Nous ne mesurons pas encore ce que la fin de la voiture individuelle signifie pour de nombreuses activités et professions et pour notre mode de vie.
Transition rapide
La grande majorité des experts estime que la transition vers les voitures autonomes qui n’auront plus besoin de conducteurs sera progressive et se fera en quelques décennies. Mais il se pourrait bien que cette transition soit bien plus rapide et qu’elle ait des conséquences économiques et sur la société considérables et brutales. C’est en tout cas la thèse et la prévision de Zack Kanter sur le site économique Quartz qui est un spécialiste de la technologie.
Technologie déjà bien maîtrisée
Son raisonnement est le suivant. La technologie des voitures autonomes est presque déjà maîtrisée par Google et par de nombreux constructeurs automobiles notamment américains, allemands et japonais. Des milliers de kilomètres de tests ont déjà été parcourus. Et il s'agit d'une technologie dont l'apparition sera immédiatement disruptive.
Uniquement aux Etats-Unis, Elon Musk, le patron du constructeur Tesla explique que ces modèles 2015 sont déjà capables de conduire seuls 90% du temps. Selon Bloomberg, Cadillac du groupe General Motors va lancer en 2017 dans certains véhicules «une technologie qui prend le contrôle de la direction, de l’accélération et du freinage sur les autoroutes et dans les embouteillages». Google comme Tesla estiment qu’une voiture entièrement autonome -«vous entrez dans la voiture, dormez et vous réveillez à votre destination»- sera disponible pour le grand public d’ici à 2020.
Et pour Zack Kanter, nous ne mesurons pas encore vraiment les conséquences de ce saut technologique. «Les voitures autonomes seront devenues communes d’ici 2025 et ne seront pas loin d’avoir un monopole d’ici 2030 et les changements considérables qu’elles vont amener vont éclipser les autres innovations que notre société a connu. Elles vont créer un nombre sans précédent de pertes d’emplois et une restructuration fondamentale de notre économie, réglant une part importante de nos problèmes d’environnement, empêchant (aux Etats-Unis) des dizaines de milliers de morts par an, épargnant des millions d’heures en augmentant la productivité et en créant de nouvelles industries que nous ne pouvons même pas imaginer aujourd’hui».
Partager sa voiture est logique
Selon une étude de la banque Morgan Stanley, les voitures sont en moyenne utilisées seulement 4% du temps sur une année, ce qui est un gaspillage considérable de ressources. L’automobile est souvent, après l’immobilier, le principal investissement des ménages.
Il est bien plus logique donc d’un point de vue purement économique de partager l’usage d’une voiture et les véhicules autonomes vont accélérer très rapidement cette tendance. Toujours aux Etats-Unis, 60% des adultes se déclarent déjà prêts à utiliser une voiture autonome et 32% expliquent qu’ils ne conduiront plus sans le moindre regret. Et la boucle est bouclée quand le patron d’Uber, Travis Kalanick, explique qu’il entend à terme remplacer les chauffeurs par des voitures autonomes.
Et cela s’annonce particulièrement efficace puisque selon une étude de l’Université de Columbia, une flotte de seulement 9.000 voitures autonomes serait suffisante pour remplacer tous les taxis de la ville de New York et que les clients mettraient en moyenne 36 secondes pour trouver un taxi qui coûterait 1 dollar pour trois kilomètres.
Une telle évolution rendra la possession individuelle d’une voiture de moins en moins logique et acceptable.
Mais la transition s'annonce brutale et très douloureuse socialement
Les ruptures technologiques font en général des dégâts considérables dans la «vieille industrie» et il est vraisemblable que de nombreux constructeurs automobiles ne survivront pas au choc. De nombreuses autres activités connexes comme l’assurance, le parking, le marché des véhicules d’occasion, les taxis, certains services d’urgence dans les hôpitaux, la location de voitures classique vont être touchées de plein fouet.
Et c’est sans compter la transformation prévisible de fond en comble de l’industrie du transport routier de la camionnette de livraison aux camions parcourant des milliers de kilomètres entre les pays. Cela représente des dizaines de millions d’emplois qui seront menacés et dans le même temps une efficacité économique, énergétique et en vies sauvées sans précédent. Les bouchons et les accidents de la route devraient disparaître.
A la fois excitant et comme tout saut dans l’inconnu, inquiétant.
Note de Jean-Louis DURET : De tous temps on a craint les grandes évolutions technologiques ; mais il faut voir plus loin que le court terme. Et il est bien vrai que "conduire pendant des heures, au risque de sa vie" n'est pas quelque chose de très réjouissant ; tout comme acheter de coûteux véhicules pour s'en servir si peu.
Alors soyons optimistes et … vive le progrès.