Avant que se dissipe l' »effet LCI » qui vaut depuis quelques jours à notre site une fréquentation inhabituellement élevée, peut-être est-il utile de présenter aux nouveaux visiteurs quelques repères sur le climato-réalisme.
En France, pendant très longtemps, la contestation du discours alarmiste dominant au sujet du climat a été le fait de francs-tireurs isolés.
De loin en loin surgissait une chronique critique dans un journal, un livre ou une interview, mais sans coordination d’aucune sorte.
Un psychologue nous expliquerait peut-être que le climato-réalisme s’accorde bien avec une mentalité de sniper, celle de ceux qui aiment ne pas penser comme les autres.
Quoi qu’il en soit, hormis le « moment Allègre » de 2010 (accompagné du « Climategate »), notre pays n’a jamais accordé beaucoup de place à la pensée climatique non orthodoxe, et il a fallu longtemps avant que des gens aux convictions communes aient l’idée de se réunir pour de bon.
Ici et là existaient certes des canaux de communication, notamment via Jacques Duran (alias Jean Martin) et son site pensee-unique. Jacques a longtemps été en quelque sorte le « Marin Mersenne des climato-réalistes », celui par qui tout un chacun passait pour avoir des informations.
Le site Skyfall a lui été, et est toujours, le « salon climato-réaliste ». Tout cela a toujours donné de quoi entretenir la flamme de quelques combattants, mais n’a jamais rien eu à voir avec une vraie équipe, qui puisse se comparer à l’Oyster club belge, à la Global Warming Policy Foundationbritannique, à l‘Europäisches Institut für Klima & Energie allemand, ou encore au Heartland Institute américain, pour ne citer que quelques exemples.
La volonté de s’organiser mieux émerge début 2015.
Elle se cristallise notamment grâce à la COP21 qui doit alors se tenir quelques mois plus tard à Paris. Nombreux sont ceux qui, excédés par les outrances de la communication alarmiste, souhaitent alors montrer que tout le monde n’a pas perdu son esprit critique.
Pour faire entendre une autre voix, des initiatives émergent, dont une association de climato-optimistes créé par Christian Gérondeau, ainsi qu’un groupe X-Climat de polytechniciens. Finalement, le 1er septembre 2015 est lancé le Collectif des climato-réalistes, conçu comme le rassemblement d’associations, de cercles de réflexion et de simples citoyens, sous la houlette d’un comité scientifique.
À mon sens, c’est la création de ce Collectif, que l’on doit principalement à l’énergie et aux efforts de Marie-France Suivre, qui a permis au climato-réalisme français d’entrer dans une phase moderne. (L’intention, toujours d’actualité, a été de se considérer comme francophone plutôt qu’hexagonal, ce que reflète la constitution du Comité scientifique.)
Le Collectif peut revendiquer deux faits d’armes d’importance.
D’une part, il est à l’origine de la pétition (20 000 signatures) pour le maintien du journaliste Philippe Verdier dans son emploi de directeur du service météo à France Télévisions, lui qui avait été licencié pour délit d’opinion (il avait osé publier un livre critique sur la politique climatique trois mois avant la COP21).
D’autre part, le Collectif a organisé le premier rassemblement climato-réaliste en France, à Paris, le 8 décembre 2015 : la « Contre-COP21« . C’est de ce moment fondateur que date l’esprit d’équipe qui règne désormais entre climato-réalistes, bien loin de celui des francs-tireurs de jadis, alors aussi valeureux qu’inaudibles. C’est aussi à l’occasion de la Contre-COP21 que le climato-réalisme français s’est fait reconnaître à l’échelle internationale, de nombreuses associations étrangères qui avaient fait le déplacement pour (ou plutôt : contre) la COP21 étant alors venues à notre rencontre.
Après cet événement majeur pour le lancement de notre mouvement, il nous est apparu que la structure informelle du Collectif devenait inadaptée. Le 1er mai 2016 est donc née l’Association des climato-réalistes, qui est à présent le cadre de nos actions.
