L’accumulation médiatique d’épisodes météorologiques extrêmes (comme dans l’Aude) donne l’impression d’une augmentation exponentielle et d’un encerclement continu d’événements alarmants. « Nous y sommes » est la petite phrase de 2018.
Je rappelle que nous y étions déjà il y a 200 ans, et même 300 ans.
Sur quel point de départ poser le curseur? Cela a une grande importance car selon ce point de départ, la cause, le déroulement et l’interprétation du réchauffement varient.
De plus si la variation haussière actuelle devait continuer, il n’est pas certains que les phénomènes accentués le soient autant que ce que dit le Giec. Le réel est plus complexe que les modélisations. L’Aude offre un exemple intéressant car les épisodes extrêmes sont récurrents. Dans le passé d’Occitanie, certains de ces épisodes ont été décrits comme plus intenses que celui de lundi. Alors comment évaluer la progression des effets du réchauffement?
Vu le faible nombre d’épisodes extrêmes il faudrait au moins 100 ou 200 ans de statistiques supplémentaires pour en déceler l’influence. Et encore, cela restera probablement approximatif et secondaire par rapport aux conditions locales.
L’exemple de l’Aude montre qu’il est difficile de préciser et de quantifier la part du réchauffement dans les épisodes plus forts que la moyenne. Les phénomènes extrêmes ne sont pas les meilleurs marqueurs parce qu’ils dépendent souvent de conditions locales. Les processus lents, comme le recul des glaciers, sont plus aptes à rendre visible la variation sur le long terme.
Aujourd’hui l’information de type alarmiste atteint un niveau global. Les études pleuvent, arrosées par la manne « Giéciste ». Sur tout, sur rien, toutes n’ayant qu’un seul objectif: faire peur, dénoncer une apocalypse imaginaire, contraindre par le stress et l’angoisse. Comme entendu dans la bouche de journalistes: « Et ça sera de pire en pire ».
On vise l’émotion pour s’assurer la loyauté de troupes plongées dans la vision d’une insécurité climatique extrême. On annonce même que le grand troupeau humain pourrait disparaître entièrement d’ici 100 ans, selon quelques illuminés dont Stephen Hawking faisait partie.
J’en doute.
La disparition totale et rapide de notre espèce ne pourrait survenir que par un événement unique en son genre, comme la chute d’un astéroïde. Même l’irruption d’une maladie nouvelle et foudroyante, et aussi meurtrière que la peste en son temps ou que la grippe espagnole, ne sauraient nous faire disparaître intégralement.
Comment des scientifiques peuvent-ils ne chercher que ce qu’ils veulent démontrer ? Pourquoi cette ruée vers la mort, cette cavalcade sinistre, cette surenchère morbide? L’humanité n’est pas sortie collectivement de ses vieux mécanismes, tels que la peur, la dramatisation, les prophéties de mauvais augure.
Pourquoi parle-t-on si peu du reverdissement de la Terre grâce au CO2 ces trente dernières années? Ou des nouveaux espaces qui pourront être mis en culture? Ou de la moindre pollution par le chauffage si les hivers sont plus doux? Ou de la diminution des sécheresses en Afrique si la pluviosité augmente?
Le discours eschatologique, l’annonce de la fin du monde, captent bien mieux l’attention que les aspects positifs de cette variation climatique. L’auto-flagellation est prisée chez les Sapiens. Une bonne grande culpabilité climatique sert peut-être, comme un abcès de fixation, à expurger d’autres petite culpabilités personnelles?
Rendons aux alarmistes ce qui leur revient: la tentative de recréer une sorte de consensus sociétal global et de donner un idéal aux jeunes générations.
Un peu comme le faisaient les grandes religions par le passé.
Hélas cet idéal ou cet endoctrinement est entièrement sous le contrôle de la classe décidante en matière de climat. Et la peur en est le moteur. Peur du changement, peur d’une fin du monde improbable, ou peur du Jugement dernier dans la bible, le mécanisme de soumission par la peur est encore une fois à l’oeuvre. Un moyen émotionnel prisé par les grandes idéologies qui ont pour but caché la domination des sociétés humaines.
C’est malheureusement le cas de l’écologie politique, dont le GIEC est devenu le fer de lance. Derrière le réchauffement il y a, entre autres, la montée d’une pensée unique, contraignante et cherchant à s’imposer par la foi. La peur est un puissant accélérant en vue de la soumission volontaire des populations.
Mais la peur n’est pas bonne conseillère. Je préconise de la refuser sans autre forme de procès. Par principe et par hygiène émotionnelle. Les débats doivent être sortis hors des cercles d’experts. Cela prendra du temps? Eh bien prenons-le, en rupture avec la poussée actuelle à la précipitation.
La peur les Verts les plus rouges. Ils ne se privent pas d’évoquer une dictature écologiste pour sauver la Terre. C’est Grégoire Gonin qui l’écrivait en septembredans Le Temps. C’est dit par la bande mais c’est là. Et c’est plutôt ce genre de pensée, plus que le réchauffement, que nous devons craindre:
« Avant de songer à une dictature écologique, l’urgence va au retournement de la pensée, polluée par l’eldorado à jamais perdu des Trente Glorieuses: voir la nature comme un partenaire nanti de personnalité juridique, et non plus un sous-ensemble de l’économie. »
Il ajoute une petite liste des objectifs que devraient soutenir les écologistes politiques:
« Taxer les transports à leur coût réel quitte à le multiplier par dix, porter à vingt ans la garantie légale des objets et généraliser leur consignation, basculer vers l’agro-écologie, interdire l’élevage et la pêche industriels, fixer le salaire maximum au double du salaire médian pour éviter le superflu éhonté, prohiber la voiture (en ville au moins), bannir la publicité commerciale participent de l’éventail d’impératifs n’apparaissant liberticides que circonscrits à la faillite morale de notre confort d’Occidentaux chauffant les terrasses de café en hiver. »
On peut m’opposer alors l’argument massue: il faut donner une planète propre et rafraîchie aux générations futures. Cet argument est discutable et me paraît relever d’une hypocrisie. Combien de gens se soucient réellement des générations futures, hormis pour se donner une bonne image?
Chaque génération règle les choses selon ses besoins, avec parfois un peu d’anticipation, parfois pas. Personne n’a jamais légué un monde sûr et parfait aux générations à venir. Ce désir subit tient plus du réflexe que d’un engagement réfléchi, pris dans le calme et sans rien à prouver sur notre valeur morale. S’indigner sur Twitter ne fait pas de nous de meilleures personnes.
Il faut déjà assurer la bonne marche du présent. L’avenir en découlera en partie, mais il découlera aussi de choses imprévisibles: évolutions technologiques, évolution des mentalités, etc. Travaillons sur le présent avec intelligence et l’avenir se fera selon ce que nous aurons réalisé de bien au présent.