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Au matin du vote solennel du projet de loi sur le renseignement, qui ouvre la voie à une surveillance de masse, l'hébergeur Altern.org annonce qu'il va déménager en Norvège.
L'hébergeur Altern.org a informé mi-avril de son intention de quitter la France, sans préciser ni délai, ni destination. Dans un billet publié sur son site Internet personnel, son fondateur et unique représentant Valentin Lacambre a révélé ce matin son choix : les services d'Altern.org iront en Norvège.
L'administrateur a livré sa méthodologie : il a classé les « pays favorables à Internet », tant sur le plan politique que technique, en combinant le classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontières, l'indice de développement humain des Nations unies et le débit Internet moyen d'Akamai.
Son classement s'établit alors ainsi :
1_ Norvège
2_ Pays Bas
3_ Danemark
4_ Suède
5_ Suisse
6_ Irlande
7_Canada
8_ Allemagne
9_ Nouvelle Zélande
Contacté par nos soins, Valentin Lacambre indique que les services seront rétablis depuis la Norvège avant le vote définitif, c'est-à-dire le mois prochain si le Sénat valide à son tour le projet de loi.
L'acte militant d'un pionnier de l'hébergement
C'est quoi qu'il en soit une opération assez simple, puisque ce prestataire alternatif a fermé son service d'hébergement de site Internet en 2000, et qu'il ne maintient plus que les services d'email pour les utilisateurs existants.
Valentin Lacambre va d'ailleurs profiter de l'opération pour virtualiser l'infrastructure, qui occupe pour l'heure une armoire d'une vingtaine de serveurs. Il installera dans un second temps une deuxième infrastructure dans un pays qui reste à définir, puis une troisième chez l'opérateur de réseau Gitoyen dans un pays étranger.
Les enjeux sont sans commune mesure avec ceux des sept poids lourds de l'hébergement en France, qui ont renoncé à déménager après avoir rencontré la secrétaire d'État au numérique Axelle Lemaire et obtenu un amendement leur apportant satisfaction.
La décision de Valentin Lacambre, qui est également l'un des cofondateurs du registre de noms de domaine Gandi, est donc avant tout militante. Il espère néanmoins rouvrir les inscriptions à son service d'email « quand il sera capable d'offrir des garanties sur l'absence d'écoutes, tout en restant grand public ».
Notons pour conclure qu'il a illustré son billet avec la couverture du livre Tous à Zanzibar, un roman de science-fiction qui décrivait en 1970 un monde dénué en 2010 de vie privée et de libertés individuelles.