Prédictions apocalyptiques
Souvenez-vous, c’était il y a quelques années, lorsque le prix du baril de brut flirtait avec les cents dollars : on ne comptait plus les gros titres des journaux qui nous annonçaient le fameux peak oil, le pic de production de pétrole ; événement apocalyptique qui devait marquer la fin d’une époque – que dis-je, d’une époque : d’un monde ! – et qui justifiait, sous la plume des nombreux auteurs de rapport officiels et des journalistes, une intervention urgente de nos gouvernements.
Souvenez-vous, ce n’est pas si vieux : des mathématiciens aux barbes fleuries et aux visages débonnaires se relayaient à l’antenne pour nous expliquer ce qu’est une croissance exponentielle (Oh ! Merci Professeur !) tandis qu’une armada d’experts aux costumes impeccables prédisaient que le pic de production serait atteint quelque part entre 2010 et 2013 ou, pour les plus optimistes, en 2015 au plus tard.
Mais fausses
Il se trouve, justement, que l’année 2015 prendra fin dans quelques jours et que, où que je porte mon regard, je ne peux que constater que toutes ces prédictions, une fois de plus, se sont avérées fausses.
Non seulement la production mondiale de pétrole n’a pas reculé mais elle ne montre pas non plus le moindre signe de fléchissement. Mieux encore, en cette période de marasme économique elle progresse plus vite que la demande ; ce qui se traduit assez logiquement par un gonflement des inventaires et une chute des cours : au moment où j’écris ces lignes, le baril de West Texas Intermediate(WTI) se négocie à moins de $36 ; ajusté de l’inflation, c’est un prix similaire à celui de la fin des années 1980.
N’en doutons pas un instant : le prix de l’or noir finira bien par remonter un jour et ce sera à nouveau l’occasion, pour nos suspects habituels, d’envahir les colonnes de nos journaux et les plateaux de télévision pour y exposer les mêmes arguments et prédictions apocalyptiques qu’à la fin des années 2000.
Et une fois de plus, ils se tromperont
Parier sur une hausse continue du prix des matières premières c’est parier contre l’intelligence humaine. Si nous devions retenir une leçon de notre histoire en tant qu’espèce, c’est que c’est un pari très risqué.
—
Sur le web.