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S’écartant de la logique optimisatrice d’un marché libre, les mécanismes mis en œuvre pour forcer à la « transition énergétique » conduisent à un gaspillage insensé et suicidaire des ressources naturelles et humaines.
Par Corentin de Salle et David Clarinval.
Double paradoxe énergétique
Premièrement
Jamais l’énergie n’a été aussi chère alors que jamais son coût de production n’a été aussi réduit.
La mise en concurrence du marché de l’énergie a fait baisser les coûts de production. Mais les deux tiers de la facture énergétique sont ponctionnés par l’État, car les consommateurs doivent financer les quotas d’énergie verte de plus en plus importants.
Des augmentations de prix passées et futures
Entre 2006 et 2013, le prix du consommateur moyen a augmenté de 54% !
Et ce n’est pas fini. D’après une étude récente du Boston Consulting Group, à politique inchangée, l’électricité augmentera encore de 40% d’ici 2030.
Deuxièmement
Jamais l’Europe ne s’est dotée d’une telle capacité de production alors que jamais la sécurité d’approvisionnement n’a été aussi menacée.
Vu la priorité accordée au renouvelable, la capacité de production électrique actuellement à l’arrêt équivaut à la somme de la production électrique belge, tchèque et portugaise.
Indispensables au maintien de notre approvisionnement énergétique, les centrales à gaz, florissantes partout ailleurs dans le monde, sont rendues déficitaires par la politique des quotas et la subsidiation pharaonique de l’industrie verte intermittente (dont le coût de production est parfois jusqu’à six à sept fois plus élevé que d’autres filières).
Contraintes de fonctionner à un régime inférieur à leur seuil de rentabilité, elles ferment leurs portes un peu partout en Europe. Ainsi, la semaine passée, Electrabel, pour la première fois de son histoire, annonçait une perte de près d’un milliard €.
On est désormais – et c'est absurde – contraints de subsidier cette filière, en soi rentable mais rendue déficitaire par les aides octroyés aux filières concurrentes.
Ce fiasco signe avant tout l’échec du paradigme idéologique dominant en Europe : le développement durable; qui ne doit pas être confondu avec la volonté de préserver l’environnement et le bien-être des générations futures.
Le développement durable est celui qui, idéalement, se situe à l’intersection de trois ensembles : le social, l’environnemental et l’économique.
On est loin du compte
Le résultat est d’abord dramatique d’un point de vue social
Hausse du coût de l’électricité pour les particuliers, creusement des inégalités en raison de ce renchérissement (étude IRES, mars 2013, UCL), crises alimentaires au tiers monde suite à l’exploitation de biocarburants par exemple.
Il est ensuite environnemental
Réouverture des centrales à charbon, les plus polluantes qui soient, hausse des émissions de CO2 suite à la sortie du nucléaire, destruction des milieux naturels pour la mise en culture des biocarburants.
Enfin, il est économique
L’industrie verte intermittente, célébrée hier comme la panacée à la crise économique mondiale, s’écroule de toute part en raison d’un subventionnement massif à l’origine d’une bulle verte qui éclate aujourd’hui.
Une étude de l’université Ruan Carlos à Madrid démontre que 2,2 emplois sont détruits pour chaque « emploi vert » créé et cette étude est confirmée par des études similaires en Angleterre, Allemagne, France, Suisse, Danemark, etc.
On assiste à une chute alarmante de la compétitivité des entreprises européennes en raison des taxes énergétiques et du renchérissement du prix de l’énergie.
Fiasco social, environnemental et économique, la politique énergétique durable, telle que pratiquée n’est pas «durable».
Les ressources des ménages ne sont pas limitées
Les ressources naturelles seraient limitées mais les mesures ruineuses qu’ils infligent aux consommateurs d’énergie laissent à penser que les ressources budgétaires des ménages sont illimitées.
Aujourd’hui, en raison de la hausse hallucinante du coût de l’énergie imputable à cette politique démentielle, nombre d’entreprises européennes énergivores (en particulier le secteur chimique se délocalisent en Amérique où le coût de l’énergie a été divisé par trois suite à la révolution du gaz de schiste dont les pays de l’UE refusent d’entendre parler. Le CEO de Solvay a déjà tiré la sonnette d’alarme à deux ou trois reprises. 22 usines chimiques ont fermé depuis 2009 en Angleterre sans qu’aucune nouvelle ne soit créée. Le géant allemand BASF désinvestit en Europe pour la première fois de son histoire.
N’est-il pas urgent que l’Europe change de paradigme énergétique ?
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Fiasco Énergétique : le gaspillage écologique des ressources, éditions Texquis.