Lors de son allocution officielle du 14 Janvier 2014 François Hollande a déclaré : « Le temps est venu de régler le principal problème de la France : sa production. Oui, je dis bien sa production. Il nous faut produire plus, il nous faut produire mieux. C’est donc sur l’offre qu’il faut agir. Sur l’offre ! Ce n’est pas contradictoire avec la demande. L’offre crée même la demande. »
Politique de l'offre ou "keynésienne"
La stimulation de la Demande (la consommation) permet d'accroître les richesses produites et le bien-être collectif. En d'autres termes pour faire simple, la politique de la Demande distribue des richesses en s'endettant en espérant que la consommation générée permettra d'enclencher un cercle vertueux de création de richesses.
(NDLR_ Autrefois cette politique était valable car augmenter le pouvoir d'achat provoquait "plus d'achats" et comme presque tout était produit en France, cela donnait du travail à d'autres français. Aujourd'hui elle donne surtout du travail à d'autres pays)
Politique de l'offre ou "libérale"
Inversement, la politique de l'Offre est d'inspiration libérale et vise à stimuler au préalable la production. Elle préconise qu'il est nécessaire de produire des richesses dans un premier temps avant d'envisager de distribuer, sous-entendant ainsi que les entreprises sont à la source des créations de richesses.
La théorie de l'économie de l'Offre conteste le bien-fondé des politiques keynésiennes traditionnelles de relance par le déficit budgétaire.
Elle remet en cause l'Etat Providence dont l'inconvénient est de "casser" (ou de freiner) les ressorts de la prospérité économique. Ainsi, l'économie de l'offre consiste en substance à stimuler la croissance économique en libérant l'Offre (la production).
Les quatre propositions de l'économie de l'Offre
1) La demande n'est pas le moteur de l'offre.
C'est la demande (la consommation) qui doit être considérée comme une conséquence de l'offre, et non son moteur : en libérant l'offre, la demande sera stimulée, et non l'inverse. En outre, il est possible d'agir davantage sur le facteur "offre" que ce qui est généralement considéré car les effets positifs induits d'une libération de l'offre sont supérieurs à ceux liés à un accroissement de la demande via une hausse des dépenses publiques.
2) Les mécanismes fiscaux jouent sur la prospérité économique d'un pays.
Les impôts doivent permettent la fourniture de biens et de services qui sont essentiels au fonctionnement de l'économie globale et favorables à la croissance (construction et entretiens d'infrastructures routières, éducation de la population, maintien de l'ordre, financement de la justice qui protège la propriété privée....).
Dès qu'un seuil est franchi, l'influence de la fiscalité sur l'offre de facteurs de production devient négative, c'est-à-dire que les pressions financières et fiscales découragent l'initiative privée.
3) Trop d'impôt tue l'impôt
Quand la pression fiscale est excessive les activités autrefois rentables disparaissent car la fiscalité et la réglementation excessives ne permettent plus la survie économique de ces activités.
L'auteur le plus connu ayant souligné cette idée est l'économiste Arthur LAFFER "La courbe de Laffer" qui prend la forme d'une cloche inversée dans un graphique à deux axes avec en abscisse (ligne horizontale) le taux d'imposition, et en ordonnée (ligne verticale) les recettes fiscales.
Un taux d'imposition de 100% se traduit par des recettes fiscales égales à zéro ; idem pour un taux d'imposition de 0% qui se traduit nécessairement lui aussi par des recettes fiscales nulles.
Il existe donc entre ces deux niveaux extrêmes un niveau optimal qui permet d'optimiser les recettes fiscales sans freiner la croissance économique. Au final, la première chose à déterminer est ce taux d'imposition optimal et savoir s'il est atteint ou non.
4) L'imposition modifie les comportements individuels
• ARBITRAGE TRAVAIL / LOISIR :
Chaque individu a le choix. "Loisir" signifie toute activité autre que celle liée au "travail" avec une activité rémunérée.
Choisir le loisir c'est renoncer aux revenus liés aux (1) heures supplémentaires et (2) à une augmentation future de salaire. Le sacrifice supporté dépend du "taux marginal d'imposition". Quand le taux d'imposition augmente, cela diminue le revenu disponible tiré du travail et rend donc le loisir plus intéressant .
• ARBITRAGE CONSOMMATON / EPARGNE :
Chaque individu a le choix de consommer aujourd'hui ou d'épargner pour consommer demain.
L'arbitrage dépend des revenus tirés de l'épargne, et ces revenus dépendent du taux d'imposition. En d'autres termes, plus l'impôt sur le revenu de l'épargne sera élevé, plus le sacrifice en revenu futur d'une consommation immédiate sera considérable ; et donc plus le flux de revenu futur tiré de l'épargne sera faible.
Le ménage est incité à consommer plutôt qu'à épargner quand le taux d'imposition est trop élevé.
Mécaniquement, cela accroît alors la préférence pour le présent, se traduisant par une augmentation du taux d'intérêt. Lien entre fiscalité, travail et consommation dans l'économie de l'offre Concernant la fiscalité et le travail, la pression fiscale exerce des effets pervers en matière de comportement de travail.
Plus la fiscalité est progressive, plus l'individu est incité à consommer immédiatement ou non pas à épargner.
Au final, l'effet de la fiscalité excessive est désincitatif pour le travail et pour l'épargne, et in fine diminue le potentiel de croissance d'une économie, et donc sa capacité à générer de l'emploi marchand et des revenus pour la population.
Citation
Sylvain Fontan, « Comprendre la politique économique dite de "l'offre" », analyse publiée sur «leconomiste.eu»