Nous considérons comme une évidence que ce que nous percevons comme «réel» est le reflet d’une réalité objective et physique.
Que les atomes et les molécules qui constituent notre corps existent. Que les photons ont bien de l’énergie et se déplacent et que les neutrinos qui traversent notre corps sont des particules.
Mais peut-être que notre univers, de la plus petite particule subatomique au plus grand amas galactique n’a pas de réalité physique.
Peut-être s’agit-il que d’une simulation très complexe et très sophistiquée qui fonctionne dans une autre réalité!
Cette idée n’est pas vraiment nouvelle et était évoquée au 17ème siècle par le philosophe français René Descartes.
Mais elle est de plus en plus partagée souligne The Guardian et renforcée à la fois par les limites de notre compréhension de la physique et de notre univers et par nos progrès fulgurants dans la création d'une réalité virtuelle.
Ainsi, quand le milliardaire américain Elon Musk ne se consacre pas à son projet démesuré consistant à lancer des fusées afin de quitter la terre qui est en train de mourir et de coloniser Mars, il évoque souvent cette théorie selon laquelle la terre n’est pas vraiment réelle et existe seulement dans une simulation informatique.
«Il y a une chance sur un milliard que nous vivions dans la réalité», a-t-il déclaré.
Elon Musk n’est pas le seul à penser cela. Il y a de nombreuses personnes dans la Silicon Valley et dans la communauté scientifique qui trouvent assez solides les arguments en faveur de «l’hypothèse de la simulation».
Notre expérience de la réalité serait en fait une simulation construite par un ordinateur géant créé par une intelligence bien plus grande que la notre. Un monde qui serait tout simplement celui de Matrix.
Deux milliardaires de la Silicon Valley auraient même déjà, en secret, engagés des scientifiques pour briser cette simulation.
En 2003, Nick Bostrom de l’Université d’Oxford avançait l’hypothèse qu’une civilisation post humaine très avancée et disposant d’une puissance informatique considérable pouvait très bien avoir décidé de faire une simulation de l’existence de leurs ancêtres dans l’univers, c'est-à-dire nous.
Cela expliquerait bon nombre de nos problèmes à comprendre justement cet univers de l’infiniment petit à l’infiniment grand et ce qui semble être les incohérences de la physique.
Et depuis les progrès du virtuel et de la puissance informatique ont rendu cette hypothèse moins folle.
«Il y a 40 ans nous avions Pong, deux rectangles et un point. Aujourd’hui nous avons de la 3D de qualité photographique dans des simulations où jouent des millions de personnes simultanément et qui ne cessent de s’améliorer d’année en année. Et bientôt nous n’aurons plus la réalité virtuelle, mais la réalité augmentée», explique Elon Musk. «Si nous partons du principe que nous allons continuer à faire des progrès, alors les jeux deviendront bientôt impossibles à distinguer de la réalité», ajoute-t-il.
Le fait que notre univers soit régi par des lois mathématiques et se décompose en particules subatomiques.
Et le fait que le temps, l’énergie, l’espace aient des limites physiques. Cela permet la simulation ou la révèle…
La simulation expliquerait aussi les spécificités de la mécanique quantique et en particulier le problème de la mesure et le fait que l’infiniment petit n’apparaît que quand il est observé.
«Est-il possible que nous soyons dans une simulation? Oui. Sommes-nous probablement dans une simulation? Je dirais non», explique Max Tegmark, professeur de physique au MIT.
Pour lui, il est difficile d’imaginer que les lois de la physique soient simulées et artificielles. «Nous avons beaucoup de problèmes à résoudre dans la physique et nous ne pouvons considérer que nos échecs sont le fait d’une simulation».
Un autre physicien de Harvard, Lisa Randall, est encore plus sceptique. «Il n’y aucune preuve de la simulation».
Et elle ajoute que c’est faire preuve d’une grande arrogance que de considérer qu’une entité voudrait nous simuler, nous, et y consacrerait des moyens importants.
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