Nous vivons dans l’illusion d’une société idéale issue des principes posés par la Révolution Française de 1789 ; elle-même basée sur les principes établis par les penseurs du 18e s, tels que Montesquieu, à propos de la séparation des pouvoirs et de la protection des libertés individuelles.
Seulement la réalité apparaît bien éloignée de ces principes car quel est le principe qui prévaut lorsqu’il s’agit, pour une administration, de s’immiscer dans tous les aspects de la vie des Français, si ce n’est une forme de totalitarisme rampant et dissimulé qui a pour but la surveillance généralisée de la population au nom d’une lutte contre le terrorisme ?
Et, visiblement cela ne suffit pas puisque, désormais, on essaie de contrôler la population par la pensée, ce qui est encore plus grave, par le biais de la manipulation audiovisuelle.
Le battage médiatique autour des « paradise papers »
Car comment qualifier le battage médiatique opéré depuis quinze jours à propos des « Paradise Papers » ?
France info en a même fait une « édition spéciale » sur toute une semaine à propos d’une fraude fiscale gigantesque qui spolierait la population, l’« astuce » consistant à tenir l’auditeur en haleine par le biais de la divulgation quotidienne et racoleuse des noms des fraudeurs ?
Et, à cette occasion, on nous parle de justice pour souligner l’injustice faite aux Français ; sans compter que ces ignobles fraudeurs délocalisent leurs entreprises et que les pauvres français deviennent des pauvres chômeurs… On est en pleine caricature !
De quoi parle-t-on finalement ?
Propagande généralisée
On crée l’événement à des fins de propagande en prétendant à des révélations qui n’en sont pas et on assiste à une stratégie d’ensemble qui se développe dans une partie de la presse subventionnée (Le Monde), les télés publiques et certains politiciens.
Or il faut être conscient qu’on est en plein dans une manipulation mentale destinée essentiellement aux personnes qui… ne paient pas d’impôt car cet argumentaire se heurte à une réalité un peu plus complexe et surtout nettement moins commode que celle qui nous est complaisamment exposée.
On commence classiquement par amalgamer fraudeurs, crime organisé et optimisation fiscale afin de persuader les Français qu’ils en sont les victimes ; car la victimisation est un puissant moyen de coagulation des mécontentements en exploitant des ressorts psychologiques (jalousie notamment) plus ou moins irrationnels.
L’évitement fiscal
Or dans un pays sur-imposé comme la France, il est légitime de procéder à une optimisation fiscale ; ce que j’appellerais pour ma part un évitement fiscal. Il n’y a que les gens qui ne paient pas d’impôt qui trouvent normal que l’impôt ne soit ni abusif ni excessif. Tous les autres font de l’optimisation en plaçant leurs économies dans des placements défiscalisés (assurance vie, livrets A, LED, PEA, PEL…) ou en achetant une maison dans une commune moins chère et moins imposée, par exemple.
Cela s’appelle gérer son patrimoine en « bon père de famille ».
On nous brandit la fraude fiscale comme une espèce d’épouvantail en procédant à une confusion abusive entre fraude et optimisation, laquelle est parfaitement légale, et souvent même prévue par l’État lui-même (il y a 457 niches fiscales pour un total de 100 mds €) ; et on en rajoute sur les signes extérieurs de richesse avec l’idée non exprimée que tout ça n’a été obtenu que par la fraude et le vol (de l’État) !
Or au sein d’une partie de la population médiatique, des journalistes et des politiciens, qui pour l’essentiel, à la fois par conformisme et par snobisme votent à gauche, il y a une forme de détestation de l’entreprise et de l’entrepreneur qui a réussi. Il est donc normal qu’ils soient punis pour cela et il est même légitime qu’ils paient des impôts et même qu’ils ne paient que des impôts !
La détestation de l’argent
Évidemment, il s’agit d’une vision complètement faussée et irréaliste du monde. On ne peut même pas parler de parti pris rédactionnel, c’est de la propagande pure et simple…
Dans ce modèle de société, le seul argent « gagné » de façon légitime est celui perçu de la part de l’État (salaires, indemnités parlementaires) dans le cadre de l’État-providence et employeur dispensateur du bonheur universel. Mais, ne nous trompons pas. Cette détestation de l’argent de la part de cette catégorie socio-professionnelle n’est qu’apparente car elle aime profiter des ors de la République.
Cette détestation n’est en fait qu’une posture.
Les députés et sénateurs sont effectivement les mieux placés pour parler de la fraude fiscale, eux qui se sont montés un véritable petit paradis fiscal au sein de la République française avec des revenus exonérés, une (très) confortable retraite payée par vos impôts, ainsi que divers petits avantages, et il n’est qu’à voir la résistance opposée par cette corporation au contrôle de leurs dépenses et de l’utilisation des deniers publics.
La manne de l’argent public
De la même façon, la presse subventionnée et l’audiovisuel public profitent à plein de l’argent public qui ne coûte rien puisque ce sont les autres qui paient et sont donc bien placés pour parler d’abus. Il n’est pas inutile de rappeler que le conglomérat des chaînes de télé et de radio publiques françaises chargé de diffuser la bonne parole constitue une atteinte à la liberté de la presse.
