Par Jean-Michel Arnaud et Félicité de Maupéou.
Et si ce n’était plus tant la fin des temps qui était imminente mais bien la fin de l’humain, annoncée par le posthumanisme ? Né dès les années 1970, ce courant international n’est plus une fiction mais une science, visant à augmenter, par les biotechnologies, nos capacités physiques et psychiques.
Mais jusqu’où ? Le posthumanisme entend modifier notre essence vers une humanité élargie aux robots, aux humanoïdes, aux clones.
Doit-on alors s’alarmer avec Stephen Hawking, qu’il soit apocalyptique et mette « fin à l’humanité » ? Ou doit-on voir dans le posthumanisme, l’apocalypse qui verrait l’homme se révéler et arriver au terme de son évolution ?
Technologies prêtes-à-porter
Notre corps est déjà augmenté d’exosquelettes, ces extensions biotechnologiques contrôlées par la pensée, militaires ou médicales, dont le marché mondial pèsera 3,3 milliards de dollars en 2025.
Notre peau est drapée de wearable, ces technologies prêtes-à-porter (textiles, lunettes, montres, bracelets connectés) qui en 2016 représentaient déjà 253 millions d’euros en France.
Notre chair peut aussi être implantée de puces électroniques, telle que celle des salariés d’une société américaine, qui paient désormais par voie sous cutanée leur restaurant d’entreprise.
Nos organes, eux, peuvent être artificialisés : une rétine artificielle biologique a redonné la vue aux patients devenus aveugles à la suite d’une rétinite pigmentaire ; un utérus artificiel a été créé aux États-Unis pour lutter contre la mortalité des prématurés ; un cœur artificiel a été implanté, par une entreprise française, visant à allonger d’au moins cinq ans l’espérance de vie d’un malade en phase terminale.
Séquençage du génome humain
L’impression 3D permet, quant à elle, de créer des tissus biologiques, comme des cartilages, des muscles, des os à partir de cellules souches.
Et si le diagnostic pré-implantatoire comme le séquençage du génome humain pouvait prévenir et guérir des maladies et anomalies, il permet désormais une fécondation in vitro à la carte, grâce à la sélection du patrimoine génétique d’un embryon.
Cette sélection d’un bébé parfait induira, à terme, une modification du génome humain, gommant la biodiversité qui pourtant le protège.
Du corps à l’esprit, il ne restait qu’un pas que « l’ingénierie paradisiaque » a franchi, afin de contrôler les souffrances psychiques, telles que l’addictologie, la dépression, voire la pédophilie, selon le wireheading modifiant, par stimulations électriques, des zones cérébrales.
Singularité technologique
Le bio-gérontologue Aubrey de Grey, prédit que vous, qui lisez à cet instant, gagnerez 20 ans d’espérance de vie, que l’homme de mille ans est déjà né et que ceux qui naissent aujourd’hui pourront vivre l’immortalité.
La révolution transhumaniste est en marche
Cette révolution transhumaniste est en marche. Elle comporte des risques.
Il nous reste cependant le choix des armes, au-delà des guerres intestines qui opposent technophiles et technophobes, conservateurs et progressistes, chrétiens et athées, capitalistes et accelérationistes autour de la question de savoir si il faut « tout interdire » au nom de la nature humaine – mais laquelle ? – ou « tout autoriser », au risque d’une humanité hybride normée.
Confrontons-nous aux questions que pose le transhumaniste. Car son intérêt réside dans les interrogations qu’elle suscite. Le posthumanisme peut-il paradoxalement, devenir un nouveau mythe salutaire pour l’homme ?
Ou bien la mainmise des GAFA, ces géants du web, sur le posthumanisme annonce-t-elle l’avènement de la marchandisation ultime de l’homme ?
Finalement, le transhumanisme, pour quoi faire ?
Le surhomme de demain, pourquoi faire ?
Nous faut-il vraiment changer l’homme pour être pleinement humain ?