau local, belge, européen ou mondial. Les propositions actuellement discutées mèneraient à un réchauffement de plus de 3°C de notre planète d’ici la fin du siècle. Bien que cela paraisse peu, les conséquences d’un tel réchauffement et leurs coûts seraient énormes”.
– Tout ceci est basé sur une théorie très discutable (l’effet de serre radiatif, voir point précédent), utilisée pour alimenter des modèles informatiques comportant de nombreux paramètres ajustables. L’informaticien prédit ce qu’il veut avec son modèle. La nature n’est pas un modèle informatique.
Comme l’a souligné le physicien français Jacques Duran [6] les prévisions sur le futur de notre planète sont pour le moins hasardeuses car nous avons affaire à un énorme système d’équations différentielles à coefficients inconnus, non linéaires et couplées entre elles. Ces équations sont donc très difficiles à élucider. En plus, certaines de ces équations se comportent de manière chaotique, c’est-à-dire qu’elles sont très sensibles aux conditions initiales souvent inconnues. Le GIEC le reconnaît également (2001, p.774), il en résulte que la prédiction de l’évolution future du climat à long terme n’est pas possible ;
– Vivre et se déplacer, c’est émettre du CO2. Si vous voulez moins d’émissions de CO2, et plus aucune en 2050, il faut interdire les avions, les voitures, les centrales thermiques, les composts, et les chaudières au gaz. Bref, un grand bond en arrière ?
– Finalement, essayez un autre point de vue : et si l’augmentation de température était bénéfique ?
Grâce au CO2, la molécule qui permet la vie sur Terre nous vous le rappelons, un verdissement de la planète est actuellement observé comme démontré dans un article publié dans Nature Climate Change [7]. Les rendements agricoles sont augmentés par un taux de CO2 plus important : il a été démontré que la croissance de 156 espèces de plantes est stimulée en moyenne de 37% lorsque la concentration en CO2 de l’air est doublée (Cunniff et al. 2017) [8]. Il est également démontré que ce sont les périodes de froid qui tuent le plus d’êtres humains (Gasparrini et al. 2015).
Nous n’aborderons pas ici les points 6 et 7 qui sont nettement plus politiques, ils peuvent paraître louables mais sortent du domaine de la science sensu stricto.
La Science climatologique est loin d’être dite, les amalgames sont légions, il est temps qu’elle redevienne uniquement l’apanage des scientifiques. Le fossé entre le monde non scientifique et scientifique est beaucoup trop grand pour que le premier soit persuadé que la science est dite (ici).
Pour en revenir à ce qui a motivé cette mise au point par SCE, rappelons que ‘le climat’ n’en n’est pas à sa première pétition et qu’il est parfois intéressant de regarder de plus près les motivations des signataires (ici).
Notes
1. ADVANCES IN ATMOSPHERIC SCIENCES, VOL. 34, AUGUST 2017, 941–9512. Kirkby et al. (2016) Ion-induced nucleation of pure biogenic particles. Nature 533:521-526.
2. Kirkby et al. (2016) Ion-induced nucleation of pure biogenic particles. Nature 533:521-526.
3. Koshkarova, V.L.; Koshkarov, A.D. (2004). “Regional signatures of changing landscape and climate of northern central Siberia in the Holocene”. Russian Geology and Geophysics. 45 (6): 672–685.
4 .Koltz AM, Classen AT, Wright JP (2018) Warming reverses top-down effects of predators on belowground ecosystem function in Arctic tundra.
5. Allmendinger T (2018) The Thermal Radiation of the Atmosphere and Its Role in the So-Called Greenhouse Effect. Atmospheric and Climate Sciences, 2018, 8, 212-234. – Fleming RJ (2018) An updated review about carbon dioxide and climate change. Environmental Earth Sciences, March 2018, 77:262. – Davis WJ et al (2018) The Antarctic Centennial Oscillation: A Natural Paleoclimate Cycle in the Southern Hemisphere That Influences Global Temperature. Climate 2018, 6(1), 3. – Holmes RI (2018) Thermal Enhancement on Planetary Bodies and the Relevance of the Molar Mass Version of the Ideal Gas Law to the Null Hypothesis of Climate Change. Earth Sciences 2018; 7(3): 107-123 – Antero Ollila, (2019) “Challenging the scientific basis of the Paris climate agreement”, International Journal of Climate Change Strategies and Management, Vol. 11 Issue: 1, pp.18-34. – Smirnov BM (2018) Collision and radiative processes in emission of atmospheric carbon dioxide. Journal of Physics D: Applied Physics, Volume 51, Number 21.
6. http://www.pensee-unique.fr/theses.html
7. Zhu Z. et al. 2016. Greening of the Earth and its drivers. Nature Climate Change 6, 791–795
8. Cunniff, J., Jones, G., Charles, M. and Osborne, C. 2017. Yield responses of wild C3 and C4 crop progenitors to subambient CO2: a test for the role of CO2 limitation in the origin of agriculture. Global Change Biology 23:380-393.