En France, 15 millions de bénévoles donnent de leur temps pour, au moins, une association. En moyenne, selon une étude du Ministère de la jeunesse datant de 2006, ils y consacrent 35 jours par an. Cette puissance de travail représente près de deux millions d'emplois non rémunérés par an. En parallèle, 1,7 millions de français sont eux salariés d'associations représentant 1,4 millions d'équivalent temps plein. La somme des deux représente ainsi près de 3,5 millions d'emplois... L'association, la première entreprise de France, pourrait-on dire.
Ce "mélange" bénévole/salarié permet à la quasi-totalité des associations d'exister, parce que plus d'un million d'associations en France n'ont aucun salarié et que seules 6000 associations ont plus de 50 salariés. Mais même celles qui emploient beaucoup de salariés ne pourraient économiquement tenir sans l'apport et l'appui des bénévoles -Les restos du coeur, le Puy du Fou, etc.
Bénévolat rime de plus en plus avec professionnalisme et non amateurisme. Trois grands temps marquent la professionnalisation d'une association. D'une part, l'embauche du premier salarié qui créé une responsabilité pour les bénévoles et la nécessité d'un minimum de procédures. Ensuite l'informatisation de l'association (phénomène accru avec Internet depuis 10 ans) puisque derrière se cachent des questions de prestataires, contrats, flux financiers, etc. Enfin, le moment, pour les plus grandes associations, où le temps de travail des salariés dépasse celui des bénévoles en "équivalent temps plein". Typiquement le fait de passer certains seuils (11 salariés, 50, etc.) renforce l'obligation d'être professionnels pour les bénévoles.
Le professionnalisme ne veut pas dire que l'association devient une entreprise. Une association garde ses spécificités -en termes de gouvernance un membre = une voix et non une action = une voix; le projet associatif est au coeur de la démarche, l'association peut faire des bénéfices mais n'a pas le droit de le redistribuer, etc.- tout en reprenant, plus elle devient grande, les processus clés des entreprises en termes de gestion, de comptabilité, de politique RH, de marketing, de communication, etc. D'ailleurs, il est fréquent que les bénévoles dans les associations importantes apportent leur savoir-faire professionnel.
Ce professionnalisme constitue ce que les économistes appellent une externalité positive : un apport de compétence, de temps, de puissance de travail gratuit. Il est le fondement même du secteur de l'économie sociale et solidaire. Il ne faut cependant pas tomber dans l'effet pervers visant à développer des "professionnels du bénévolat". Le bénévole est là parce qu'il partage et souscrit au projet associatif, au sens de celui-ci et il apporte ses capacités. Si l'association a des moyens elle recrute des salariés professionnels. Le bénévole lui doit rester dans la sphère du bénévolat. Oui la professionnalisation des bénévoles mais non au professionnel du bénévolat. Cette dichotomie est clé car elle est la source de confusion et est au coeur des difficultés du management associatif.