L’un des objectifs principaux est de faire en sorte que tout un chacun, du simple citoyen au décideur de haut niveau en passant par les journalistes, puisse disposer d’une structure référente à qui s’adresser pour connaître la position climato-réaliste sur telle ou telle question. (Bien souvent jusque là, les rares journalistes désireux de faire entendre une voix non-orthodoxe trouvaient difficilement qui contacter.)
Je dis « la » position climato-réaliste, je devrais dire « une », car il n’a jamais été question pour nous de fonctionner par consensus – qui est une façon de faire que nous laissons volontiers à nos adversaires. Nous n’avons pas d’idéologie à vendre, ou de projet global pour une société meilleure. Nous ne sommes soumis à aucun parti ou groupe de pression. (Si un lobby quelconque tentait de nous inféoder, la variété même des opinions politiques et intellectuelles de nos membres aurait tôt fait de l’en empêcher.)
Nous sommes là pour alimenter la réflexion sur la question climatique et les options politiques qui en découlent, chacun y est le bienvenu, mais nous ne sommes pas à vendre.
Ce qui nous rassemble est une manière de réfléchir sur le climat (et plus généralement l’environnement) libérée des peurs irrationnelles et du permanent affichage de vertu qui a lieu sur ces questions.
Nous considérons que l’alarmisme climatique n’est pas scientifiquement fondé, et donc que les politiques (notamment énergétiques) qui s’en réclament ne reposent pas sur des bases solides. Cela laisse la place à quantité de points de vue, aussi bien sur la science elle-même (ce qui cause vraiment les évolutions climatiques de ces dernières décennies, ce à quoi il faut s’attendre pour les prochaines années…) que sur la perspective sociétale ouverte par le climato-réalisme.
Certains de nos soutiens sont des personnalités « de gauche », d’autres « de droite », d’autres encore de nulle part en particulier. On compte aussi d’authentiques écologistes. Cela est à la fois inévitable et nécessaire : après tout, c’est à nos adversaires écologistes que nous devons l’idée que l’écologisme doit « traverser tous les partis » (ce qui n’est pas idiot en soi : n’importe quel parti de gouvernement se doit de disposer dans son programme d’un volet qui traite d’environnement).
Nous aimerions bien sûr que le climato-réalisme se répande davantage, mais nous voulons surtout que le débat puisse exister, qu’il ne se réduise plus à une caricature. Non, nous ne sommes pas des complotistes compulsifs. Non, nous ne sommes pas un avant-poste du trumpisme. Non, quoi qu’en dise Bruno Latour, non nous ne sommes (hélas) pas arrosés de milliards de dollars pour répandre des mensonges favorables aux sombres visées court-termistes des lobbys pétroliers. Nous constatons simplement le gouffre entre les annonces apocalyptiques sur le climat et ce qui s’observe dans la réalité : l’évolution récente du climat montre des fluctuations peu remarquables, qui ne seraient pas remarquées si le contexte sociétal ne conduisait pas à les monter en épingle à chaque occasion.
Se focaliser bêtement sur le climat, c’est retarder les actions dans d’autres domaines utiles, c’est détourner l’attention des vrais enjeux, c’est dépenser beaucoup d’argent pour des chimères, en un mot : c’est mal mobiliser les ressources.
L’association a réalisé pas mal de choses en un an et demi, qui vont d’un site internet à des émissions de radio en passant par une lettre d’information et la création d’une collection d’ouvrages. Nous avons aussi organisé fin 2016 la « Contre-COP22 » qui a connu un certain succès médiatique, et enfin le « Contre-Sommet » du 7 décembre dernier en réaction au « One Planet Summit » de cette semaine. Le gros bandeau qui indiquait le nom de l’association lors de mon passage sur LCI montre à lui seul que l’objectif a été atteint : nous avons bel et bien été un caillou dans la chaussure de l’événement.
Pour la suite, nous avons besoin de l’aide de tous : adhésions, bénévolat, suggestions… le lot de toute association, quoi.
Tout reste à faire, encore et toujours, et la seule récompense réside dans l’espoir d’être un petit peu utile à notre société.