Publié le 13 mai 2014 dans Sciences et technologies, par le Dr Sebastian Lüning et le professeur Fritz Vahrenholt
L’activité solaire des prochaines décennies va-t-elle conduire à un refroidissement ?
Un aperçu des dernières publications scientifiques.
Rarement le soleil n’a été aussi fort qu’au cours des cinq dernières décennies. Est-ce juste une coïncidence que le plus grand réchauffement des 500 dernières années se soit produit pendant cette phase ?
La tendance a changé il y a quelques années, quand le soleil a achevé sa phase hyperactive
Peu de gens l’avaient prévu, et ce fut une surprise pour beaucoup. Le physicien solaire Leif Svalgaard de l’Université de Stanford en Californie s’est exprimé comme suit à l’American Geophysical Union en décembre dernier : « Aucun d’entre nous encore vivant n’a jamais vu un cycle si faible. Donc, nous allons apprendre quelque chose. »
Ainsi la science commence à réfléchir et à examiner où tout cela pourrait nous conduire. Les derniers travaux sur le sujet sont de Qian et al. 2014 (« Changements séculaires de la thermosphère et de l’ionosphère entre deux périodes de soleil tranquille »), de Zhao et al. 2014 (« Modulation des rayons cosmiques galactiques pendant le minimum solaire inhabituel entre les cycles 23 et 24″) et de McCracken & Beer 2014 (« Comparaison du minimum solaire prolongé de 2006 à 2009 avec le Grand-Minima de l’activité solaire dans le passé par Dalton, Spoerer et Maunder »).
Après un certain nombre d’études, la situation s’est éclaircie. Ce n’est qu’un début !
Il est prévu que le soleil continue à se calmer au cours des prochaines décennies. Cette conception est devenue le consensus parmi les physiciens solaires
Les dernières études sur le sujet proviennent de Roth & Joos 2013, qui supposent qu’une baisse à des niveaux normaux de l’activité solaire aura lieu au cours du 21e siècle. Salvador 2013 va plus loin et prévoit un minimum solaire pour les 30-100 prochaines années. En voici le résumé :
En utilisant de nombreuses caractéristiques de la théorie du Couple des Marées d’Ian Wilson, un modèle mathématique du cycle des taches solaires a été créé. Il reproduit l’évolution des durées de cycle des taches solaires et a une corrélation de 85% avec le nombre de taches solaires de 1749 à 2013. Le modèle permet une représentation raisonnable du cycle des taches solaires sur les 1000 ans passés, en plaçant tous les minimums solaires à leurs périodes exactes. Plus important encore, je crois que le modèle peut être utilisé quantitativement pour prévoir les cycles solaires futurs pour les 30 ans à venir et pour les tendances sur 100 ans. Ces prévisions sont réalisées pour un soleil minimum et calme pour les 30 à 100 prochaines années. Le modèle est un système chaotique à évolution lente avec des phases qui ne sont jamais répétées exactement de la même façon. Les causes des cycles de taches solaires peuvent être trouvées en regardant les phases du modèle et en les reliant à des aspects de la théorie des Couples des Marées et, éventuellement aux interactions des champs magnétiques de Jupiter.
Dans le Journal of Geophysical Research une étude par Goelzer et al. parue en décembre 2013 prévoit aussi une baisse de l’activité solaire.
Quelles pourraient en être les conséquences climatiques ? Dans notre livre Die Kalte Sonne (« Le soleil froid »), nous pensons que les températures pourraient être deux dixièmes de degré plus basses en 2030, ce qui signifierait que le réchauffement serait reporté loin dans l’avenir. Les scientifiques russes prévoient une situation encore plus dramatique, comme décrit dans le premier quotidien national allemand Bild du 4 avril 2013 :
ET MAINTENANT CECI ! Les scientifiques russes voient l’âge de glace approcher très bientôt.
Il va faire plus froid au début de 2014 + + + Une migration humaine ne peut pas être exclue.
Juste un mois plus tôt le Stime Russlands clamait :
La planète est au seuil de l’âge de glace.
Des scientifiques russes prédisent qu’un petit âge glaciaire débutera en 2014. Ils réfutent les allégations de réchauffement de la planète et les décrivent comme un artifice de marketing. Le réchauffement climatique est bien une réalité. La terre s’est continuellement réchauffée depuis la seconde moitié du 18e siècle, au début de la révolution industrielle. C’est pourquoi on a relié le processus à un impact anthropique. L’humanité a accru ses émissions de CO2, ce qui a provoqué un effet de serre. Mais le scientifique russe Vladimir Baschkin apporte un désaccord catégorique. Il affirme que les changements climatiques ont un caractère cyclique et ne sont pas du tout liés, en aucune façon, aux activités humaines. Avec son collègue, Rauf Galiullin, de l’Institut pour les Problèmes Fondamentaux de la Biologie de l’Académie des Sciences de Russie, il souligne que le réchauffement actuel n’est que l’après du Petit Age Glaciaire et que, mesurée sur une échelle géologique, l’apparition d’un nouvel âge de glace se rapproche.
D’autres scientifiques partagent aussi ce point de vue, parmi eux le professeur Cliff Ollier de l’École d’Études de la Terre et de l’Environnement à l’Université de Western Australia
Le Professeur Cliff Ollier a récemment présenté une étude à Poznan, en Pologne, dans laquelle il décrit le soleil comme le principal responsable du climat, mais pas par effet de serre. « Il s’agit d’une très bonne corrélation entre les taches solaires et le climat. Les cycles solaires fournissent une base pour cette prévision. Le cycle solaire 24 a commencé et on peut s’attendre à un fort refroidissement. »
H.S. Ahluwalia du Département de physique et d’astronomie de l’Université du Nouveau-Mexique voit ce refroidissement de façon similaire, comme il le décrit dans un article de la revue Advances in Space Research de février 2014. Ahluwalia s’attend à un minimum de températures de type Dalton et nous rappelle que le dernier minimum de ce genre, vers 1810, a donné lieu à une période froide.
—
Sur le web. Traduction : Jean-Pierre C. pour Contrepoints à partir d’une version anglaise.
[*] Le géologue Sebastian Lüning sera l’un des orateurs de la prochaine 9ème Conférence Internationale du Changement climatique à Las Vegas les 7 au 9 juillet.