/image%2F0550998%2F201311%2Fob_6dd94ec6e680a6b25f4d87db8d834951_images.jpeg)
Dans les livres c'est pas pareil
« Véronique Drai Zerbib [docteur en psychologie cognitive] a montré que l’apprentissage dans les livres n’est pas du tout le même que l’apprentissage sur les écrans.
Dans les livres, on garde notre orientation dans le temps et dans l’espace. Alors qu’avec les écrans, on ne voit que l’écran.
Ce qui fait que les enfants vont devenir confus dans le traitement de ces informations, parce qu’ils n’auront plus ni l’espace ni le temps. »
Overdose d'information avec Google (NDLR: et avec le blog 2 savoie)
La chercheuse américaine Besty Sparrow et ses collègues se sont demandés comment le moteur de recherche Google, qui donne accès à ces tonnes d’informations, pouvait transformer notre mémoire.
Le magazine Science a publié leurs conclusions : lorsque les gens pensent qu’ils pourront retrouver l’information facilement dans le futur, ils retiennent moins celle-ci et se souviennent plutôt de la manière d’y revenir.
Autrement dit, avec Internet, nous retenons moins les informations, et nous les comprenons moins bien.
Trop de mots tuent les mots
Nous consommons aujourd’hui 34 gigaoctets ou 100 500 mots en dehors de notre travail chaque jour.
Or, tous ces mots finissent par se desservir les uns les autres. Nous n’en lisons que 28% sur une page Internet. Notre cerveau pense visuellement aussi.
Voire mieux. Le cerveau n’a besoin que de 150 millisecondes pour assimiler un symbole et lui associer une signification.
Comment l'homme "comprend?"
Les études sont éloquentes :
- les patients comprennent à 90% la notice d’un médicament si elle comprend texte et image, alors qu’ils n’en comprennent que 70% avec du texte seul ;
- lors d’une conférence organisée pour une étude, seule la moitié de l’assemblée a été convaincue par les arguments développés durant la présentation exclusivement orale, quand 67% ont été conquis par la thèse développée lors de la présentation orale accompagnée de visuels (il n’est cependant pas précisé combien de visuels ont été utilisés…) ;
Bref, les images – qui accompagnent des textes – sont plus convaincantes et plus faciles à comprendre.
Notre cerveau est-il en train de s’adapter ? (NDLR:Le nôtre non, mais celui des plus jeunes oui)
Pourrait-on même se passer de texte, puisque notre cerveau comprend le sens d’une scène visuelle en moins d’un dixième de seconde ?
Surtout, notre cerveau a-t-il toujours été aussi visuel ou s’est-il adapté, en réaction à la profusion de mots écrits ?
Dans la passé notre cerveau s'est adapté
Boris Cyrulnik ne peut répondre, mais rappelle que notre cerveau s’est déjà bien adapté : « Il y a deux millions et demi d’années, on vivait dans un monde sans écriture, dans un monde essentiellement sonore, traité par la zone temporale gauche.
Quand les mots écrits sont apparus dans l’empire de Sumer, une autre aire cérébrale est apparue, un peu en arrière de la zone du langage. »
Le monde sensoriel qui nous entoure, l’espace culturel sculpte notre cerveau.
« Ça peut être la parole, l’écrit, la musique », poursuit Cyrulnik. Ça peut être aussi l’image. Tout dépend de l’environnement dans lequel nous grandissons. »
Aujourd'hui aussi
Et le psychiatre de citer en exemple le cas des adolescents qui travaillent en écoutant de la musique : « S’ils ont été sculptés par l’apprentissage précoce de la musique, ça augmente leur mémoire.
En revanche, s’ils travaillent en écoutant de la musique, alors qu’ils n’ont pas été sculptés par l’apprentissage précoce de la musique, ça diminue la mémoire. »
Elsa Fayner, http://www.rue89.com, 01/08/2013
Georges Vignaux