Un plateau qui n'existe pas ?
Il y a deux ans, un article scientifique de Karl et al. était devenu célèbre en annonçant que le fameux plateau de températures (les quinze ou vingt ans sans réchauffement global qui gênent aux entournures les alarmistes du réchauffement climatique) n’existait pas.
Surnommé « pausebuster« , cet article, disait-on, était un coup fatal (encore un…) porté aux climatosceptiques.
Dommage que l'article a été caviardé
Coup de tonnerre : cet article pourrait non seulement être entaché d’erreurs, mais également avoir été écrit de façon sciemment exagérée, pour faciliter les négociations avant la COP21 de 2015 à Paris.
Le « Karl et al.« fait partie des gimmicks du débat sur le climat depuis deux ans. Je ne l’avais pas commenté en son temps (juste dit un mot dessus dans Le Référendum maudit), mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne m’avait pas impressionné.
Tripatouillage
D’une façon générale, je considère que tout article qui prétend redessiner la courbe de température globale est forcément un coup porté au carbocentrisme.
En effet, si les données de température, qui comptent aujourd’hui parmi les plus importantes du débat, sont susceptibles de devoir être revues en profondeur, c’est que la discipline manque tout simplement de maturité et qu’il est donc prématuré de se fier aux prévisions qu’elle peut s’essayer à faire.
Or cette fois il semble qu’on n’ait pas seulement eu affaire à un article mal torché.
La façon même dont il a été préparé et « poussé » pour paraître avant la COP21 est elle aussi mise en cause.
John Bates, l’homme par qui le scandale arrive (et qui donne sa version sur le site de Judith Curry), n’est pas n’importe qui.
Collègue haut placé de Karl à la NOAA (l’administration américaine sur les océans et l’atmosphère), il a reçu en 2014 une distinction pour la qualité de son travail sur les données climatiques, remise par l’administration Obama elle-même.
Que s'est-il passé ?
Aux premières loges lors de la préparation de l’article « pausebuster« , il a aujourd’hui décidé de lever le voile sur la façon dont celui-ci a été préparé :
[L’auteur de l’article] n’a fait que pousser pour des décisions et des choix scientifiques qui maximisaient le réchauffement et minimisaient la documentation… Dans ses efforts pour discréditer l’idée d’une pause du réchauffement global, [il] s’est précipité pour publier à temps pour influencer les négociations nationales et internationales sur la politique climatique.
Puis, dans la série « si vous torturez suffisamment les données, elles finiront par avouer » :
Les bouées leur avaient fourni de bonnes données. Ils les ont jetées et « corrigées » en utilisant de mauvaises données issues de navires. Jamais on ne modifie de bonnes données pour les mettre en accord avec de mauvaises, c’est pourtant ce qu’ils ont fait, afin de faire comme si la mer était plus chaude.
D’autres défauts criants du pausebuster auraient dû, selon Bates, rendre impossible sa publication.
Les habitués de Climate Audit ne seront pas surpris de la liste : non-fiabilité des données, ajustements non validés, méthodes de calcul buguées, défauts d’archivage…
Du classique depuis au moins la fameuse crosse de hockey.
Un aspect important de l’affaire me semble mériter d’être souligné, qui porte sur le timing de la révélation.
On peut voir dans une annonce aussi tardive (près de deux ans après le pausebuster) le signe que les changements politiques intervenus aux États-Unis permettent désormais aux voix dissidentes de s’exprimer plus librement.
Coup de pouce du destin sans lien avec la réalité de la science, dira-t-on peut-être, sauf que l’argument se retourne pour défendre que, du coup, le « consensus » antérieur pouvait lui aussi fort bien n’être lui non plus que l’expression d’un rapport de force politique et sociétal.
Mais le plus important est ailleurs : Bates a pris sa retraite il y a peu.
On ne peut s’empêcher de penser que c’est pour cette raison qu’il parle, maintenant que sa carrière n’est plus en jeu.
C’est là une illustration de plus de ce qu’avec d’autres je dis depuis fort longtemps : si l’on compte si peu de climatoréalistes au cœur des institutions scientifiques liées au climat, ce n’est pas parce qu’il n’y en a pas, mais parce que ceux qui ont des doutes préfèrent rester prudents.
Tout le monde n’a pas envie de finir licencié pour opinion non conforme tel un vulgaire Philippe Verdier.
Aussi dans cette nouvelle affaire n’est-ce pas seulement un article carbocentriste qui s’effondre.
C’est aussi, et surtout, un élément supplémentaire qui montre que le « consensus scientifique sur les changements climatiques » a tout d’un banal village Potemkine.