Cette date est l’horizon du très officiel PPI (Programme Pluriannuel d’Investissement) énergétique.
Ce plan prescrit une augmentation de 190% du parc photovoltaïque et de 130% du parc éolien.
La loi de transition énergétique a par ailleurs édicté une diminution de 33% du parc nucléaire d’ici 2025, soit une diminution de 25% d’ici 2023.
La question est de savoir si, en 2023, l’augmentation de la production d’électricité renouvelable décidée compensera la diminution d’électricité nucléaire voulue.
En ce qui concerne les pointes de demande, la réponse est très clairement : non.
Considérons la pointe du jeudi 19 janvier, de 19 à 20h.
La demande était de 93 GWh. La production nucléaire était de 56 GWh, la production de renouvelables de 3 GWh, celle les autres productions (hydraulique et thermique) de 31 GWh, soit au total de 90 GWh. Manquaient 3 GWh, qui ont été fournis par les importations.
Que deviennent ces chiffres pour une pointe comparable en janvier 2023 ?
La demande reste de 93 GWh. La production d’électricité nucléaire est réduite de 25%, à 41 GWh. Celle de renouvelables est accrue de 130%, à 6 GWh.
Celle des autres filières reste constante. Au total, la production est de 79 GWh. Manquent 14 GWh, qui ne peuvent certainement pas être importés : c’est la grande panne. Les 14 GWh de nucléaire en moins n’ont absolument pas été remplacés par les 3 ou 4 GWh d’électricité renouvelable en plus.
Ce résultat sans appel est-il biaisé par le choix de l’heure pour laquelle il a été calculé ?
Les pointes de demande interviennent en hiver, généralement en début de soirée, de 19h à 20h, à des moments où le soleil est couché et la production d’électricité photovoltaïque égale à zéro. A ces heures-là, seul compte l’éolien.
La production d’électricité éolienne (2,7 GWh) à l’heure considérée a-t-elle été anormalement basse ? Pas du tout. Pour les 576 heures des 24 premiers jours de janvier 2017 (qui constituent un échantillon significatif) la médiane des productions d’électricité éolienne s’établit à 1,9 GWh.
Une heure sur deux, en janvier, l’éolien de toute la France produit moins d’électricité que le seul Fessenheim. Le calcul fait sur la base de 2,7 GWh ne surestime pas le déficit d’électricité, il le sous-estime.
En outre, le calcul présenté suppose que la production thermique (au gaz, mais aussi au charbon et au fioul) mobilisée ce jour là, à hauteur de 16 GWh, le sera également en 2023.
C’est une hypothèse optimiste. La loi sur la transition énergétique prévoit explicitement la disparition, ou en tout cas une forte diminution, de ces filières. Si elle était mise en œuvre sur ce point, le manque à produire ne serait pas de 14 GWh, mais de 25 GWh ou davantage.
La « transition énergétique », vendue comme un gage de progrès et de croissance, est une chimère.
Non seulement elle coûtera très cher, mais elle produira des pannes d’électricité. Comme dit Rousseau : « Ô douces illusions, ô chimères, dernières ressources des malheureux ! ah ! s’il se peut, tenez-nous lieu de réalité ».
Annexe
Tableau 1 – Production d’électricité aux pointes de demande, 2017 & 2023
2017 | 2023 variation | (en GWh)
| |
Demande | 93,1 (a) | 93,1 (*) | 0 |
Production : | |||
Nucléaire | 55,5 | 41,4 (b) | -14,1 |
Renouvelables intermittents | 2,7 (c) | 6,2 (d) | +3,5 |
Autres | 31,5 (e) | 31,5 | 0 |
Total | 89,7 | 79,1 | -10,6 |
Déficit | -3,4 | -14,0 | -10,6 |
Source : RTE (Eco2mix et portail client/production)
Notes :
a 19 janvier, 19-20h.
(*) A supposer qu'en 6 ans la demande en électricité n'augmente pas ; ce qui est audacieux.
b. chiffre de 2017 moins 25%.
c. Eolien seulement.
d. Chiffre de 2017 augmenté de 130%.
e. dont : hydraulique (14,9), gaz (9,3) ; charbon (2,4), fioul (4,1), bioénergie (0,8)