Y aurait-il une course à l’absurdité pour financer les énergies renouvelables ?
Par Michel Gay (1)
Le développement des énergies renouvelables trouve sa justification dans les subventions qui leur sont accordées par la loi contre toute rationalité économique et technique.
Sous le prétexte respectable et souhaitable de diminuer notre consommation d’énergie, et donc nos importations de combustibles fossiles, il y a une logique cachée : il s’agit d’abord de poser la question de l’alternative politique et sociale, et non de l’alternative économique et technique. Et là, tout s’éclaire…
Il ne sert à rien d’argumenter sur les aspects financiers, ni sur les impossibilités physiques, puisque la transition énergétique est d’abord, pour certains, une volonté de changer la société de consommation actuelle en l’effondrant de l’intérieur par la privation d’énergie.
Le prix du kwh a doublé depuis 2001
Aujourd’hui, pour soutenir financièrement les panneaux photovoltaïques et les éoliennes (essentiellement), les taxes ont entrainé le doublement du prix du kWh sur notre facture d’électricité depuis 2001. Et elles continuent à enfler à un rythme délirant.
La première d’entre elles, appelée CSPE (Contribution au Service Public d’Électricité), est la plus importante. Elle date de 2002 et reflète essentiellement le surcoût associé aux politiques de soutien aux énergies renouvelables et à la cogénération selon les termes de la loi du 10 février 2000. Deux autres taxes se sont ajoutées en 2011 et 2012. Ces diverses ponctions se rapprochent dans le temps. Elles sont pratiques à l’usage et apparemment indolores puisque les consommateurs ne réagissent pas. De plus, la TVA s‘applique sur ces taxes (une taxe sur les taxes…).
Et ce n’est pas fini
En 2016, une nouvelle taxe s’appliquera : un bonus/malus en application de la loi sur « la tarification progressive de l’énergie » votée par les députés le 11 mars dernier. Elle s’ajoutera donc aux autres.
De plus, il semble que ce ne sera pas suffisant. Il faudrait aussi augmenter le prix de vente de l’électricité sur le marché (et non plus seulement les taxes qui s’ajoutent sur le coût de production).
Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, déclarait le 19 mai sur Europe 1 : « une forte augmentation du kWh en France se justifie par le fait que nous avons beaucoup de retard sur nos voisins allemands qui paient ce kWh 88% plus cher que nous, et donc qu’il convient que nous comblions ce retard ».
Ce grand patron a de l’humour. En effet, puisque nous serions « en retard sur l’Allemagne » dans le domaine des énergies renouvelables, il rappelle aux étourdis que nous sommes aussi en retard… sur le prix de vente de l’électricité aux particuliers, qui est presque le double en Allemagne.
Y aurait-il une course à l’absurdité pour financer les énergies renouvelables ?
Pourquoi un tel acharnement sur le consommateur ? Quel est l’argument justificatif ? Pas écologique en tout cas puisque, en France, près de 90% de la production d’électricité n’émet ni particules fines, ni gaz à effet de serre grâce au nucléaire et à l’hydraulique. Notre pays est l’un des meilleurs élèves en Europe, et même dans le monde. Que veut-on ? Que le consommateur qui, jusque-là se chauffait à l’électricité, commence s’il le peut à se chauffer au bois, au gaz, au charbon ou au fuel en augmentant les rejets de gaz à effet de serre ? Quel est l’intérêt ?
Les choix énergétiques faits il y a 50 ans ont privilégié l’économie, l’indépendance énergétique et les sources d’énergie décarbonées. Ces décisions judicieuses ont permis d’obtenir un prix de vente du kWh moins élevé en France que chez nos voisins, notamment allemands, qui ont fait des choix plus… douteux. Or, au nom d’une écologie « floue », il faudrait aujourd’hui les prendre en exemple dans le but de financer les énergies « fluctuantes » et non pilotables (vent et soleil) dont on paye déjà les surcoûts dans les taxes ! C’est la double peine.
Ubu n’est plus roi, il est devenu empereur !
Le consommateur est désarmé devant ces divers prélèvements qui s’ajoutent les uns aux autres à une fréquence de plus en plus élevée pour satisfaire les rêves d’idéologues doctrinaires. Ils manœuvrent habilement dans les coulisses du pouvoir pour une politique « verte » visant à écraser la société actuelle sous le poids des taxes afin de créer ensuite une utopie fondée sur la nature, le vent et le soleil.
À quand une taxe sur les rêves ?
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1_Inspiré par un texte de Jacques Foos, Professeur Honoraire au Conservatoire National des Arts et Métiers (Sciences et Technologies Nucléaires) : « Les taxes sur le coût du kWh : sommes nous vraiment au courant ? »
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