MYRTE : sous le soleil, le contribuable
La centrale solaire MYRTE est une inutile fantaisie coûteuse de plus à la charge du contribuable.
Par Michel Gay
MYRTE est le joli nom donné à une centrale électrique photovoltaïque (PV) dont la production solaire, par nature erratique (nuits, nuages), est modulée par une transformation en hydrogène et en oxygène temporairement stockés.
Ces deux éléments sont ensuite recombinés dans une pile à combustible (PAC) pour produire de l’électricité suivant le besoin du réseau en Corse. Ce démonstrateur, situé à Ajaccio, réunit le CEA, HELION et l’université de Corse.
Tout cela est merveilleux, sauf si le contribuable/consommateur s’intéresse au coût de production de l’électricité. Et là, c’est le drame… il est faramineux !
Il est difficile d’établir précisément un rendement électrique net puisque, à ce jour et hors milieux professionnels, seuls des documents promotionnels ont été diffusés. Cependant, le citoyen peut se faire une idée du montant colossal du coût de production du kilowattheure (kWh) produit à partir des rares chiffres rendus publics.
Pour mémoire, le prix de vente de l’électricité sur le marché national se négocie généralement autour de 4 c€/kWh. La loi oblige EDF à vendre un quart de sa production nucléaire à 4,2 c€/kWh à ses concurrents. Or, les 24 millions d’euros engloutis jusqu’à présent dans cette « plateforme MYRTE » conduisent à produire une électricité coûtant environ… 220 c€/kWh ! (Voir annexe technique). Ce coût de production (sans les taxes) représente… plus de 50 fois le prix du marché actuel ou celui de l’électricité vendue par EDF à ses concurrents !
MYRTE n’apporte rien sur la connaissance de l’électrolyseur, de la PAC et/ou du système de stockage de l’hydrogène qui sont des techniques connues. De plus, l’intégration de ces maillons dans la chaîne de production est sans enjeu. L’utilisation d’un simulateur de production photovoltaïque permet d’analyser plus aisément et plus finement le fonctionnement de l’électrolyseur et de la PAC en laboratoire. C’est ce qui a été réalisé au sein du CEA-LITEN à Grenoble avec l’expérimentation SENEPY, qui a montré la nécessité de poursuivre des tests en laboratoire avant de développer des projets inutilement coûteux.
Comme il est d’usage, le contribuable-consommateur est pris pour une vache à lait qu’on peut traire à volonté pour alimenter ce nouveau genre de « pompe à finances » sous couvert d’écologie.
MYRTE est une expérience peu probante de stockage d’électricité par hydrogène dont les aspects techniques sont déjà connus. Elle ne représente pas non plus l’avenir de la production d’électricité, tant que les coûts de stockage massif de cette énergie resteront prohibitifs. En résumé, MYRTE est une inutile fantaisie coûteuse de plus à la charge du brave contribuable…
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Annexe technique
MYRTE
3700 m2 de panneaux photovoltaïques et 560 kWc (kilowatt crête).
On en déduit que chaque mètre carré peut atteindre 151 Wc / m2
Production : 700 MWh/an (soit 1 250 heures /an en équivalent pleine puissance)
Électrolyseur : 200 kW, fonctionne sous 35 bars.
Production 40 Nm3 / heure (1 Nm3 contient 3 kWh d’énergie).
Stockage de l’hydrogène sous 35 bars = 1750 kWh
Puissance de la PAC : 150 kW
Onduleurs : 476 kW et transformateur : 800 kVa
Le projet MYRTE : Une expérimentation peu probante de stockage d’électricité par hydrogène.
1) En prenant un taux d’amortissement égal à zéro alors qu’il est généralement compris entre 5% et 8% ce qui peut doubler le coût de production,
2) en supposant que les 24 M€ injectés dans MYRTE soient suffisants pour l’investissement, la maintenance et le fonctionnement (personnels, charges,…) pendant 20 ans (soit environ 1,2 M€ /an),
3) en prenant « une production des panneaux photovoltaïques de 700 MWh/an (soit 1 250 heures /an en équivalent pleine puissance) », soit un facteur de charge de 14% seulement, même si l’ensoleillement théorique annuel annoncé par l’ADEME est de 1400 heures équivalent pleine puissance,
4) en supposant que seulement un tiers (33%) de cette production électrique soit modulée par la chaine hydrogène, puis par la PAC, (sinon il faudrait s’interroger sur son utilité), et du rendement 35 % de cette chaine de transformation,
Alors :
700 x 0,33 = 231 MWh sont transformés en hydrogène,
700 – 231 = 469 MWh sont délivrés directement sur le réseau par les PV
et
231 x 0,35 = 81 MWh sont fournis au réseau par la PAC.
Il en résulte qu’environ 550 MWh par an sont vendus au réseau, soit un coût estimé de
1.200.000 € / 550 MWh # 2200 € / MWh