Par Bruno Spagnoli.
NDLR : Au moment où les médias nous inondent de messages alarmistes, jusqu'à vomir, il est bon de faire le point avec un scientifique du climat.
Ce pourrait être un autre titre pour ce petit ouvrage écrit par un ancien météorologue de la NASA, le Dr Roy Spencer, considéré outre-Atlantique comme un climato-sceptique. Cet ouvrage en anglais, récemment sorti au format Kindle, titré Global Warming Skepticism for Busy People, expose les principaux arguments contre l’alarmisme actuel en matière de climat. Dans un volume réduit, il résume parfaitement l’essentiel des données scientifiques et des points à comprendre pour avoir une bonne vision du problème.
Car contrairement à ce que pourrait laisser croire l’usage régulier du point Godwin autour de ce sujet, le climato-scepticisme ne consiste pas en un quelconque déni de quoi que ce soit, mais en une analyse froide et rationnelle des données scientifiques disponibles. Autrement dit, ce que tout scientifique devrait faire, le scepticisme faisant partie de la science, particulièrement dans un domaine comme celui-ci où il est impossible d’expérimenter sur l’objet de l’étude.
Un consensus est politique, pas scientifique
Dans ce cadre, il est clair que le pseudo-consensus affiché par le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental pour l’Étude du Climat), qui fait encore parler de lui ces temps-ci, représente la négation même d’une telle démarche, car il ne rapporte qu’une seule interprétation très contestable des données, avec un biais clairement intentionnel, comme l’a prouvé le Climategate.
Pour la petite histoire, il faut savoir qu’à la suite de mes études d’ingénieur, je me suis lancé en 2001 dans une thèse de doctorat à Météo-France, dans le domaine de la climatologie. En 2003, j’abandonnais avec fracas, malgré une publication d’article dans un journal prestigieux et un avenir prometteur. J’étais en effet totalement dégoûté par deux choses : la première étant la piètre qualité scientifique de la recherche dans ce domaine (et en particulier ses fautes logiques élémentaires, comme le raisonnement circulaire), la seconde étant la contamination évidente par l’idéologie et la politique.
Quinze années plus tard, je peux dire à quel point je suis heureux de cette décision. En effet, les quinze dernières années de données et d’études n’ont fait que confirmer ce que j’avais déjà diagnostiqué à l’époque, à savoir que la modélisation de l’impact du CO2 d’origine humaine sur le climat est un exercice totalement voué à l’échec.
Je suis donc particulièrement heureux de constater qu’un chercheur émérite, spécialiste des données satellitaires mais aussi météorologue expérimenté « ayant mis les mains dans le cambouis » de la prévision météo (contrairement à beaucoup de chercheurs du GIEC, qui souvent n’ont pas de compétence en sciences atmosphériques), aboutisse à des analyses et des conclusions assez similaires à celles que je me faisais déjà il y a quinze ans.
Quels sont donc les points litigieux tels que résumés par le Dr Roy Spencer ?
La prédiction climatologique sert bien les médias
Le premier n’est pas scientifique, mais concerne plutôt le traitement médiatique et politique du sujet. Il faut savoir qu’il existe une énorme distance entre ce que vous entendez dans les médias et ce que contiennent réellement les différents rapports du GIEC (je parle de la partie scientifique, et non le « résumé pour décideurs », qui est un document politique, et le seul réellement lu).
Alors que Le Figaro publie un article agrémenté de photos trafiquées du Mont St Michel entouré de palmiers, il faut savoir que la position officielle du GIEC, finalement assez prudente, consiste seulement à affirmer que les émissions de CO2 d’origine humaine devraient provoquer un accroissement de température moyenne de surface de la Terre compris entre 1,5°C et 4,5°C à l’horizon 2100 par rapport à la période pré-industrielle. On voit donc l’incertitude énorme qui règne. Par exemple, si on prend la fourchette basse (et il y aurait de bonnes raisons à cela, cf. la suite), cela voudrait dire environ +0,5°C en 2100 par rapport à aujourd’hui. Pas de quoi fouetter un chat. Il est d’ailleurs remarquable que la même imprécision régnait déjà à mon époque en 2001 et que rien ne s’est amélioré depuis.
Par ailleurs, le GIEC est bien incapable de projeter quoi que ce soit de crédible à des échelles régionales (vous pouvez donc oublier les palmiers au Mont St Michel), ni de démontrer un quelconque impact négatif de ce changement hypothétique, que ce soit en termes d’accroissement d’événements extrêmes, de montée des eaux, d’agriculture, etc. Il faut bien garder à l’esprit que tous ces impacts supposés sont essentiellement de la fabrication médiatique élaborée à partir de simples « possibilités » évoquées dans la partie scientifique des rapports du GIEC, mais certainement pas démontrées et encore moins observées pour le moment.