David Pujadas nous annonce en préambule de son émission sur LCI du 03 novembre, histoire de bien « cadrer le débat », que la fraude fiscale s’élève à 80 mds €… (chiffre qui circule dans certains milieux bien que ne reposant sur aucune preuve tangible mais qui curieusement correspond au montant du déficit budgétaire de l’État) avec l’idée sous-jacente que si l’État a des dettes c’est à cause des mauvais Français qui fraudent le fisc en procédant à l’occasion à un amalgame ou une confusion bien utile aux moralisateurs avec la conclusion qu’il faut les mettre en prison.
On fait du sensationnel à bon compte !
Le comble a été atteint lorsque France info a cru indispensable de faire venir sur son plateau le funeste et incompétent Michel Sapin, ancien magistrat du Tribunal Administratif de Paris mais surtout ancien ministre de l’Économie et des finances de Hollande, venu délivrer la bonne parole contre la vilaine fraude fiscale ; lui qui a été l’auteur d’une « comptabilité insincère » fustigée par la Cour des Comptes (en droit privé cela s’appelle présentation de faux bilan et c’est un délit), lui qui a été condamné à rembourser 100.000 € d’indemnités indûment perçues en tant que conseiller municipal de la ville d’Argenton-sur-Creuse.
Et on en rajoute dans la démagogie racoleuse lorsque certains élus LREM prétendent vouloir faire modifier la loi pour que les fraudeurs fiscaux soient déchus de leurs droits civiques…
L’État est mal géré
Le vrai scandale est que l’État est (très) mal géré et ça fait (trop) longtemps que ça dure ! Il n’est donc pas admissible de prétendre, même par sous-entendus, que cette mauvaise gestion est due « aux autres », en l’occurrence les fraudeurs ou optimiseurs fiscaux, mais il est vrai qu’il est toujours intellectuellement plus commode de rejeter ses propres fautes sur les autres.
La preuve la plus flagrante en est apportée avec cette lamentable affaire de surtaxation de 3% des dividendes, annulée par le Conseil Constitutionnel et pourtant remise en place sous une autre forme parce qu’il y a un trou de 10 mds d’€ et que les dirigeants (principalement de Bercy) n’ont aucune autre idée que de taper sur le contribuable, pour le boucher.
Or comme le rappelle l’IFRAP (ici), l’origine de ce « problème » remonte à 2006, lorsqu’une première note de Bercy a attiré l’attention sur la possible illégalité de l’article 119 bis du CGI qui avait pour but d’imposer une retenue à la source sur les dividendes versés à des OPCVM (organismes de placement collectif de valeurs mobilières) résidents fiscaux d’un autre pays membre de l’Union européenne.
L’ardoise à 5 milliards
Rien n’a été fait pour y mettre bon ordre, jusqu’à ce que, en 2012, quatre jours après l’élection de François Hollande, la Cour de justice de l’union européenne (CJUE) juge cet article contraire à ses principes.
L’ardoise risquant d’atteindre 5 mds €, le nouveau gouvernement a dû trouver d’urgence des ressources permettant d’éponger cette dette et déjà la question se limitait à créer une nouvelle taxe pour remplacer celle déclarée illégale. La taxe de 3% sur les dividendes a donc vu le jour, avec d’autant moins de scrupules que cela allait dans le sens de la taxation des riches et de la finance.
Par deux fois, l’État français a donc créé une nouvelle taxe pour rembourser un impôt indûment perçu ! Autrement dit, on essaie juste de pérenniser une illégalité en risquant que la nouvelle taxe soit elle-même déclarée illégale.
La norme administrative fiscale française
Autant dire que le non respect des lois, la mauvaise gestion et la spoliation sont devenus la norme administrative fiscale française, dans le cadre d’une dérive administrative qui n’est ni normale ni admissible, et on est juste face à l’expansion permanente d’un État incapable de diminuer ses dépenses et qui fait résolument n’importe quoi.
D’ailleurs, à bien y regarder, puisque nous avons le record d’Europe des prélèvements fiscaux, on peut en déduire que TOUS les autres pays de l’UE sont, comparativement, des paradis fiscaux puisqu’ils appliquent une fiscalité moins lourde.
S’il y a un scandale c’est bien celui du vol étatique, de l’impôt abusif, de la gabegie généralisée de la part de faux moralisateurs mais vrais profiteurs en tous genres qui prolifèrent car la France n’est, à bien y regarder, qu’un immense fromage !
Trois classes sociales
Nietzsche a bien dépeint le mode d’organisation de l’État en distinguant trois classes sociales :
- les « faibles », incapables de se prendre en charge, destinés à être exploités par l’État, qui les maintient en état de sujétion ;
- une élite démagogique, issue de la masse, qui utilise l’État comme outil pour exploiter la masse et qui attise la haine contre les forts, elle s’inspire d’une morale du ressentiment ;
- une élite aristocratique (les « forts »), qui assume son destin indépendamment des deux autres classes et n’hésite pas à se rebeller ou à quitter le pays.
Il n’y a pas de doute. Nous nous situons bien dans le schéma visionnaire de Nietzsche et dans un système de police de pensée qui sent « bon » le régime collectiviste puisque l’optimisation fiscale est perçue comme une déviance sociale et est fustigée en tant que telle.
La question qui reste sans réponse à propos de cette propagande éhontée est l’impact réel sur la population dont on peut espérer qu’elle ne soit pas aussi crédule que tous ces profiteurs l’imaginent.
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