Nous l’illustrons régulièrement dans nos colonnes : le « principe de précaution » tel qu’inscrit dans la Constitution s’est révélé un outil permettant de parer de science une opposition idéologique à de nombreuses applications potentiellement utiles et bénéfiques.
Mettant en scène une incertitude scientifique que l’on saura toujours trouver dans l’expression de l’expertise technique (ou que l’on inventera au besoin), cette opposition sait ensuite habilement jouer des instruments de la médiatisation et de l’émotion.
En réalité, ce principe (parfois qualifié de principe d’immobilisme), tourne le dos à une véritable prévention et une analyse des rapports entre les risques prévisibles et les bénéfices attendus.
La question de la cigarette électronique illustre de façon intéressante un domaine où la connaissance est loin d’être complète et où les risques potentiels sont loin d’avoir été tous évalués, mais où l’immobilisme serait sans doute la pire des solutions.
Ainsi, un récent rapport de l’Office français de prévention du tabagisme (OFTA) conclut : « Si les connaissances progressent rapidement sur le produit, il reste beaucoup de points d’incertitudes ; cependant on ne peut attendre des données scientifiques établies pour commencer à proposer des recommandations. »
Et les experts de l’Office recommandent alors que « l’accès des fumeurs aux e-cigarettes ne soit pas freiné, car au vu des données actuelles, elles semblent réduire les dommages lorsqu’elles remplacent la cigarette. » Mais comment protéger les non-fumeurs ? Et les jeunes en particulier ?
Notre dossier développe ce sujet, sur fond d’une industrie, celle du tabac, qui a déjà montré toute sa capacité à brouiller les cartes de la santé publique pour privilégier ses propres intérêts.
Science et pseudo-sciences
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