Concernant les autres points, scientifiques cette fois, en voici un résumé :
- Le climat a commencé à se réchauffer à partir de la fin du XVIIe siècle (sortie du « petit âge glaciaire »), bien avant les émissions de CO2 par les énergies fossiles. Le réchauffement observé actuellement ne montre pas d’anomalie particulière par rapport à l’historique des 3 derniers siècles, qui a connu des accélérations et des ralentissements importants. Une première forte accélération a eu lieu au début du XVIIIe, et une deuxième au début du XXe (toutes deux alors que le CO2 d’origine humaine ne pouvait pas être blâmé). Une troisième a repris vers 1980, avec une tendance actuelle observée d’environ +0,13°C/décade, qui reste sensiblement plus faible que les prédictions.
- L’accroissement du CO2 atmosphérique n’a eu pour l’instant – dans le monde réel et non celui des modèles — que des effets positifs : verdissement généralisé de la planète, accroissement massif de la productivité agricole.
- L’impact du CO2 d’origine humaine sur l’énergie entrante dans le système climatique (le fameux « effet de serre anthropique ») n’est que de 1 à 2 % du total des flux énergétiques, qui sont eux-mêmes connus avec une précision bien moindre que 1 à 2 %. Il est donc impossible de savoir si l’impact du CO2 n’est pas noyé dans des facteurs plus importants que l’on ne maîtrise pas.
- Les modèles numériques de climat – qui, je le rappelle, constituent l’unique base sur laquelle se fondent les prédictions apocalyptiques dont on nous abreuve — affichent en moyenne une sensibilité à l’accroissement du CO2 au minimum du double de la réalité observée jusqu’à maintenant. Dit autrement, cela signifie que l’on peut au minimum diviser par 2 les projections de température données par le GIEC.
- Plus grave encore, les modèles de climat sont par construction incapables de reproduire la variabilité naturelle de long terme du climat, qui est pourtant massive. On aboutit donc au raisonnement circulaire suivant : on construit un modèle complètement irréaliste dont le climat est stable par construction, on le perturbe par du CO2 d’origine humaine, le modèle réchauffe, et on utilise cela comme preuve que le CO2 d’origine humaine est le seul facteur pouvant expliquer le réchauffement du climat !
Où est la fonte des glaces ?
- Dans les observations réelles, il n’y a pour l’instant nulle trace des prédictions apocalyptiques qui nous sont données à longueur de médias : pas d’accroissement statistique des canicules, ni des tempêtes, ni des ouragans, ni des inondations, ni des sécheresses, ni des incendies de forêts, ni du niveau de la mer à un rythme anormal (le rythme de montée est stable depuis le XIXe siècle).
- La glace arctique a pas mal diminué depuis plusieurs années, mais elle était à un niveau bien plus faible encore il y a 1000 et 2000 ans, et ce sans intervention humaine. Par ailleurs les prédictions sur la fin des ours polaires(médiatisées par Al Gore et son « inconvenient movie ») ne se vérifient absolument pas : ils s’adaptent très bien.
- À l’opposé, l’Antarctique est très stable, et a même atteint un record de couverture de glace en 2016 (à noter que ce contraste Arctique/Antarctique est un autre élément que les modèles de climat sont totalement incapables d’expliquer)
- L’acidification des océans par le CO2 est très faible et ne détruit pas la vie marine (il se pourrait même que le CO2 soit bénéfique, comme pour les plantes terrestres)
Comme on le voit, le climato-scepticisme ne consiste pas à nier un réchauffement ou nier un fait quel qu’il soit. Au contraire, il se base sur une analyse sans complaisancedes faits et un rejet des spéculations non fondées, notamment issues de la modélisation numérique, qui est le principal talon d’Achille de l’ensemble.
Comme le dit Roy Spencer, « des affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires ». Et l’extraordinaire des affirmations se situe du côté du GIEC, pas du côté des sceptiques. Quant à l’extraordinaire des preuves, on attend toujours.
Toute critique est sceptique
Enfin, il faut noter que toute réponse politique à ce sujet se doit de prendre en compte tous les aspects, négatifs comme positifs, pour pouvoir faire une véritable analyse coût/bénéfice de toute mesure qui serait prise. Il va de soi que l’alarmisme actuel passe totalement à côté de ce simple bon sens.
Pour finir, je réalise qu’après un tel spoiler, beaucoup pourraient être découragés d’acheter et de lire ce livre. J’espère que ce ne sera pas le cas, car d’une part il n’est pas cher et relativement court, et d’autre part il développe tous ces arguments de manière bien plus claire et complète que je ne puis le faire ici.
Il vous fournira également les armes intellectuelles indispensables pour ne plus tomber dans le panneau de l’alarmisme obligatoire que l’on nous sert chaque jour dans un seul but : nous taxer et nous contrôler toujours plus pour un « bien commun » qui n’en a que le nom.